La résistance aux antibiotiques ou antibiorésistance provoque l’inefficacité d’un traitement contre une infection bactérienne.
Ce phénomène inquiétant est en augmentation depuis plusieurs années.
A savoir, en 2021, la France était le quatrième européen le plus consommateur d’antibiotiques.
En effet, l’administration répétée de traitements antibiotiques chez l’Homme ou l’animal en est en grande partie responsable.
« La présence d’antibiotique dans l’organisme favorise la sélection des bactéries qui sont résistantes, soit naturellement, soit par mutation ou soit par des échanges de matériel génétique (plasmide) avec d’autres bactéries. Les antibiotiques absorbés vont éliminer les bactéries sensibles pour laisser place aux bactéries résistantes. Celles-ci peuvent se transmettre et diffuser entre les individus, particulièrement en milieu de soins . Elles rendent les traitements antibiotiques ultérieurs moins efficaces pour le patient et pour la collectivité » explique Santé publique France.
Quelques chiffres sur l’antibiorésistance
Santé publique France affiche sur son site Internet les principales données concernant la résistance aux antibiotiques en France :
- 670 000 infections à bactéries résistantes aux antibiotiques en Europe en 2015
- 125 000 infections à bactéries multirésistantes en France en 2015
- 5 500 décès liés à ces infections en France en 2015
L’antibiorésistance, un problème de santé publique mondial
L’antibiorésistance est un grave problème de santé publique mondial pour plusieurs raisons d’après le Ministère de la Santé et de la Prévention : « La résistance aux antibiotiques menace notre mode de vie actuel et compromet toutes les avancées que la médecine a effectuées depuis plus de 70 ans. Si les habitudes de surconsommation d’antibiotiques ne sont pas stoppées, l’antibiorésistance pourrait devenir l’une des principales causes de mortalité dans le monde. »
L’antibiorésistance varierait selon les pays d’après une étude
Une étude récente publiée dans The Lancet montre que la résistance aux antibiotiques varie selon les pays.
Dans cette étude, les scientifiques ont cherché à analyser la dynamique spatio-temporelle des paires médicament-bactérie à partir des données de surveillance ABR (résistance aux antibiotiques) des infections mondiales collectées via ATLAS (base de données) et à identifier et comparer les principaux facteurs dits mécanistes (ventes d'antibiotiques, variables météorologiques et climatiques, indicateurs de richesse et de santé, densité de population, et le tourisme), associé à ces dynamiques.
C’est ainsi que les données de comptage des isolats cliniques de 51 pays sur la période 2006-2019 pour 13 paires médicament-bactérie issus d’ATLAS ont été analysés.
Ce qui ressort en premier lieu est que la répartition des taux de résistance aux antibiotiques entre les pays dépend « fortement » de la paire médicament-bactérie.
Le climat et des facteurs socio-économiques influencent fortement l’antibiorésistance
La qualité du système de santé, la richesse et le tourisme définissent également le taux d’ABR dans certains pays. « Ainsi, la propagation de bactéries résistantes pourrait influencer les taux d'ABR dans les populations où l'utilisation d'antibiotiques est faible. Des retombées peuvent se produire à de grandes échelles géographiques, affaiblissant les associations mondiales observées entre la consommation d'antibiotiques et la résistance » détaillent les chercheurs.
Les conditions climatiques jouent également un rôle dans l’antibiorésistance d’après les chercheurs. Ainsi, les catastrophes naturelles telles que les inondations contribuent probablement à des taux ABR élevés : « Un nombre accru d'infections par des bactéries ABR chez les personnes exposées à des catastrophes naturelles ou des niveaux sans précédent de gènes ABR dans l'eau à la suite d'ouragans ont été signalés dans la littérature. Cela résulte certainement de la perturbation des infrastructures, notamment des stations d'épuration, qui sont des réservoirs connus de résistance aux antibiotiques en milieu urbain. »
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