Renaloo, l’association des patients atteints de maladies rénales alerte sur la pénurie de cortisone qui touche la France. Dans un courrier adressé à Christelle Ratignier-Carbonneil, la directrice de l’ANSM, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, l’association fait état des "importantes difficultés rencontrées par beaucoup de personnes greffées pour se procurer leur traitement par cortisone."
Des risques de rejet
La greffe de rein est la plus courante. En 2021, 3 251 personnes ont bénéficié d’une greffe de rein, dont 502 à partir de donneurs vivants. La transplantation rénale, ou greffe de rein est le traitement utilisé en dernier recours pour traiter une insuffisance rénale terminale. Le rein greffé permet d’assurer toutes les fonctions du rein quand le rein de la personne malade n’y parvient plus. Cette pratique améliore considérablement l’espérance mais aussi la qualité de vie des personnes souffrants de maladies rénales graves.
Après une greffe de rein, le patient doit prendre de la prednisone ou prednisolone, un corticoïde qui est prescrit dans ce cas précis comme un anti rejet. Après la greffe, le corps va détecter ce nouveau rein comme un intrus. Le système immunitaire va donc se mettre en branle pour combattre le nouveau rein, et peut possiblement le rejeter. Pour éviter cela, des médicaments qu’on appelle des "antirejets" ou "immunosuppresseurs" sont prescrits aux patients afin d’éviter cette complication.
Parfois, ces corticoïdes doivent être pris à vie, cela dépend de la greffe et de la réaction de la personne greffée. Or depuis quelques mois, des tensions voire des ruptures d’approvisionnement des traitements à base de corticoïdes touchent la France. "Ces difficultés concernent notamment les patients transplantés", souligne l’association Renaloo.
7 patients greffés du rein sur 10 doivent suivre un protocole antirejet à base de corticoïdes. L’association rappelle que "toute modification des doses ou interruption de traitement, y compris de courte durée, fait courir un risque de rejet." Ce risque est une épée de Damoclès pour les personnes transplantées. Le greffon ne fait plus son effet et c’est la vie du patient qui est en jeu. Ces pénuries de corticoïdes inquiètent donc énormément ces malades. "Les difficultés qu’ils rencontrent pour se procurer leur prescription en pharmacie, les obligeant souvent à tenter leur chance dans de multiples officines, parfois en vain, suscitent une anxiété d’autant plus importante qu’ils sont conscients des risques majeurs liés à toute interruption de traitement. Il s’agit d’un fardeau supplémentaire que des personnes aussi gravement malades ne devraient pas avoir à subir ", souligne l’association.
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé a signalé une "tension d’approvisionnement" au sujet de la prednisolone et la prednisone. Une situation qui "tend à s’aggraver" alerte l’association qui demande à "connaître l’état réel de la situation, et notamment des stocks de dépannage, ainsi que les consignes de contingentement mise en place auprès des grossistes répartiteurs et des pharmacies. Ces médicaments font-ils l’obket d’une obligation de stocks ? Au-delà des mesures quantitatives, des recommandations de substitution ou des consignes de priorisation des patients à raison des conséquences que pourrait avoir pour eux une interruption du traitement sont-elles envisagées ?". Toutes ces questions montrent à quel point les malades sont livrés à eux-mêmes face à ces pénuries. Pharmaciens et médecins sont démunies et n’ont pas plus d’informations que les malades eux-mêmes.
"Améliorer la qualité, la transparence et le partage de l’information sur les flux et les stocks de médicaments en situation de grande tension est crucial pour rétablir la fluidité entre tous les acteurs du circuit du médicament et la confiance envers la capacité des autorités sanitaires", assure l’association.