C’est un triste constat. L’espérance de vie est d’un à deux ans inférieure dans les territoires ruraux comparés aux villes. C’est ce qu’affirme une étude publiée par l’Association des Maires de France le 21 avril dernier. Pallier à cette inégalité, ce serait éviter 14 000 décès par an.
Bien loin des idées reçues sur l’espérance de vie dans les villes qui serait réduite à cause du stress et de la pollution, l’étude de l’Association des Maires de France nous rappelle malheureusement que les personnes vivant à la campagne ne sont pas avantagées, bien au contraire. On constate une surmortalité dans les zones rurales, qui touche deux fois plus les hommes que les femmes.
Une surmortalité dans les zones rurales
Pilotée par le géographe Emmanuel Vigneron, membre du Haut Conseil de la Santé Publique, cette étude au long cours a pour but de "fournir aux élus ruraux de nouveaux arguments et apporter au débat public de nouvelles données pour se forger une opinion éclairée sur la réalité de ce désastre sanitaire français." Pour mener à bien leurs travaux, les auteurs se sont basés sur l’indice ICM, Indice comparatif de mortalité. Il consiste à comparer le nombre de décès observés sur une partie du territoire avec les taux de référence. Par exemple, ils ont constaté qu’en Seine-et-Marne, plus l’on s’éloigne de la ville principale qui est Fontainebleau, plus cet indice augmente.
Au niveau national, l’Indice comparatif de mortalité est de 98 dans les bassins de vie urbains, contre 104 dans les bassins de vie ruraux. Dans les zones rurales, l’espérance de vie est exactement de 78,8 ans pour les hommes et de 84,9 ans pour les femmes. Dans les zones urbaines, elle est de 80,2 pour les hommes et 85,7 pour les femmes. "Les départements hyper-ruraux ont entre 10 et 15 ans de retard sur les départements urbains, note le rapport de l’AMRD. Ils en sont là où les départements urbains étaient avant 2010. " Mais quelles sont les causes et les raisons sous-jacentes de ces inégalités criantes ?
Les déserts médicaux responsables
Les auteurs de l’étude ont pointé la principale cause à cette inégalité alarmante : les déserts médicaux. La France compte 87% de déserts médicaux sur le territoire, particulièrement dans les zones rurales. En 2021, 11% des français n’avaient pas de médecin traitant. Parmi eux, plus de 600 000 sont en Affection Longue Durée, c’est-à-dire touchés par une maladie chronique. Cette absence de médecin traitant engendre parfois des complications irréversibles chez ces patients qui n’ont pas le suivi médical dont ils auraient besoin.
Un chiffre en constante augmentation ces dernières années, responsable de retards de diagnostics en particulier concernant des malades graves comme le cancer, ce qui réduit les chances de survie et joue directement sur l’espérance de vie.
Des écarts qui s’aggravent ces dernières années
Les auteurs de l’étude s’inquiètent particulièrement de l’augmentation de ces disparités ces dernières années. L’étude montre que sur trente ans, les écarts d’espérance de vie entre les départements ruraux et urbains ont considérablement augmenté pour atteindre près de deux ans d’espérance de vie en moins aussi bien pour les femmes.
En 1990, cette différence était quasi nulle. "Le plus surprenant est la régularité extrême du lien entre types de départements et espérance de vie", notent les auteurs de l’étude. Ils espèrent que les pouvoirs publics vont s’emparer de leurs travaux et réfléchir à des mesures concrètes à mettre en place pour rétablir une égalité de l’espérance de vie entre ceux qui vivent à la ville et ceux qui vivent à la campagne.
https://www.maire-info.com/ruralite/l'esperance-de-vie-inferieure-de-un-%C3%A0-deux-ans-dans-les-territoires-ruraux-article-27437
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