Êtes-vous hypersensible ? Les questions à se poser selon une experteIstock
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Contrairement aux idées reçues, l’hypersensibilité n’est pas une pathologie. Elle n’est donc pas diagnosticable chez un individu. Il ne s’agit pas non plus d’un trouble de la personnalité. « C’est une façon d’être au monde, c’est un rapport aux émotions », déclare Johanna Rozenblum. On ne peut donc pas parler de symptômes propres à l’hypersensibilité. Toutefois, celle-ci peut être révélée par plusieurs signes marquants au quotidien, au niveau émotionnel :

  • un ressenti fort des émotions (colère, tristesse, surprise, peur, dégoût et joie) qui nous concernent personnellement, mais aussi, par empathie, celles des autres ;
  • une capacité à être très attentif à une situation, un comportement, une mimique ; c’est absorber tous les stimulus de son environnement, ce qui peut générer une situation émotionnelle forte.

Certains hypersensibles peuvent également, en plus de l’aspect émotionnel, avoir une perception de leurs sens (odorat, goût, toucher, vue, ouïe) aigüe. Le sensoriel s’ajoute donc ici à l’émotionnel.

Hommes et femmes peuvent être concernés par l’hypersensibilité, y compris les enfants. En France, on estime que 20 % de la population seraient concernés par cette « singularité », comme la définit l'experte, bien qu’aucun donnée valide scientifiquement n’ait été révélée à ce sujet.

Comment l’hypersensibilité se manifeste-t-elle au quotidien ?

Avant de réussir à maîtriser leur hypersensibilité, les personnes concernées sont fatiguées par la déferlante d’émotions à laquelle elles font face au quotidien. « Une réunion agitée suivie d’un pot de départ, puis d’un repas de famille, c’est beaucoup d’émotions. C’est beaucoup de bruit, beaucoup d’affect absorbé et ressenti. Les personnes hypersensibles sont fatiguées de cet afflux émotionnel car elles ne parviennent pas à trier leurs émotions qui sont exacerbées », déclare Johanna Rozenblum. « Les hyperémotifs sont empêtrés dans toutes ces émotions, ils pleurent de joie, de tristesse, ressentent beaucoup de bonheur puis beaucoup d’injustice. Tout cela réunit crée beaucoup de fatigue émotionnelle. »

Le regard de la société n’est pas toujours bienveillant à l’égard des hypersensibles

L’hyperémotivité peut être un atout d’après la psychologue, mais pour les personnes qui ne parviennent pas à vivre avec, cela peut être difficile au quotidien. En effet, les hypersensibles peuvent avoir à affaire à des remarques blessantes du type : « T’es trop sensible », « t’es trop à fleur de peau », « c’est bizarre de pleurer autant » … « Le regard que la société porte à l’égard des personnes hypersensibles fait que l’on peut le vivre malalors qu’on pourrait en faire quelque chose, la valoriser. Et en la valorisant, en se penchant sur le sujet, on peut apprendre à la réguler. Mais si depuis tout petit on nous dit : « oh ça va, tu ne vas pas encore pleurer, tu es à fleur de peau », cela devient un problème et un aspect de sa personnalité qu’on n’aime pas, » analyse la psychologue.

L’hypersensibilité se construit durant l’enfance

L’experte nous explique que l’hypersensibilité se créé pendant l’enfance, elle peut donc être constatée très tôt. « Bien souvent, en consultation, lorsque je constate une hypersensibilité chez un enfant, l’un des deux parents l’est aussi », déclare l’experte.

La génétique peut être impliquée dans le cas d’hypersensibilité, au même titre que l’éducation. « Dans le cas, par exemple, dans lequel l’un des deux parents est très proche de ses émotions, il est possible que l’enfant développe une hypersensibilité », déclare l’experte. Enfin, les épreuves de la vie, l’environnement dans lequel on a grandi peuvent amener un individu à développer cette « faculté » qu’est l’hypersensibilité.

L’hypersensibilité n’est pas un fardeau, et quand elle l’est, il est possible de travailler dessus

L’hypersensibilité n’est pas nécessairement un sujet de souffrance qui nécessite des consultations en psychologie. La professionnelle se veut rassurante à l’égard des personnes hypersensibles, certaines peuvent très bien l’assumer et en faire une force notamment dans le milieu professionnel. « Pour certains, cela peut être un outil de travail. Je pense notamment aux artistes. »

Et si on se reconnaît dans les différents témoignages que l’on peut entendre au sujet de l’hypersensibilité, des différentes lectures que l’on peut faire, et que s’y ajoute un côté invalidant et handicapant dans le quotidien, il est possible de travailler avec un psychologue. Car pour certains individus, l’hyperémotivité peut être un fardeau dans la vie quotidienne, que ce soit dans le cadre personnel ou professionnel. « Il faut, dans un premier temps, avoir recours à de la psychoéducation, faire de la pédagogie autour de l’hyperémotivité. On va mettre des mots sur quelque chose qui est normal, et on va peut-être parvenir à trouver des stratégies afin de pouvoir vivre au mieux avec cette singularité. Et dans le meilleur des cas, il est possible de transformer le plomb en or : faire de son hypersensibilité un atout. »

4 questions à se poser pour savoir si l’on est hyperémotif

Pour l’experte, il existe 4 questions à se poser afin de savoir si l’on est hyperémotif :

  • « Est-ce que je réagis plus que les autres aux réactions émotionnelles ? » Par exemple, devant un film triste, une personne hyperémotive va davantage pleurer, elle ressentira plus de bonheur que les autres à l’idée d’aller marcher en forêt, elle ressentira de l’injustice lorsque l’un de ses collègues lui dira qu’il n’est pas augmenté… Le ressenti émotionnel est décuplé.
  • « Mon ressenti émotionnel me submerge-t-il ? » On peut être triste sans pour autant s’effondrer, ce qui n’est pas possible pour une personne qui ne maîtrise pas son hyperémotivité.
  • « Ces difficultés que je rencontre avec mes émotions, me dérangent-elles au quotidien ? » Les personnes hyperémotives peuvent s’empêcher de sortir, d’aller au cinéma, de prendre la parole en public, d’accéder à un poste, par peur d’être submergées par leurs émotions.
  • « Est-ce que je ressens une fatigue émotionnelle à la fin de la journée car je suis complètement perméable à cet afflux de sensations ? » Ceci peut causer une fatigue bien plus élevée par rapport à celle des autres. On peut avoir besoin d’être dans le noir, s’isoler, dormir et tout couper parce que la régulation ne s’est pas faite dans la journée.

Il convient de noter que plusieurs degrés d’hyperémotivité existent. Dans certaines sphères, certaines personnes vont très bien réussir à la réguler. En cas de besoin, consulter un psychologue peut s’avérer efficace pour parvenir à comprendre son hypersensibilité.

Merci à Johanna Rozenblum dont le livre Déconditionnez-vous ! est paru le 28 septembre 2023 aux éditions Le Courrier du Livre.

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