Les yaourts hyper-protéinés, une fausse bonne idée ?IllustrationIstock
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Vous connaissez peut-être ces desserts enrichis en protéines qui occupent une bonne place dans les rayons laitiers des supermarchés depuis 2019. Un Français sur dix en consomme aujourd’hui.

Yaourts hyper-protéinés : des produits "lights" ?

Comme les yaourts traditionnels, ils se présentent sous plusieurs formes (yaourts à boire, crèmes desserts…), mais uniquement avec un arôme (vanille, chocolat, fraise, citron, caramel…). Pas de version "nature" pour ces produits dits "lights", ce que décrie Caroline Seguin, diététicienne-nutritionniste à Toulouse : "Il n’y a pas de sucres dedans mais de l’édulcorant, avec lequel le consommateur s’habitue au goût aromatisé et sucré, ce qui déforme sa palette aromatique."

Au rayon des bienfaits, on peut relever leurs apports en probiotiques (bactéries bénéfiques) puisque ces produits sont fermentés. Les industriels vantent leurs faibles apports en calories (le lait est écrémé), ainsi que leur très bonne quantité en protéines. C’est pourquoi les sportifs en raffolent avant et/ou après la séance de musculation par exemple. Pour rappel, les protéines présentent un intérêt dans la digestion, la réponse immunitaire, le transport de l’oxygène, mais jouent surtout un rôle structural, participant au renouvellement des tissus musculaires.

Yaourt traditionnel ou yaourt hyper-protéiné ?

Riche en protéines, ce type de yaourt présente-t-il plus d’intérêts nutritionnels qu’un yaourt traditionnel ? La diététicienne de Toulouse apporte des éléments de réponse.

Fabriqué avec du lait écrémé, le yaourt hyper-protéiné apporte moins de matières grasses et est donc faiblement calorique. Toutefois, les pots sont plus gros (160g au lieu de 125g pour un yaourt classique), ce qui revient au même en termes de calories. L’écrémage du lait n’apporte donc que peu d’intérêts ici.

Par ailleurs, "les yaourts hyper-protéines vantent le fait de contenir des protéines spécifiques "whey" [les sportifs en consomment en poudre, de manière synthétique], des protéines de lait qui sont tout simplement dans le lactosérum comme dans tous les laitages fermentés", avertit Caroline Seguin.

Des produits ultra-transformés

Il peut être intéressant de comparer les quantités de protéines entre différents laitages de 100g. Ainsi, le yaourt classique en contient 4,5%, alors que le yaourt hyper-protéiné en contient 9%. On retrouve 7,5% de protéines dans le fromage blanc, 9,5% dans le petit suisse et 10% dans le skyr, ce yaourt islandais qui a le vent en poupe. "Ce n’est pas forcément intéressant de se supplémenter en protéines avec ce type de produits car on n’a pas de problèmes d’apports en France avec les produits carnés, les poissons etc.", justifie la diététicienne.

De plus, les industriels ajoutent des additifs aux yaourts hyper-protéinés, lesquels sont donc ultra-transformés. Dans les yaourts classiques, il y a du lait avec uniquement des ferments lactiques, alors que dans les yaourts hyper-protéinés, il y a du lait écrémé avec des épaississants (souvent de l’amidon transformé de maïs, de la gomme de guar) et des édulcorants (du sucralose, de l’acésulfame K et parfois de l’aspartame, suspectés d’être neurotoxiques).

"Mieux vaut consommer un yaourt classique et compléter sur la journée"

La diététicienne ne recommande donc pas ce type de produits dans le cadre d’une alimentation équilibrée classique, même pour les personnes âgées qui peuvent parfois manquer d’apports en protéines. "Mieux vaut consommer un yaourt classique et compléter sur la journée avec des produits naturellement riches en protéines, tels que les viandes/poissons/œufs, un peu de fromage…, conseille Caroline Seguin. Avec la croûte c’est encore mieux, car elle contient des ferments lactiques bénéfiques pour la flore digestive."

Enfin, ne jetez pas le "jus" du yaourt puisque les protéines du lactosérum (les fameuses "whey") sont dedans !

Dernier argument contre les yaourts hyper-protéines : leur coût. Avec l’inflation et leur succès, le prix au kilo est passé de près de 6 euros en 2021, à 9 euros aujourd’hui.

Sources

Merci à Caroline Seguin, diététicienne-nutritionniste spécialisée dans les comportements alimentaires

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