"Manger 5 fruits et légumes par jour". Une recommandation de santé publique qui coûte de plus en plus cher. La vague inflationniste constatée ces deux dernières années sur les prix alimentaires a déferlé sur les étals des fruits et légumes, faisant s’envoler leurs prix. Un phénomène potentiellement dissuasif pour les consommateurs au budget modeste, parfois contraints de rogner sur un pilier de l’équilibre alimentaire.
Car si manger sain et équilibré est indispensable, l’objectif se révèle plus compliqué à atteindre quand le prix du panier des végétaux flambe.
+ 16 % en un an pour le panier de fruits et légumes
Selon l’Observatoire des prix des fruits et légumes 2023, publié en juin dernier par Familles Rurales, une association de défense des consommateurs, le prix du panier de fruits et légumes conventionnels (établi sur une base de 9 fruits et 10 légumes frais, ndlr) a grimpé de 16 % en un an (par rapport à 2022), soit 3,5 fois plus que l’inflation générale. La courbe est encore plus affolante quand on regarde dans le rétro : en dix ans, le prix des fruits s'est apprécié de 43% entre 2013 et 2023, tandis que celui des légumes a augmenté de 73%, selon l’INSEE.
Autrement dit, il va sans dire que pour certains, la préconisation martelée par le Programme national nutrition santé (PNNS) sonne creux : l’observatoire de Familles rurales constatait que "manger au moins 5 fruits et légumes par jour et par personne représente entre 5% et 18 % d’un SMIC net mensuel pour une famille de 4 personnes soit entre 65 € et 241€ par mois".
Les raisons de la flambée du prix des végétaux
Comment expliquer cette flambée des fruits et légumes ? "Les fruits et légumes ont comme de nombreux produits alimentaires subi l’inflation. Le coût de la main d’oeuvre, mais surtout de l’énergie en est la raison principale, explique Raphaël Gruman à Medisite. Les frais de transport ont considérablement augmenté. De plus, beaucoup de fruits et légumes poussent sous serre. Cela nécessite d’importants coûts énergétiques qui ont été répercutés sur le prix pour le consommateur".
Les fruits et légumes, ces aliments santé indispensables
Malgré cette hausse incontrôlée des prix, les fruits et légumes restent néanmoins des alliés santé dont on ne peut se passer dans notre routine alimentaire quotidienne.
Notre expert rappelle que "consommer au moins 2 portions de légumes par et 3 fruits par jour" est essentiel pour "un bon apport en fibres" (qui soutiennent le transit, facilitent l’absorption du cholestérol), "en vitamines" (pour la santé de l’organisme, contre la fatigue, etc) mais aussi pour contribuer à "une bonne hydratation" (en parallèle des 1,5 L d’eau à boire chaque jour).
Des fruits et légumes moins chers : privilégier ce qui est de saison
Pour continuer à profiter de leurs bienfaits sans pour autant plomber son budget alimentaire, Raphaël Gruman conseille d’abord de privilégier les fruits et légumes de saison. "Ceux-ci sont souvent moins cher". On pense aussi à faire main basse sur les végétaux "bruts". Comprenez, les fruits et légumes non préparés, là aussi en général moins onéreux que le reste.
Eviter les fruits et légumes déjà préparés
On zappe aussi les fruits et légumes "prédécoupés, en barquette, sous vide et/ ou déjà assaisonnés". Qu’on les achète par flemme de les éplucher, de les préparer ou par praticité, cette erreur nuit, souvent sans le savoir, à notre porte-monnaie : ces fruits et légumes coûtent souvent très cher. On oublie donc "les fruits exotiques qui ont beaucoup voyagé ou qui sont consommés hors saison" et bien évidemment, "les fraises à Noël", rappelle Raphaël Gruman.
