Les chercheurs français découvrent que le fer serait une nouvelle voie de traitement pour le psoriasis

On estime que 1.5 à 3 millions de Français sont touchés. Le psoriasis est une maladie de peau le plus souvent bénigne mais qui impacte fortement le quotidien de celles et ceux qui en souffrent et altère la peau, un organe pourtant essentiel pour nous protéger des affections.

Évoluant par poussées, elle se distingue par une production excessive des cellules de l’épiderme, ce qui se traduit par des squames au niveau de la peau, le plus souvent sur les zones de frottement ou les plis. Les poussées s’accompagnent d’une réaction inflammatoire, parfois favorisée par le grattage.

Si on ne sait pas déterminer exactement l’origine du psoriasis, on sait en revanche que des prédispositions génétiques se retrouvent chez les malades (30% des cas sont des formes familiales) et que certains facteurs déclenchent ou aggravent les poussées. L’assurance maladie en liste six :

• Les frottements
• Un stress physique ou psychique (choc émotionnel par exemple)
• Un traumatisme
• Des infections (comme une angine bactérienne, une infection respiratoire…)
• Certains médicaments comme les bêtabloquants, le lithium, l'interféron alpha, les antipaludéens ou certains antihypertenseurs
• Les changements de température et l'exposition au soleil (une exposition modérée et progressive améliore le psoriasis mais une exposition trop rapide et excessive l’aggrave).

Psoriasis : pas de traitement curatif à ce jour

Même si la recherche est active, et que les scientifiques connaissent de mieux en mieux cette maladie plurielle, il n’existe malheureusement pas à ce jour de traitement curatif du psoriasis.

Les traitements locaux, en particulier les corticoïdes, visent à réduire voire faire disparaître les plaques… qui réapparaîtront souvent à la poussée suivante. Les corticoïdes sont parfois associés à la photothérapie, une exposition aux ultraviolets (impérativement encadrée).

Pour les formes les plus sévères (les plaques couvrent plus de 10% de la surface de la peau), un médicament immunosuppresseur ou une biothérapie peuvent être envisagés. Très efficaces, ces médicaments nouvelle génération s’assortissent toutefois d’effets secondaires.

Le fer au centre de la recherche

Pour (enfin) trouver un traitement curatif et pouvant être proposé à l’ensemble des malades, y compris ceux qui souffrent d’un psoriasis peu étendu, les chercheurs doivent comprendre tous des mécanismes de cette pathologie. Depuis quelques années, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) effectue des travaux autour d’un élément a priori déterminant dans le psoriasis : le fer !

“Plusieurs études, dont les résultats sont encore peu connus de la communauté scientifique, ont montré qu’il y avait une accumulation de fer dans la peau des patients souffrant de psoriasis”, détaillent les chercheurs.

L’inserm planche donc depuis plusieurs années sur le rôle potentiel du fer dans le psoriasis et plus particulièrement sur l’hormone qui régule les niveaux de fer dans l’organisme : l’hepcidine.

Bientôt de nouveaux médicaments

En septembre 2024, l’Inserm a publié dans la revue Nature Communications des résultats très encourageants qui déterminent précisément le rôle de cette hormone.

« L’hepcidine joue un rôle clé dans le développement du psoriasis. À partir de nos résultats, nous montrons que lors du déclenchement du psoriasis, l’hepcidine produite par l’épiderme joue un rôle crucial dans la rétention du fer dans les cellules de la peau. Le fer étant un métal essentiel pour la prolifération cellulaire, cette rétention du fer favorise la division des cellules de l’épiderme de la peau “psoriasique”.», précise Carole Peyssonnaux, qui dirige l’équipe Fer et Immunité de l’Institut Cochin à l'origine des travaux.

En d’autres mots, on pourrait en inactivant l’hepcidine faire disparaître les marqueurs du psoriasis. Voilà qui ouvre de nouvelles perspectives de traitement.

L’équipe va d’ailleurs maintenant développer de nouveaux médicaments capables de neutraliser l’hepcidine, afin de les tester dans des modèles animaux de psoriasis. Affaire à suivre.