Antibiotiques : augmentent-ils les risques de MICI après 40 ans ?

Trop d’antibiotiques, est-ce mauvais pour les intestins ? C’est une hypothèse plausible d’après les auteurs d’une étude parue le 9 janvier 2023 dans la revue en ligne Gut, une publication du British Medical Journal (BMJ). Celle-ci montre en effet qu’une consommation fréquente de ce type de médicament pourrait augmenter le risque de développer une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI) chez les adultes de plus de 40 ans.

C'est quoi, les MICI ?

La dénomination MICI regroupe la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. “Dans la maladie de Crohn, l’inflammation peut toucher tous les segments du tube digestif, mais se localise le plus souvent au niveau de l’intestin et touche fréquemment l’iléon terminal, avec ou sans atteinte colique”, explique l’Inserm.

La rectocolite hémorragique (RCH), quant à elle, est une inflammation chronique de la paroi interne de l'intestin. Elle touche toujours le rectum s'étend souvent sur une partie ou l’ensemble du côlon.

On estime aujourd’hui à 7 millions le nombre de personnes touchées par une MICI dans le monde, et la prévalence de ces pathologies risque d’augmenter au fil des années. La science a par ailleurs établi que des facteurs environnementaux sont potentiellement impliqués dans le développement des MICI.

MICI : un risque doublé chez les personnes âgées de 40 à 60 ans qui ont connu plus de 5 antibiotiques

Le risque de MICI chez les personnes jeunes est associé à la consommation d’antibiotiques, mais la recherche n'établit pas dans quelle mesure cela s'applique aux personnes plus âgées. Les auteurs de l’étude parue dans Gut ont donc cherché à en savoir plus. Pour ce faire, ils ont analysé les données médicales de 6,1 millions de citoyens danois de 2000 à 2018.

91% d’entre eux se sont vu prescrire au moins un type d’antibiotique sur la période étudiée. 36 017 cas de RCH et 16 881 cas de maladie de Crohn ont été diagnostiqués. Les résultats de l’étude montrent, en comparaison avec les personnes qui n’ont pas consommé d’antibiotiques, que celles en ayant utilisé présentent un risque plus élevé de développer une MICI, quel que soit leur âge.

Le risque le plus important a été observé chez les personnes s’étant vu prescrire 5 types d’antibiotiques ou plus. Ce risque était supérieur de 69% chez les personnes âgées de 10 à 40 ans, il doublait chez les personnes de 40 à 60 ans et il était supérieur de 95 % chez les personnes de plus de 60 ans.Le risque le plus élevé de MICI était associé aux nitroimidazoles et aux fluoroquinolones, antibiotiques habituellement utilisés pour traiter les infections intestinales.

MICI : l'influence du microbiome intestinal

Les chercheurs rappellent toutefois que cette étude établit un lien, mais pas une causalité. Par ailleurs, ils n’ont pas obtenu certaines informations essentielles, comme la raison de la prescription des antibiotiques ou la prise effective de ces médicaments par les personnes concernées. Toutefois, une explication biologique est envisageable : la résilience naturelle et la variété de microbes présents dans le microbiome diminuent avec l’âge, et les antibiotiques sont parfois utilisés pour compenser ce déclin.

“L’association entre l’exposition aux antibiotiques et le développement des MICI souligne l’importance de la gestion des antibiotiques en termes de santé publique et suggère que le microbiome gastro-intestinal est un facteur important de développement des MICI, surtout chez les adultes âgés”, concluent les chercheurs.