Troubles musculo-squelettiques : plus d’1 milliard de personnes touchées d’ici 2050Istock
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D’ici 2050, les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont amenés à augmenter de manière exponentielle, posant un vrai défi pour les systèmes de santé publiques. Des chercheurs australiens de l’Université Flinders tirent la sonnette d’alarme et soulèvent les enjeux autour de la prévalence accrue des TMS à travers le monde, dans une vaste étude dans la revue Lancet Rheumatology.

Ces travaux, intitulés Global Burden of Disease, et financés par la fondation Bill et Melinda Gates et parus en novembre 2023, établissent des projections donnant à voir le lourd fardeau associé aux troubles musculo-squelettiques d’ici 2050. Car les prévisions des chercheurs australiens sont préoccupantes : selon eux, une catégorie de troubles musculo-squelettiques touchant les articulations, les muscles, les os, les ligaments, les tendons et la colonne vertébrale, progresse de façon galopante.

Un défi majeur à relever pour les systèmes de soin

D’ici 2050, plus d’un milliard de personnes (1 060 millions de personnes exactement) dans le monde devraient souffrir d’incapacités liées à ces troubles, contre 464 millions de personnes actuellement. Des estimations pessimistes qui devraient peser considérablement sur les systèmes de soins de santé déjà fragilisés, avertissent les chercheurs.

Les auteurs se sont basés sur des données relatives à la population, à la santé et aux demandes d'indemnisation dans 204 pays et territoires pour mesurer la prévalence, le nombre d'années de vie vécues avec un handicap et les données démographiques.

Les TMS, des troubles de l’appareil locomoteur fréquents

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont des affections courantes qui concernent les tissus mous, à savoir les articulations, les tendons et les muscles. Ces troubles de l’appareil locomoteur concernent principalement le cou, les épaules, les poignets, les coudes ou le dos. Les membres inférieurs comme les genoux peuvent également être touchées par ces TMS, même si ceux-ci sont moins fréquents.

Une fois installés, et en l’absence de prise en charge précoce, ces troubles peuvent devenir chroniques, exposant à un risque d’invalidité et de perte d’autonomie.

TMS : l’activité professionnelle souvent en cause

Parmi les TMS les plus fréquents en France, on distingue le syndrome du canal carpien au poignet (38 %), le syndrome de la coiffe des rotateurs à l'épaule, l'épicondylite latérale au coude ou encore les douleurs dans le bas du dos (lombalgies).

Si ces maladies ont des origines diverses, l’activité professionnelle (environnement de travail, poste de travail, taches répétitives, organisation du travail, etc) fait souvent office de déclencheur. Quand il survient, les TMS se manifestent par des symptômes visibles : ils sont douloureux, engendrent de la raideur, de la maladresse ou encore une faiblesse musculaire (perte de force), précise l’Institut national de la recherche et de la sécurité (INRS).

En France, les TMS sont la première cause d'indemnisation pour maladie professionnelle. Ils ont représenté 87 % des maladies professionnelles ayant entraîné un arrêt de travail ou une réparation financière en raison de séquelles en 2015, rappelle l’assurance maladie. Les maux de dos totalisent 20 % des accidents de travail.

Une problématique de santé publique insuffisamment prise en compte

Dans leur récente publication, l’équipe australienne, pilotée par Manasi Murthy Mittinty, maître de conférences à la faculté de médecine et de santé publique de l'université Flinders, estime que l’ampleur des TMS est insuffisamment prise en considération. "L'équipe de recherche a identifié que les troubles musculo-squelettiques des types étudiés dans cette recherche, qui excluent l'arthrose, la polyarthrite rhumatoïde, la goutte, les lombalgies et les cervicalgies, constituent une source importante et croissante d'invalidité dans le monde qui nécessite une prise en compte par les politiques publiques", affirme, dans un communiqué, celle qui est également chercheuse à la Harvard Medical School Advanced Global Clinical Scholar.

Les chercheurs nous en apprennent plus sur le profil des personnes les plus concernées par ces TMS (en dehors de l’activité professionnelle), données à l’appui : on découvre ainsi que les femmes sont les plus touchées et que ces TMS augmentent globalement avec l'âge, atteignant leur maximum entre 60 et 69 ans.

TMS : le vieillissement et le Covid-19 en cause

Les chercheurs ont constaté que les troubles musculo-squelettiques dans leur grande hétérogénéité, y compris ceux non répertoriés, comme le lupus érythémateux disséminé (ou lupus systémique, une maladie auto-immune) et les spondylarthropathies (maladie inflammatoire chronique), seront également impactés par cette tendance à la hausse d’ici à 2050. Or ces "autres" affections musculo-squelettiques se révèlent souvent négligées dans les politiques relatives à la santé musculo-squelettique, jugent les chercheurs.

Comment expliquer cette explosion à venir des TMS sur la planète ? Les chercheurs pointent du doigt deux facteurs que sont le vieillissement de la population mondiale et les séquelles laissées par la pandémie du Covid-19. "L'émergence d'implications post-COVID-19 (…), est un facteur susceptible d'accroître la projection, ajoutant une pression supplémentaire sur les systèmes de santé et les communautés", avancent les chercheurs.

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