Malbouffe : comment ont évolué nos assiettes depuis 1950Adobe Stock
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Beaucoup d’alcool, mais aussi de fruits et légumes : l’alimentation des Français était globalement stable dans les années 50 et 60. Jusqu’à l’arrivée des fast-foods et des additifs alimentaires, utilisés en masse dans les produits industriels. Les reportages sur nos habitudes alimentaires sont une donnée précieuse pour observer l’évolution de nos modes de vie. Grâce à l’Institut national de l'audiovisuel (INA), ces vidéos sont accessibles à tous. Medisite vous en dit plus.

Années 50 et 60 : le grand chamboulement alimentaire

L’INA a partagé sur YouTube une vidéo de 1954 sur le chef Raymond Olivier, un temps 3 étoiles au guide Michelin. C’est une recette de crêpes de froment que propose le célèbre cuisinier, avec un élément bien à lui : l'alcool. En quantités. Ses crêpes “pour 4 personnes, soit 24 ou 30 chacune” (sic) sont composées en grande partie de pastis, de rhum et de bière.

Le premier pour liquéfier la pâte (comptez un bon quart de bouteille), le deuxième pour l’arôme (une moitié), le dernier pour “allonger” (une bouteille presque entière). Une recette qui peut prêter à sourire, mais qui en dit long sur la banalisation de l’alcool et de ses effets délétères sur la santé à cette époque.

Les années 60 marquent pour leur part l’arrivée de ce qu’on appelait déjà la “malbouffe”. A la télévision, des recettes proposent le poulet frit façon mexicaine, et on s’inquiète de l’arrivée en masse des additifs alimentaires.

“La liste des produits chimiques qu’on ajoute dans l’alimentation augmente tous les jours”, s'inquiète un journaliste en commentaire d’une enquête sur le sujet. Il poursuit : “Aujourd’hui, même chez le marchand de saison, nous sommes tentés de demander si les pommes ne sont pas saupoudrées d’insecticide, si les légumes ne contiennent pas de conservateurs chimiques. Nous nous méfions même d’aliments aussi simples que la viande, les œufs, le pain ou le vin.”

Additifs alimentaires : la grande inconnue

A l’époque, la recherche sur le sujet est balbutiante. Un professeur de toxicologie, interrogé dans le documentaire, explique ainsi qu’il faudrait, dans l’idéal, mettre en place plusieurs laboratoires pour analyser les différents agents chimiques ajoutés aux aliments, “parce que leurs dangers pourraient être plus insidieux, moins spectaculaires, mais certainement pas moins graves” que le cancer.

Aujourd’hui encore, les effets des additifs alimentaires sont mal connus. “On évalue toujours mal divers processus en cause lors de la métabolisation de ces substances par le corps. Autre zone d’ombre, de possibles effets de synergie ou de ces substances qui aggraveraient de façon silencieuse les effets sur la santé”, alerte l’Observatoire des aliments.

Les années 70 ou la fin des complexes sur la nourriture

Un documentaire de 1977 s’attarde sur plusieurs types de tablées : dans un restaurant chic, dans un restaurant classique, en famille avec des personnes âgées, en famille avec des enfants et dans un groupe de personnes sans domicile fixe. Chez les gourmets, on revisite des plats associés à de mauvais souvenirs : “Le saumon du siècle dernier et le topinambour de l’occupation étaient honnis, ils sont devenus des délices de gastronomes”, décrit le journaliste en commentaire. Si le saumon est resté dans nos habitudes en 2023, ce n’est pas le cas du topinambour, boudé par les Français.

En famille, d’aucuns mangent du gigot avec des haricots, d’autres des pâtes au pesto devant la télévision. Au restaurant, les travailleurs pressés choisissent le steak frites. Les personnes vivant dans la rue, quant à elles, se nourrissent de baguettes et de camembert. Point commun à tous : il est impensable de ne pas avoir son verre de vin.

1979, McDonald's débarque

En 1979, McDonald's arrive en France, et c’est un franc succès. Un court reportage s’intéresse aux nouveaux clients, qui se montrent soit amusés, soit moyennement convaincus par le goût, davantage par le faible coût des menus. Cette année-là, le chiffre d’affaires de la branche française de la chaîne de fast-food a progressé de 85%. Une représentante français de la firme l’assure : “Les produits de McDonald’s sont parfaitement industrialisés, on a donc un parfait contrôle de ce qui rentre dans la composition de chaque produit.”

