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Quels sont vos risques ?
D’après des travaux de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) datés de 2012, un patient hospitalisé sur vingt (5 %) contracte une infection dans l’établissement où il est soigné. Ce chiffre représente 750 000 infections par an ; 4 000 décès leur sont attribués chaque année en France. Les infections urinaires sont les plus fréquentes (30 %), suivies des pneumonies (16,7 %). Trois bactéries sont à l’origine de plus de la moitié des cas d’infections nosocomiales : Escherichia coli, Staphylococcus aureus et Pseudomonas aeruginosa. Le service de réanimation, où de nombreux gestes invasifs sont effectués (intubations, sondes urinaires…), est le plus touché avec une prévalence moyenne de 23 % de patients infectés. A contrario, le service le moins touché est l’obstétrique (0,8 %). Il existe aussi des facteurs de prédisposition personnels : immunodépression, âge, chimiothérapie…
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On peut contracter deux sortes de maladies nosocomiales.
- Les infections endogènes : on est infecté par ses propres germes du fait d’une fragilité particulière ou d’un traitement qui abaisse nos défenses immunitaires (chimiothérapies anticancéreuses, par exemple).
- Les infections exogènes : on est infecté par les germes d’un autre malade transmis par les mains ou les instruments de travail du personnel médical ou infirmier. L’infection peut également venir des germes du personnel ou de l’environnement hospitalier (eau, air, alimentation, matériel...).
L’antibiorésistance augmente le nombre de cas
Un problème particulièrement préoccupant vient compliquer celui des infections nosocomiales. Il s’agit de l’antibiorésistance des germes responsables de ces infections. Par divers mécanismes d’adaptation et de mutation, certaines souches acquièrent une résistance aux antibiotiques : 57 % de l’ensemble des staphylocoques (germes très fréquents) isolés à l’hôpital sont résistants à leur traitement de référence : la méthicilline. Parmi les agents le plus souvent responsables d’infections nosocomiales, résistants au traitement antibiotique : le Staphylococcus aureus, les entérocoques, le Staphylococcus pneumoniae. D’autres germes ont une tendance à la résistance comme les autres entérobactéries ou l’E.Coli (bactérie intestinale).
Le triste exemple du xenopi
Le 11 septembre 1997, Le Parisien a fait éclater l’affaire de la Clinique du Sport : 31 cas de contamination chez des patients opérés. L’enquête diligentée par le ministère de la Santé a démontré l’ampleur de l’épidémie liée à l’introduction dans le protocole de désinfection du matériel d’un germe proche de l’agent de la tuberculose, une mycobactérie appelée Mycobacterium xenopi. Si l’épidémie a pris une telle ampleur, c’est que la période de contamination s’est étendue sur 5 ans ! La mise en place d’un numéro vert a permis de découvrir en moins de 15 jours plus de 400 patients exposés au risque infectieux entre septembre 1989 et mai 1993. Depuis 1997, un protocole de dépistage et de traitement gratuits des personnes atteintes a été mis en place.
Quels sont les recours juridiques ?
Le nombre de demandes en réparation des patients victimes d’infections nosocomiales augmente progressivement. Dans le même temps, le Conseil d’Etat et la Cour de cassation ont développé et mis en oeuvre une jurisprudence plus favorable aux victimes. Elle leur permet en principe d’obtenir réparation du préjudice subi sans avoir à prouver la faute du praticien ou de l’établissement. Il suffit que l’infection ait été contractée durant un séjour dans un établissement hospitalier pour que la responsabilité des établissements de santé et des médecins soit engagée, même si les mesures de stérilisation et d’asepsie ont été respectées.
Quelle politique contre les infections nosocomiales ?
Les infections nosocomiales représentent un enjeu de santé publique. Des mesures réglementaires encadrent certaines pratiques relatives à l’hygiène et à la décontamination du matériel médical. Mais au-delà, la prise de conscience a débouché sur la création de structures. Dès les années 1970, des comités de lutte contre les infections nosocomiales ont été instaurés dans l’ensemble des établissements. En 1992 ont aussi été créés les CCLIN (centres de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales), chargés d’assurer la coordination des actions de prévention et de surveillance à l’échelon interrégional. Le Comité technique national des infections nosocomiales (CTIN) a été créé la même année (devenu le CLIN, Comité de Lutte contre les Infections Nosocomiales).
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