Fruits et légumes moins chers : se mettre au batch cooking
Vous connaissez peut-être le "batch cooking" qui consiste à préparer différents plats en avance pour ne plus vous creuser la tête avec la cuisine et les menus le reste de la semaine ? Pour les fruits et légumes, la méthode peut vous inspirer, selon Raphaël Gruman. "Le batch cooking est la meilleure solution pour prendre soin de sa santé tout en faisant des économies. En effet, cela permet d’acheter des gros volumes de fruits et légumes en une fois (donc moins chers) et de les cuisiner puis de les surgeler".
Préparer sa liste de courses
Quand il s’agit de faire baisser la note et de réaliser de bonnes économies, faire montre d’organisation se révèle un bon stratagème. Notre nutritionniste suggère donc d’anticiper les repas de la semaine, pour éviter tout achat superflu dans le caddie : "Elaborer des listes de courses à l’avance avec une idée des menus qui seront réalisés dans la semaine permet de n’acheter que ce dont on aura besoin".
Autre avantage, "en préparant les fruits et légumes à l’avance, vous évitez de les perdre". Une bonne astuce anti-gaspi donc.
Devenir un adepte du vrac
Vous hésitez entre des pommes en barquette ou à en vrac ? Achetez plutôt vos fruits et légumes en vrac, ou en gros, cela vous coûtera moins cher.
Fruits et légumes moins chers : bio ou pas bio ?
"Tout dépend du type de fruit ou de légumes, relativise Raphaël Gruman. Il est vrai que le bio est plus cher que le conventionnel".
Notre expert coupe la poire en deux : certains fruits et légumes peuvent être consommés en conventionnel. "C’est notamment le cas des fruits et légumes que l’on épluche : clémentine, banane ou pommes de terre… La teneur en pesticides sera alors moindre".
A l’opposé, certains fruits comme "les pommes et le raisin" ont tout intérêt à être consommés bio car "ce sont les fruits les plus traités", précise le nutritionniste. Une préférence pour le bio qui, pour ces aliments, ne se traduira pas par un écart de prix important : "le coût du bio n’est pas beaucoup plus important".
Le débat autour du manger bio reste difficile à trancher, tant d’autres paramètres doivent être pris en considération au moment de faire son choix : "le bio est certes intéressant d’un point de vue teneur en pesticide, mais il faut aussi et surtout tenir compte de la saisonnalité et de l’aspect local de la production. Certains légumes bio ont parfois traversé le monde comme certains fruits exotiques ou encore les haricots verts qui viennent du Kenya. Il faut donc se rabattre sur des légumes cultivés de préférence en France".
Fruits et légumes moins chers : quid des conserves et des surgelés ?
Dans le match qui oppose les fruits et légumes en conserve face aux surgelés, notre expert arbitre sans chichi : le surgelé terrasse les végétaux en boîte. "Le surgelé est une bonne alternative au frais pour les légumes car ils ne sont pas plus chers. Et il n’y a pas de perte puisque vous ne décongelez que la quantité nécessaire, explique l’expert. De plus, la teneur en vitamines est parfois même supérieure au frais. Certains fruits et légumes peuvent rester sur les étals de nombreux jours et être exposés aux variations de température délétères pour la teneur en vitamines".
Quant aux fruits et légumes en conserves, ils constituent un pis-aller, faute de mieux. "Mais la teneur en vitamine est moindre dans les conserves que dans le frais", note Raphaël Gruman.
Fruits et légumes pas chers : le discount, une bonne option ?
Dans ce contexte inflationniste, les enseignes low cost séduisent naturellement de plus en plus. Mais recourir au discount est-il autant un bon choix en ce qui concerne les fruits et légumes ? Notre nutritionniste n’est pas contre. "Oui, cela peut être une option, à condition de conserver des fruits et légumes de saison et de préférence local".
Les soupes de légumes, une astuce pour en profiter à petit prix
"Très simples à résilier et peu coûteuses, les soupes apportent une bonne satiété et un apport en fibres satisfaisant", recommande Raphaël Gruman. Au potimarron, au butternut, au poireau et aux pommes de terre, … Le choix est large. Certaines de nos recettes de soupes peuvent vous inspirer !
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