Cancer du sein : Service de presse
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On m’a diagnostiquée mon cancer du sein en octobre 2020. Le diagnostic a pris plusieurs mois. J’avais mal au sein après mon accouchement, or, la sage-femme pensait à une déchirure musculaire. Mon ostéopathe soupçonnait une côte fêlée, mais m’a toutefois conseillée d’avoir recours à une échographie. Et là, tout s’est enchaîné : je souffrais d’un cancer du sein triple négatif.

Le cancer du sein triple négatif représente environ 10 à 15 % des cancers du sein. Il implique un haut risque de rechute métastatique précoce du fait du caractère agressif de ces tumeurs, de leur réponse partielle à la chimiothérapie et de l'absence de cible thérapeutique, permettant de proposer un traitement spécifique.

Au moment du diagnostic, je me suis imaginée alitée, malade… C’est l’image du cancer qu’on se fait tous. La réalité est toute autre. Je n’ai rien changé dans ma vie. Certains jours, j’en oublie même que je suis malade. Jamais je n’aurai imaginé pouvoir réaliser tout ce que je fais actuellement.

"J’ai éliminé toute source de stress"

Alors que je travaille à mon compte, ma première peur était que mon cancer me prenne tout : moi, mon sein et mon travail. Je craignais de me retrouver "sans rien". C’est pourquoi aujourd’hui, je dis aux indépendants "prenez une prévoyance, on ne sait jamais !".

Pourtant, malgré ma maladie, je travaille tous les jours. Cela me permet de ne pas penser à mon cancer sans arrêt et de ne pas sombrer dans la dépression. Le fait de travailler à la maison à cause de la pandémie me permet de mieux jongler entre mon travail et ma maladie.

Mon médecin acuponcteur m’a parlé d’une étude qui a démontré que dans le cas d’un cancer du sein, le fait de travailler permettait d’atténuer la fatigue. Et je le vois : je ne suis vraiment pas fatiguée. J’arrive même à faire du sport. Me dépenser m’aide à éliminer les toxines. Et mon travail me permet de pouvoir me concentrer sur autre chose. Je dirais même que ça me booste. Je déborde d’idées de sujets [Emilie est auteure d’un blog depuis 14 ans et auteure du livre Liberté, égalité, maternité, éd. Leduc.s, ndlr]. Avant que le cancer n’entre dans ma vie, je ne me permettais pas de faire certaines choses. Aujourd’hui, je n’ai plus de filtres.

Je rencontre toutefois des problèmes cognitifs à cause de la chimiothérapie : je perds souvent mes mots. J’ai besoin de plus me concentrer pour écrire. J’ai donc éliminé toute source de stress. J’ai laissé tomber certains contrats. En fait, je travaille plus qu’avant, mais je me consacre à des sujets qui me plaisent davantage.

"Je me rends à ma chimio sans maquillage, en legging et sweat, histoire d’être à l’aise"

Au quotidien, mes rituels ne changent pas. Je jongle entre mon travail, ma maladie et mes enfants. J’ai néanmoins tendance à être moins patiente avec eux (rire). Ils ont 4 ans et 16 mois. À leur âge, ils ne comprennent pas ce que mon cancer implique. D’autant plus que ma maladie ne se voit pas.

De nombreuses personnes n’ont pas remarqué que j’étais malade. Une femme m’a récemment demandé pourquoi j’avais coupé mes cheveux !

Selon moi, le secret, c’est de rester soi-même. Si vous aviez l’habitude de vous maquiller, continuez de le faire, même si vous êtes malade. Et si vous ne le souhaitez pas, inutile de vous forcer. Généralement, je me rends à ma chimio sans maquillage, en legging et sweat, histoire d’être à l’aise et de ne pas avoir à me démaquiller en rentrant. Car les jours de chimio, ce sont mes journées rien qu’à moi. En rentrant de la séance, je me repose tranquillement et je récupère.

Chimio : la technique pour retrouver votre mine d’avant

Si on veut continuer à être féminine, on continue. Et les jours où on n’en a pas envie, il ne faut pas se forcer. Il faut savoir que les traitements contre le cancer s’attaquent complètement à notre physique. On devient chauve, on perd nos sourcils. Moi qui suis brune, c’est la première fois que je me vois sans poils. Au moins, je profite d’une épilation gratuite ! (rire). Certes, le cancer marque le visage. Les sourcils tombent rapidement. Mais c’est temporaire ! Ils repousseront bien assez vite et c’est ce qui m’aide à ne pas dramatiser. Me dire que ces effets ne sont que temporaires me permet de mieux les accepter. En attendant, il y a des aides qui existent : grâce à des crayons à sourcils, vous pouvez retrouver la mine que vous aviez avant. On peut facilement cacher notre maladie aujourd’hui grâce au maquillage.

Si j’ai un conseil à donner à d’autres femmes qui traversent la même épreuve que moi, c’est de se faire jolie pour soi avant de le faire pour les autres. Lorsqu’on fait partie des victimes d’un cancer féminin, on nous vante sans cesse les mérites d’ateliers visant à nous apprendre à nous maquiller, à rester féminine. Mais, en fait, la féminité ne s’apprend pas. Il y a une réelle injonction à être féminine à tout prix. Or, il ne faut jamais vous forcer. Avant tout, restez vous-même, que vous soyez malade ou pas.

Sources

Témoignage de Emilie Daudin, auteure de Liberté, égalité, maternité, éd. Leduc.s --> Instagram emiliebrunette

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