Aujourd’hui, il est pourtant de notoriété publique que ce type d’alimentation est néfaste. Les produits issus de fast-foods sont en effet trop riches en gras, en sucre et en sel, en produits chimiques, trop pauvres en fibres végétales et en vitamines. Mais à l’époque, l’attrait de la nouveauté est plus fort que la peur de potentiels dangers : McDonald's ouvre carrément en France une école de “hamburgerologie”.

Les années 80, entre attrait de la nouveauté et persistance des traditions culinaires

Plusieurs vidéos de l’époque montrent que McDonald's a continué à gagner de l’influence, jusqu’à faire partie intégrante du quotidien des Français. Un reportage de 1985 sur le premier restaurant de la chaîne ouvert à Toulouse montre que son public est déjà acquis, en dépit des effets délétères sur la santé de ce type d’alimentation.

“Y a qu’à prendre son menu et le manger sur la route”, se réjouit un homme d’une quarantaine d’années. “Ca m’évite de faire les courses et tout un tas de petits plats inutiles”, argumente un autre. “Moi qui fais la journée en continu, ça me permet d’avoir un repas tout à fait correct”, poursuit un client du même âge. Plus tard, le célèbre restaurateur Lucien Vanel s’inquiète : “J’espère que les Toulousaines et les Toulousains ne grossiront pas comme les Américains. J’ai peur que les Français soient envahis par ce système, rapide. Ce serait une machine, ce serait pareil.” Il semblerait que ses craintes se soient confirmées… En 2021, un rapport de l’Anses montrait que la part d'amateurs occasionnels et réguliers de fast-food était passée de 28% à 55% depuis 2005.

Alimentation : l'amour de la cuisine résiste malgré tout

“Bien que l'alimentation en fast-food ne représente que 5% des apports alimentaires des adultes, l'Anses alerte néanmoins sur les "apports nutritionnels dégradés" liés à cette consommation chargée en sels et sucres. L'Agence estime qu'améliorer l'offre de ces restaurants devrait constituer une priorité”, concluait l’Anses.

Un reportage de la même année sur les plats préférés des Français rassure cependant. En 1985, le magazine VSD publie un sondage : on apprend que le “steak frites” a été remplacé à la première place du classement par le “gigot flageolets”, un plat plus sain. Les résultats de l’enquête montrent également que 83 % des Français préfèrent inviter leurs amis à la maison plutôt qu’au restaurant, signe qu'ils aiment encore cuisiner.

Les années 90 et 2000 ou l'avènement de la malbouffe

Par la suite, dans les années 90 et 2000, la malbouffe a continué de faire son bonhomme de chemin et a pris une place de plus en plus importante dans notre alimentation. Un sondage de l’Ifop de 2018 dévoilait que 97% des Français mangeaient régulièrement des frites, 96% des pizzas, 85% des burgers et 78% du Nutella. Un changement drastique des habitudes alimentaires qui avait déjà débuté dans les années 60. Dès lors, cette évolution malheureuse semblait inéluctable.

Sources

"Les additifs alimentaires et leurs impacts sur la santé", un article de l'Observatoire des aliments

https://observatoire-des-aliments.fr/qualite/les-additifs-alimentaires-et-leurs-impacts-sur-la-sante#:~:text=Divers%20additifs%20sont%20suspect%C3%A9s%20de,%2Fet%20d'effets%20canc%C3%A9rig%C3%A8nes.

"Infographie - La consommation alimentaire", des données du ministère de l'Agriculture

https://agriculture.gouv.fr/infographie-la-consommation-alimentaire

"Fast Food", une fiche de danger-sante.org

https://www.danger-sante.org/category/fast-food/

"Consommations alimentaires et apports nutritionnels dans la restauration hors foyer en France", un rapport de l'Anses

https://www.anses.fr/fr/system/files/OQALI2018SA0291Ra.pdf

"Les Français et la malbouffe : entre plaisir et honte..." un communiqué de Naturasanté

https://toute-la.veille-acteurs-sante.fr/files/2018/07/Analyse_FK_Naturasante_20.07.20181.pdf

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mots-clés : alimentation, fast-food
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