Vos intestins peuvent-ils provoquer un Covid long ? Selon une étude publiée dans la revue Nature ce mercredi 11 mai, les scientifiques se demandent si le Covid long pourrait en réalité être lié à des fragments viraux retrouvés dans les intestins des mois après l'infection initiale.
Ami Bhatt, oncologue et généticienne à Stanford, en Californie, aux États-Unis, a en effet été intriguée de voir la généralisation de symptômes gastro-intestinaux, tels que de vomissements et de diarrhées, chez les personnes infectées par le SRAS-CoV-2. Curieux de découvrir un lien possible entre le virus et les symptômes gastro-intestinaux, les chercheurs ont commencé à recueillir des échantillons de selles de personnes atteintes du Covid-19.
Covid long : quel lien avec les symptômes gastro-intestinaux ?
À des milliers de kilomètres des États-Unis, Timon Adolph, interne en gastro-entérologie, a, lui aussi, été intrigué par les comptes-rendus de symptômes intestinaux chez les personnes infectées. Il a donc commencé à rassembler avec ses collègues de l'Université médicale d'Innsbruck, en Autriche, des biopsies de tissus gastro-intestinaux.
Deux ans après le début de la pandémie, les deux équipes de chercheurs ont récemment publié des résultats dans la revue Nature révélant que des fragments du SRAS-CoV-2 pouvaient persister dans l'intestin pendant des mois après une infection initiale.
Des fragments du Covid (pourraient) persister dans l'intestin pendant des mois
Covid long : vos intestins en cause ?
Dans de précédentes études, des échantillons de virus ont été prélevés dans les intestins de personnes infectées quatre mois auparavant. L'Université de Stanford, elle, a mis en évidence que "des fragments du SRAS-CoV-2 (pourraient) persister dans l'intestin pendant des mois après une première infection", expliquent les scientifiques. Les chercheurs estiment en effet qu’ils pourraient donc faire partie de la liste des symptômes du Covid long qui sont selon les scientifiques définis comme "des symptômes qui persistent au-delà de 12 semaines après une infection aiguë".
De leur côté, les scientifiques de l’Université d'Innsbruck ont, quant à eux, recueilli des fragments de tissus gastro-intestinaux via des biopsies chez des patients malades. Résultat, les chercheurs ont découvert que 32 des 46 participants à leur étude avaient été atteints d’une forme légère du coronavirus, mais que des molécules virales étaient encore présentes dans leur intestin sept mois après une infection aiguë.
Covid : de l'ARN viral dans les selles 7 mois après
Les chercheurs ont constaté que les volontaires atteints du coronavirus "continuaient à excréter de l'ARN viral dans leurs selles sept mois après une première infection légère ou modérée par le SRAS-CoV-2, bien après la fin de leurs symptômes respiratoires". De plus, les deux tiers environ de ces 32 personnes présentaient d’autres symptômes d’un Covid long.
Ces résultats viennent s'ajouter à un nombre croissant de preuves soutenant l'hypothèse selon laquelle des fragments de virus persistants, appelés des "fantômes" de coronavirus par Ami Bhatt, pourraient contribuer à la mystérieuse condition appelée Covid long. Toutefois, "des études supplémentaires doivent encore être faites (pour valider cette hypothèse) et elles ne sont pas faciles”, concluent les chercheurs.
Des symptômes gastro-intestinaux déjà observés
En janvier dernier déjà, on apprenait que le variant Omicron pouvait également provoquer des symptômes gastriques et intestinaux. "Avec Omicron, les patients qui souffrent de problèmes gastro-intestinaux ont un état qui s'aggrave et présentent davantage de symptômes", explique le Dr Bill Admire sur la chaîne de télévision WPMI-TV.
Des propos relayés par Deseret News. Résultat : des patients atteints d'Omicron peuvent souffrir de nausées, de douleurs abdominales, de vomissements, de perte d'appétit ou de diarrhée. Il peut donc être difficile de faire la différence entre la contamination par le variant Omicron et un virus gastro-intestinal traditionnel. Cette nouvelle description de symptômes gastriques du variant avait à l'époque été listée par l'agence de santé de l'État de l'Alabama, aux États-Unis.
Coronavirus ‘ghosts’ found lingering in the gut, Nature, 11 mai 2022.
https://www.nature.com/articles/d41586-022-01280-3
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