Graisse abdominale : elle n’augmente pas toujours le risque de diabèteAdobe Stock

La graisse abdominale est couramment associée, dans l’inconscient collectif, au diabète de type 2 (DT2). Pourtant, les résultats d’une nouvelle étude, publiée le 16 juin 2023 dans la revue eLife, montrent que certaines personnes dont la graisse abdominale est due à des variations génétiques n’ont pas plus de risques de développer cette maladie que le reste de la population.

Les chercheurs, issus de l’école de médecine de l’Université de Virginie (États-Unis), espèrent ainsi donner une vision plus nuancée du rôle de l’obésité dans l’apparition du DT2 et des problèmes de santé qui y sont associés.

Cette découverte pourrait également permettre de mieux prendre en charge les personnes obèses ou en surpoids, notamment celles dont les variations génétiques les protègent du DT2 : elles ont moins besoin d'un accompagnement médical pour perdre du poids.

“Une obésité métaboliquement saine existe”

“Il y a de plus en plus de preuves scientifiques qu’une obésité métaboliquement saine existe. Les personnes concernées sont censées avoir plus de risques de développer des maladies cardiovasculaires et du diabète car elles sont obèses, mais elles sont en réalité protégées des complications liées à leur obésité”, développe le professeur associé d’ingénierie biomédicale Mete Civetek, l’un des auteurs de l’étude.

La médecine étudie de plus en plus le rôle des variations génétiques dans l’apparition des maladies, cela afin d’améliorer la prise en charge des patients. Le syndrome métabolique, par exemple, est un ensemble de problèmes de santé qui inclut, entre autres, les risques de diabète et d’accident vasculaire-cérébral (AVC). L’étude publiée dans eLife montre que des variations génétiques peuvent prédisposer certaines personnes au syndrome métabolique, tandis qu’elles les protègent du DT2.

L’un des critères utilisés par la médecins afin de déterminer si un patient présente un syndrome métabolique est l’obésité abdominale. Celle-ci est souvent calculée en comparant les mesures de la taille et des hanches. Cependant, pour certains patients, ce n’est pas aussi simple, suggère l’étude des chercheurs américains. D’après eux, il est préférable d’étudier les gènes du patients pour trouver la meilleure manière de l’accompagner.

Des modifications de la séquence d’ADN augmentent le risque de devenir obèse

En effet, “on sait que des modifications de la séquence d’ADN vont augmenter le risque de prendre progressivement du poids et de devenir obèse, car elles influent sur le fonctionnement même des gènes”, indique le Centre de l’obésité et du surpoids Grenoble-Sud.

Qui poursuit : “Ainsi, selon votre profil génétique, le risque de développer la maladie dans sa forme commune (95% des malades) est plus fort, de l’ordre de 3 à 4. Ces gènes sont le plus souvent actifs au niveau du cerveau et notamment au niveau des mécanismes de récompense, et donc d’addiction.”

L’auteur principal de l’étude, le chercheur en biologie Yonathan Aberra, précise : “Nous avons découvert que parmi les centaines de régions dans nos génomes qui augmentent notre propension à accumuler de la graisse en excès dans nos abdomens, cinq jouent un rôle improbable. À notre grande surprise, ces cinq régions diminuent le risque de développer un DT2.

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