Vous l’adorez et vous le lui faites savoir : vous ne pouvez passer une journée sans faire des câlins à votre chien, ou à votre chat. Si cette habitude a des bénéfices prouvés en matière de bien-être, elle pourrait en revanche être nocive pour votre santé physique, d’après une étude qui sera présentée lors du European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases Global Congress (ESCMID ; en français, le Congrès de la Société européenne de microbiologie clinique et de maladies infectieuses, soit la principale société savante en maladies infectieuses en Europe) fin avril 2024.
Les contacts avec les animaux pourraient faire augmenter l’antibiorésistance
Plus précisément, les chiens et les chats pourraient nous transmettre des bactéries particulièrement résistantes aux antibiotiques, ou “superbactéries”. Cette étude est publiée dans un contexte d’antibiorésistance croissant. Et, quand les bactéries résistent de plus en plus aux antibiotiques, des infections normalement bénignes peuvent devenir mortelles.
D’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), les infections résistantes aux antibiotiques sont responsables de plus de 1,2 million de décès dans le monde chaque année. Si rien n’est fait pour lutter contre l’antibiorésistance, ce chiffre pourrait atteindre 10 millions d’ici à 2050.
Les auteurs de l’étude qui sera présentée au congrès de l’ESCMID ont analysé des échantillons de peau de chiens et de chats atteints d’infections de la peau et d’infections urinaires. Ils ont également testé des échantillons provenant de leurs propriétaires, cela à travers le Portugal et le Royaume-Uni. Ils ont notamment cherché la présence de bactéries appelées Enterobacterales, qui sont devenues au fil du temps résistantes aux antibiotiques courants.
La résistance aux céphalosporines et aux carbapénèmes en cause
Les chercheurs se sont particulièrement intéressés à la résistance à deux sous-classes d’antibiotiques : la troisième génération de céphalosporines et la troisième génération de carbapénèmes. Les premiers sont utilisés pour soigner des infections comme la pneumonie, la méningite et la sepsis, tandis que les seconds sont fréquemment prescrits en dernier recours, quand on n’a pas réussi à soigner les patients avec d’autres antibiotiques. Si ces deux types de médicaments venaient à ne plus fonctionner aussi efficacement, cela serait dévastateur en matière de santé publique.
Les résultats de cette étude sont inquiétants : au Portugal, plus de la moitié des chiens et chats domestiques et un tiers des propriétaires seraient porteurs de bactéries résistantes aux céphalosporines ; au Royaume-Uni, plus d’un tiers des chiens et chats domestiques et un propriétaire sur huit seraient dans cette situation.
Une preuve de transmission entre les animaux domestiques et les humains
De plus, au Portugal, un chien était porteur d’une souche résistante aux carbapénèmes, et au Royaume-Uni, un chien était porteur d’une souche résistante à plusieurs catégories de médicaments, dont les carbapénèmes.
Dans plusieurs foyers, les bactéries trouvées chez les animaux de compagnie et leurs propriétaires venaient de la même souche, d’où une preuve solide de transmission entre eux. “Nos résultats soulignent l’importance de l’inclusion des foyers avec des animaux dans les programmes nationaux de surveillance des niveaux d’antibiorésistance”, a réagi dans un communiqué de presse l’autrice principale de l’étude, la chercheuse en sciences vétérinaires Juliana Menezes.
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