La faculté de percevoir des sensations et des sentiments est plus ou moins grande selon les personnes. Elaine Arone, psychologue américaine, parle de 30 % de la population concernée par la sensibilité élevée. Beaucoup d’informations circulent sur ce degré de sensibilité, car il faut le rappeler, ce n’est pas une maladie. Le Dr en psychologie Saverio Tomasella revient sur les principes de ce tempérament un mois avant la sortie de son nouvel ouvrage, " l'hypersensibilité pour les nuls " aux éditions First, prévu le 22 août 2024.
" Mon livre vulgarise un concept ", indique l’auteur. Pour lui, le terme " hypersensible " n'est pas juste. " Hyper signifie trop. Cela voudrait dire que cette sensibilité serait excessive, et ce n’est pas le cas. Le plus correct serait d’employer le mot " haute sensibilité " ou alors une " personne hautement sensible ", explique le Dr Saverio Tomasella. " Malheureusement le terme hypersensible s’est imposé dans le secteur de l’édition et des médias ", regrette-t-il.
En Francophonie, ce spécialiste a lancé la journée mondiale de la sensibilité, qui a lieu tous les ans le 13 janvier. Ce sentiment décuplé n'est d’ailleurs pas une maladie. " C'est un tempérament concernant une sensibilité plus élevée qu'une personne moyennement sensible " insiste le psychanalyste.
" Après 50 ans, la haute sensibilité se renforce. “On sature plus vite, on fatigue plus vite. Les bruits deviennent moins supportables "
Dans son nouvel ouvrage, Saverio Tomasella rappelle les fondamentaux de ce tempérament. Pour lui la haute sensibilité se caractérise par quatre principes : le traitement sensoriel approfondi des informations, l’hyperstimulation, l’émotivité et le sens des nuances et des subtilités. " Ces quatre nuances sont communes, néanmoins, chaque personne vit sa sensibilité à sa manière ", explique le psychanalyste.
Chaque principe à son importance pour comprendre les personnes concernées. Le traitement sensoriel approfondi des informations se caractérise par un sens du détail, les personnes sont méticuleuses, elles doutent facilement, et sont très observatrices. L’hyperstimulation empêche le cerveau de faire une sélection de l’information, ce qui débouche sur une saturation. Le cerveau finit par s'épuiser. Les émotions plus fortes, plus variées, plus nuancées avec une perméabilité aux sentiments des autres. " Les personnes hautement sensibles accordent autant d’importance aux mimiques qu'aux paroles ce qui peut entraîner une forme d’anxiété quand le langage non-verbal diffère du verbal ", nuance le Dr Tomasella.
Le professeur en pédiatrie et en psychiatrie infantile, W.Thomas Boyce, a mis au point le concept " d’enfant orchidée " pour désigner un enfant hautement sensible. Les enfants pissenlits pourraient s’épanouir peu importe l’endroit où ils grandissent, comme la fleur les représentant. Tandis que les enfants orchidées, auraient besoin de soins spécifiques pour évoluer de la meilleure façon possible.
Le psychanalyste souligne néanmoins qu’il est possible de bien vivre avec ce tempérament à partir du moment où il est accepté. " Il est important de s’accorder des moments de calme. Même dans les grandes villes. Les personnes hautement sensibles sont émerveillées par la beauté, à la nature, à l’art ".
Son nouvel ouvrage arrive pour permettre à toutes les personnes se posant des questions sur la haute sensibilité d’y trouver une réponse. Voici un diaporama de quelques idées reçues et les réponses du psychanalyste.
L’hypersensibilité est-elle innée et héréditaire ?
Nous n’avons pas encore de résultat sûr, mais selon les premières études, 40% des personnes hautement sensibles le seraient de façon génétique. Cela viendrait d’un gène de l’utilisation de la sérotonine. Une branche de celui-ci serait plus petite. Ce qui expliquerait qu'ils utiliseraient moins bien cette hormone du bien-être.
Comment éviter l’épuisement et faire de l’hypersensibilité une force ?
Les personnes hautement sensibles ont besoin de repos. Elles doivent adapter leur vie, leur alimentation. Il faut éviter les excitants comme le café, le thé, le chocolat, l’alcool, la cigarette, le sucre blanc. Chez ce type de personne, les excitants vont rajouter une stimulation qui va entraîner un épuisement. Le sommeil est d'ailleurs très important. Quand une personne moyennement sensible à besoin de huit heures de sommeil, la seconde en a besoin d’une de plus. Les troubles du sommeil peuvent être fréquents. Ils sont liés aux informations qui arrivent dans le cerveau. Quand la personne se repose la nuit, son cerveau va utiliser ce temps pour rattraper son retard et continuer de trier les informations de la journée.
Existe-t-il un lien entre hypersensibilité et addictions ?
Ce n’est pas prouvé. En revanche, l'addiction est peut-être plus difficile à vivre avec une personne hautement sensible, elle sera plus douloureuse.
L’hypersensibilité peut-elle entraîner des douleurs physiques ?
Non, mais il a été constaté que la douleur est ressentie 40 % plus forte que pour une personne moyennement sensible. Les personnes hautement sensibles sont très courageuses.
L’hypersensibilité a-t-elle un lien avec la dépression ou un état dépressif ?
Il n’y a pas de lien direct. Néanmoins, si l'environnement qui entoure la personne n’est pas sain, il y a plus de risque pour elle de s’enfoncer dans la déprime.
Quelle est la différence entre hypersensibilité et haut potentiel émotionnel ?
L’hypersensibilité découle d’un fonctionnement cérébral atypique dans les zones droites du cerveau qui gèrent les émotions et les sensations. Le Haut potentiel découle d’une réactivité cérébrale accrue dans les zones gauches et frontales, entraînant une rapidité de traitement des informations dites intellectuelles , permettant un raisonnement plus rapide.
Quels sont les déclencheurs de l’hypersensibilité ?
Les émotions font partie de nos mécanismes d’adaptation, au même titre que la réaction de stress. Ce sont des modifications nerveuses et hormonales mises en place par le cerveau pour orienter les comportements vers nos besoins. Dans le cas de l’hypersensibilité, les émotions sont justes et elles sont toujours un déclencheur, même atypiques, mais leur modulation, leur intensité, peut être surchargée. Il faut accepter ses émotions et ne pas lutter contre.
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