Cerveau : le gras et le sucre le modifient pour le rendre dépendant Adobe Stock

Vous craquez systématiquement devant un bonbon ou un gâteau au chocolat ? Beaucoup sont dans le même cas que vous. Comme le montre l’enquête nationale INCA de 2007, en France, la consommation moyenne de sucre se situe entre 95 g et 100 g par jour. Un chiffre bien au-dessus des 25 g quotidiens recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

De nombreuses études ont par ailleurs déjà démontré les dangers d’une alimentation trop sucrée ou trop grasse pour la santé. La malbouffe augmente notamment les risques d’obésité, d’insuffisance cardiaque, d’hypertension, de diabète de type 2 et de cancer. Pourtant, même si nous connaissons ces risques, nous continuons à nous tourner vers ce type d’aliments. Selon une récente étude, cela ne serait pas forcément lié à un manque de volonté.

Une recherche menée par des chercheurs de l'Institut Max Planck pour la recherche sur le métabolisme à Cologne, en collaboration avec l'Université de Yale, révèle que les aliments riches en graisses et en sucres, consommés régulièrement, modifient notre cerveau pour le rendre dépendant. Cette étude a été publiée dans la revue Cell Metabolism le 22 mars 2023.

En seulement 8 semaines, le cerveau associe la malbouffe à une récompense

Les chercheurs se sont intéressés à la manière dont notre cerveau peut être façonné par nos habitudes alimentaires. Sharmili Edwin Thanarajah, auteur de l'étude, explique : "Notre tendance à manger des aliments riches en graisses et en sucre, le soi-disant régime occidental, pourrait être innée ou se développer à la suite d'un excès de poids. Mais nous pensons que le cerveau apprend cette préférence."

Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont classé les volontaires en 2 groupes. Le premier devait consommer chaque jour, en plus de son régime alimentaire habituel, un pudding riche en matières grasses et en sucre. L’autre groupe devait, lui aussi, manger quotidiennement un pudding, mais cette fois-ci faible en matières grasses et en sucre. L’expérience a duré 8 semaines, au cours desquelles l’activité cérébrale des participants a été mesurée.

Lors de cette observation, les chercheurs ont détecté que la réponse cérébrale aux aliments riches en matières grasses et en sucre était considérablement augmentée dans le groupe ayant mangé le pudding riche en matières grasses. Ainsi, la consommation quotidienne d’aliment gras pendant 8 semaines a activé le système dopaminergique. Il s’agit de la région du cerveau responsable de la motivation et de la récompense, qui libère la dopamine (hormone du bonheur) dans le corps.

Une consommation quotidienne de malbouffe reformate le cerveau

Les chercheurs ont conclu que consommer quotidiennement de la malbouffe pouvait affecter notre cerveau pour le rendre dépendant et nous faire aimer ce type d’aliments plus qu'un autre. "Nos mesures de l'activité cérébrale ont montré que le cerveau se recâble par la consommation de chips et autres aliments gras et sucrés. Il apprend inconsciemment à préférer les aliments gratifiants. Grâce à ces changements dans le cerveau, nous préférons toujours inconsciemment les aliments qui contiennent beaucoup de graisses et de sucre", synthétise Marc Tittgemeyer, qui a dirigé l'étude.

Dana Small, également autrice de l’étude, précise : "Admettons qu'une nouvelle boulangerie s'ouvre à côté de votre travail et que vous commenciez à vous y arrêter pour prendre une viennoiserie chaque matin. Cela peut suffire a recâbler vos circuits d'apprentissage fondamentaux de la dopamine."

Sources

https://www.cell.com/cell-metabolism/fulltext/S1550-4131(23)00051-7

https://www.who.int/fr/news/item/04-03-2015-who-calls-on-countries-to-reduce-sugars-intake-among-adults-and-children

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