Est-il insatisfait ?
Qu'un homme regarde des films X "n'est pas le signe obligatoire d'une insatisfaction sexuelle", rassure Alain Héril, sexothérapeute, psychothérapeute.
Votre compagnon cherche ainsi à alimenter son imaginaire. "Les images pornographiques attisent les fantasmes et lui permettent de vivre une sexualité que l'on ne peut pas expérimenter en temps normal", explique le spécialiste.
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Allô, Docteur Freud ?Pour autant, ce n'est pas parce que votre homme navigue (par exemple) sur les sites sado-maso qu'il a forcément envie de vous ligoter ou de se faire piétiner par vos talons aiguilles !
"Il s'agit juste d'une excitation voyeuriste, précise Alain Héril. Et quand on sait l'importance majeure du visuel chez les hommes...". Peut-être est-il préférable de le laisser faire...
Faut-il accepter ?
À vous de savoir où situer la limite. "Si une femme est persuadée dans son for intérieur que ce n'est qu'un jeu solitaire et que la relation n'est pas fondamentalement remise en cause, tout va à peu près bien. Dès qu'il y a de la jalousie, du dégoût, une trop grande incompréhension, les relations deviennent vite difficiles. Dans ce cas il faut beaucoup parler ensemble", explique Alain Héril, sexothérapeute, psychothérapeute.
Mais attention, interdire tout visionnage à votre amant serait illusoire. "Celui qui aime regarder des images pornos trouvera toujours le moyen de le faire, même à l'insu de sa partenaire !"
Le porno peut-il pervertir ?
"Le passage à l'acte est rare. La plupart des hommes se contentent de regarder ces images, de naviguer d'un site à l'autre et, parfois de se faire "peur" à la vue de situations qu'ils ne voudraient pas vivre, mais qui les excitent néanmoins", constate Alain Héril, sexothérapeute, psychothérapeute.
Cependant, certains franchissent tout même le pas : participations virtuelles (par webcam notamment) ou rencontres prennent alors le relais des fantasmes.
"Dans ce cas, cela peut laisser entendre que la sexualité dans le couple n'est plus satisfaisante", explique le sexothérapeute.
Films X : les regarder à 2 ?
Bien sûr, vous n'êtes pas obligée de regarder des images ou vidéos pornographiques avec votre homme.
Comme le rappelle le psychothérapeute et sexothérapeute Alain Héril : "En sexualité, se forcer, même pour faire plaisir à l'autre, n'est jamais une bonne solution. Il arrive toujours un moment où une certaine amertume s'installe car ce que l'on accepte essentiellement pour satisfaire l'autre, on l'accepte en général pour que l'autre change. Et s'il ne change pas, la déception est violente".
Bref, à moins que vous aussi soyez excitée par ces images, ou même par le seul fait de transgresser un tabou avec votre amant, vous avez tout à fait le droit de vous abstenir !
Est-ce fréquent ?
On ne peut pas parler de normalité, ce qui laisserait entendre que tout le monde regarde des films pornographies, ni d'anormalité, ce qui supposerait que c'est une pathologie", estime Alain Héril, sexothérapeute et psychothérapeute. C'est une pratique assez fréquente...
Observez votre Jules. Tâcher de comprendre pourquoi il le fait, si c'est une addiction...
Par ailleurs, prévient le thérapeute : "On peut dire que lorsqu'un individu préfère regarder des images pornographiques au lieu d'une possible relation sexuelle, alors une anormalité pathologique peut-être suspectée. Surtout si ce comportement est systématisé".
Quand s'inquiéter ?
Vous devez vous inquiéter "essentiellement s'il préfère les images à la réalité", répond Alain Héril, sexothérapeute et psychothérapeute. "S'enfermer dans un univers virtuel, c'est refuser la matérialité du corps de l'autre et la sienne".
Autrement dit, attention si votre Jules boude la couette, mais passe des heures devant son écran ! "Dès qu'il y a raréfaction des relations sexuelles et surinvestissement dans le visionnage de films ou de sites Internet, il faut s'inquiéter et tirer la sonnette d'alarme", précise le spécialiste.
Ce qu'il ne faut pas accepter
De la même façon que l'on ne peut définir une normalité, il est impossible de préciser des limites à ne pas dépasser en termes de visionnage de films pornographiques... mises à part peut-être celles de la loi qui interdit les images mettant en scène des mineurs.
"Chaque couple fixe ses propres règles en matière de sexualité. La norme appartient à l'intimité de chacun tant qu'il y a respect des désirs mutuels. Dès que l'on sort de ce cadre, on quitte les limites acceptables car seul l'un des partenaire éprouve du plaisir tandis que l'autre est réduit au rang d'objet", confirme Alain Héril, sexothérapeute, psychothérapeute.
Comment l'empêcher ?
"Si la situation est insupportable pour vous, vous devez poser les limites et dire à votre partenaire combien vous souffrez et vous sentez peu respectée", affirme Alain Héril, sexothérapeute, psychothérapeute.
Il conseille également de ne pas hésiter à vous montrer ferme. "S'il n'entend pas, il ne faut pas hésiter à taper du poing sur la table, consulter un thérapeute de couple, menacer de mettre fin à la relation..."
Quels sont les risques ?
Bien sûr, il n'y a aucun risque sanitaire : on n'attrape pas le sida en regardant des films pornos !
Sur Internet, attention tout de même au passage du virtuel au réel. L'adresse IP de votre ordinateur (qui est un peu sa plaque d'immatriculation) permet d'envoyer des spams sur votre messagerie, voire des propositions de rencontres.
Sur le plan amoureux, le risque est ailleurs : "Dans tout cela, le risque est la perte de confiance et surtout la perte du désir. Et les deux vont ensemble !", conclut Alain Héril, sexothérapeute et psychothérapeute.
- "Les continents féminins" (voyage au cœur du plaisir des femmes), de Alain Héril chez Jean-Claude Gawsewitch Editeur
- "Mosaïque de la pornographie", Nancy Huston édition Payot
- "La pornographie ou l'épuisement du désir", de Michela Marzano aux Editions Bruchet-Chastel.
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