Sommeil : femme ou homme, lequel devrait se coucher en premier ?Istock
Sommaire

Les hommes et les femmes ne sont pas égaux face au sommeil. On sait par exemple que les femmes préfèrent en général souvent se coucher et se lever plus tôt que les hommes. Ou encore que l’insomnie touche 50 % plus la gent féminine que masculine, selon l’institut de recherche médicale (Inserm).

"Les femmes sont (…) plus susceptibles que les hommes d'être diagnostiquées comme souffrant d'insomnie, bien que les raisons n'en soient pas tout à fait claires", corrobore le Dr Sarah Chellappa, chercheure de l'université de Southampton en Angleterre.

Pour dissiper un peu ces zones d’ombre, la scientifique, aidée par une équipe de chercheurs de l'université de Southampton au Royaume-Uni, de l'université de Stanford et de l'université de Harvard aux États-Unis, s’est penchée sur ces différences sexuées en matière de sommeil en décortiquant la somme des publications réalisées sur le sujet.

Les chercheurs ont mis au jour des variations de l’horloge biologique et une influence du métabolisme selon qu’on est un homme ou une femme. Ces découvertes pourraient aider à mieux adapter les stratégies de traitement proposées pour les troubles du sommeil, mais aussi pour les problèmes de santé mentale afférents.

Car un déficit de sommeil peut peser lourdement sur le quotidien en exposant à un cercle vicieux d’anxiété et de dépression. "Un sommeil de moindre qualité est associé aux troubles anxieux et dépressifs, qui sont deux fois plus fréquents chez les femmes que chez les hommes", observe le Dr Chellappa.

Les femmes plus sujettes au syndrome de jambes sans repos et au grignotage nocturne

Le fruit de ces investigations, parus dans Sleep medicine Reviews, donne à voir des différences genrées insoupçonnées face au sommeil.

D’abord, les femmes jugent leur qualité de sommeil inférieure à celle des hommes, et se plaignent de fluctuations plus importantes de la qualité de leur sommeil en lien avec leur cycle menstruel.

Autre constat moins évident : les femmes sont aussi 25 à 50 % plus à risque de développer le syndrome des jambes sans repos par rapport à leurs homologues masculins. Elles sont également quatre fois plus enclines à manger de façon répétée pendant la nuit.

Quant aux hommes, ils tendent à être trois fois plus concernés par l’apnée obstructive du sommeil.

Pourquoi les femmes ont envie de se coucher plus tôt que les hommes

Autre découverte intéressante, l’étude montre que ces différences sexuées s’observent jusque dans les rythmes circadiens, cette horloge interne qui régit nos cycles-sommeil parmi d’autres fonctions.

Ce mécanisme chargé de mettre les pendules de notre organisme à l’heure expliquerait en partie pourquoi les femmes ont l’habitude de se coucher et de se lever plus tôt que les hommes : la mélatonine, une hormone qui est sécrétée par le corps quand il se prépare à dormir, est sécrétée plus tôt chez les femmes que chez les hommes.

Chez les femmes, l’horloge biologique serait avancée de 6 minutes par rapport aux hommes. "Bien que cette différence soit minime, elle est significative. Le décalage entre l'horloge biologique centrale et le cycle veille-sommeil est environ cinq fois plus important chez les femmes que chez les hommes, analyse le Dr Renske Lok, de l'université de Stanford, qui a dirigé l’étude. Imaginez que la montre d'une personne avance ou recule régulièrement de six minutes. Au fil des jours, des semaines et des mois, cette différence peut entraîner un décalage notable entre l'horloge interne et les signaux externes, tels que la lumière et l'obscurité".

Etre couche-tard, une habitude à risque de jet lag social

Les chercheurs rappellent qu’une perturbation des rythmes circadiens peut occasionner des troubles du sommeil, des troubles de l'humeur et une altération des fonctions cognitives. "Même des différences mineures dans les périodes circadiennes peuvent avoir des implications significatives sur la santé et le bien-être en général", note encore le chercheur.

Autre aspect mis en lumière par les chercheurs : les hommes ont tendance à être des chronotypes plus tardifs, préférant se coucher et se réveiller plus tard que les femmes. Le revers, mettent-ils en garde, c’est que cette habitude pourrait favoriser le jet lag social, cette inadéquation entre le rythme circadien et les exigences sociales liées aux contraintes professionnelles notamment.

Sources

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1087079224000303?via%3Dihub

https://www.southampton.ac.uk/news/2024/04/sex-diff-in-sleep-circadian-rhythms-and-metabolism.page

https://presse.inserm.fr/hommes-et-femmes-a-chacun-son-horloge

Notre Newsletter

Recevez encore plus d'infos santé en vous abonnant à la quotidienne de Medisite.

Votre adresse mail est collectée par Medisite.fr pour vous permettre de recevoir nos actualités. En savoir plus.