Une étude parue dans Nature Microbiology le 17 avril 2023 et menée par des chercheurs de l’Université de Copenhague a cherché à mieux comprendre la composition du microbiote des personnes atteintes d’anorexie mentale. Les scientifiques ont ainsi analysé l’impact de la restriction alimentaire sur la réponse naturelle du microbiote intestinal et ont observé que celle-ci accentue la maladie.
L’anorexie mentale, une maladie pluri-factorielle
“L’anorexie mentale est un trouble polyfactoriel qui dépend de facteurs génétiques et psychologiques individuels, en étroite interaction avec des facteurs environnementaux, familiaux et socioculturels. Parmi eux, il existe des facteurs prédisposants, des facteurs précipitants et des facteurs pérennisants”, indique l’Inserm.
L’institut liste comme facteurs principaux :
- des traits de tempérament caractéristiques (perfectionnisme, faible estime de soi, manifestations anxieuses ou dépressives précoces, moindre flexibilité cognitive)
- des variations génétiques (fréquentes mutations sur 8 gènes associés aux troubles obsessionnels compulsifs, à la dépression, à l’anxiété, à une forte inclination pour l’activité physique, mais aussi à un moindre risque de développer un diabète et à un faible indice de masse corporelle)
- des anomalies biologiques (hyperfonctionnement du système de la sérotonine et anomalies du circuit de la dopamine)
À noter : “la prévalence de l’anorexie au cours de la vie serait de 1,4% chez les femmes et de 0,2% chez les hommes”, selon l’Inserm.
Anorexie : un métabolisme altéré qui affecte directement le cerveau
Une altération du microbiote intestinal a par ailleurs été observée chez les patientes atteintes de cette pathologie grâce à des études réalisées sur de petites cohortes de participantes. L’étude parue dans Nature Microbiology le 17 avril 2023 explique pour sa part comment “le microbiote intestinal contribue à la pathogenèse de l’anorexie mentale chez les humains et les souris”. Les chercheurs ont analysé des échantillons fécaux et sanguins prélevés sur 77 patientes anorexiques et 70 femmes en bonne santé.
Quelques notions :
- on appelle microbiote “l'ensemble des micro-organismes – bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes, dits commensaux – qui vivent dans un environnement spécifique” (Inserm)
- la pathogenèse est “l’étude du processus par lequel une cause pathogène agit sur l'organisme et détermine une maladie” (Robert)
- “l'insuline permet aux cellules de l’organisme de capter le sucre qui circule dans le sang selon leurs besoins (par exemple cellules musculaires au cours d’un exercice) et de l’utiliser pour le transformer en énergie” (Ameli)
- le glucose “est le sucre qui est transporté dans le sang et capté par les cellules” (MSD)
- la protéine C réactive (CRP) est un marqueur biologique qui apparaît lors d’une inflammation
- on appelle métabolite les composés issus du métabolisme
Anorexie mentale : la présence des gènes suppresseurs d’appétit est plus importante
Les chercheurs de l’Université de Copenhague ont découvert que les patientes atteintes d’anorexie nerveuse présentaient à jeun des taux de glucose et d’insuline dans le sang plus faibles, une plus grande sensibilité à l’insuline et des taux de CRP plus bas. Ils ont identifié des métabolites altérés, ce qui pourrait avoir une influence directe sur les zones du cerveau responsables de l’appétit, des émotions et du comportement.
Les scientifiques ont ensuite réalisé des greffes fécales sur des souris qui suivaient un régime hypocalorique. Résultats : celles qui ont reçu des greffes provenant des patientes malades ont perdu encore plus de poids et ont mis plus de temps à en regagner, en comparaison avec les souris dont les greffes provenaient des patientes saines. De plus, chez les premières, la présence des gènes suppresseurs d’appétit dans l’hypothalamus était plus importante.
“The gut microbiota contributes to the pathogenesis of anorexia nervosa in humans and mice”, une étude parue dans Nature Microbiology le 17 avril 2023.
“Anorexie mentale, un trouble essentiellement féminin, à la frontière de médecine somatique et de la psychiatrie”, une fiche de l’Inserm.
“Microbiote intestinal (flore intestinale), une piste sérieuse pour comprendre l’origine de nombreuses maladies”, une fiche de l’Inserm.
“Qu'est-ce que le diabète ?”, une fiche d’Ameli.
“Diabète sucré (DS)”, une entrée du manuel MSD.
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