En France, la somnolence au volant est la première cause de mortalité sur autoroute. Alors que les premières vagues de vacanciers commencent à partir, l’association Attitude Prévention dévoile les résultats d’une étude française, montrant un lien entre l’alimentation et la vigilance au volant.
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Un tiers des accidents mortels sur autoroute seraient imputables à la somnolence. Plusieurs facteurs pourraient la provoquer, comme le manque de sommeil, la consommation d’alcool ou de médicaments, la température ambiante… et l’alimentation. Mais aucune étude n’avait encore permis d’évaluer concrètement l’impact de cette dernière, jusqu’à aujourd’hui.
Ces récents travaux ont été menés auprès de trente-deux automobilistes en situation réelle de conduite grâce à un simulateur, sous le contrôle du Dr. Frédéric Saldmann, cardiologue et nutritionniste, et du Pr. Fabrice Bonnet, médecin endocrinologue. Les participants ont réalisé 65 passages analysables, dont 53 tests de freinage et 46 tests de conduite. Cela a permis d’évaluer les risques d’hypovigilance - soit l'état intermédiaire entre la veille et le sommeil - après un jeûne séquentiel, un repas normal ou hypercalorique.
“Nous avons étudié la baisse de la vigilance des conducteurs en observant le mouvement des globes oculaires et les postures grâce à un boitier infra-rouge orienté vers le visage du conducteur”, explique le Dr. Saldmann. “Ces comportements ont été filmés et enregistrés sur des systèmes de big data selon des critères robustes et fiables au niveau médical et scientifique. Nous avons ensuite mesuré le nombre de comportements à risques selon le type de repas”.
Sandwichs, chips, biscuits : à bannir de vos pique-niques sur la route
D’après leurs résultats, prendre un repas hypercalorique avant de conduire serait particulièrement dangereux. C’est pourtant le type de repas le plus fréquemment choisi par les automobilistes sur la route des vacances : à base de chips, sandwich, fromage et gâteaux, il peut facilement atteindre les 1 500 kcal.
Selon les chercheurs, manger trop riche altère les capacités de freinage dans 100 % des cas, augmente la distance de freinage et diminue significativement la vigilance chez 60 % des conducteurs. Plus encore, 17,5 % des participants ont atteint le niveau maximal d’extrême somnolence… sur un test de conduite qui ne durait que 40 minutes, soit bien moins que la plupart des trajets pour partir en vacances.
Rester à jeun ou manger modérément : le choix de la sécurité
Prendre un repas classique, d’environ 500 kcal, semble beaucoup plus sûr, puisque seuls 17,5 % des conducteurs de ce groupe ont atteint un état de “somnolence modérée”. Et bien que les trois quarts d’entre eux aient vu leurs capacités de freinage légèrement s’altérer, cela n’avait que peu d’impact sur leur distance de freinage.
En outre, le jeûne s’avère être une excellente option, puisque parmi les participants n’ayant rien mangé depuis la veille au soir, aucun n’a dépassé le niveau dit “légèrement somnolent”. "La vigilance au volant commence dans son assiette. L’étude démontre, pour la première fois, qu’un repas léger et une bonne hydratation augmentent la vigilance”, souligne le Dr. Saldmann.
Ce dernier recommande d’éviter les repas trop copieux, mais aussi les aliments trop gras et trop sucrés. Il préconise de manger lentement, pour faciliter la digestion et de boire suffisamment d’eau. D’autres bonnes pratiques sont également primordiales avant de prendre le volant, notamment dormir suffisamment la veille du départ, ne pas boire d’alcool, faire des pauses régulières sur la route et vérifier la compatibilité de ses médicaments avec la conduite. “Plus on sera vigilant, moins il y aura d’accidents”, conclut le médecin.
Résultats de l'étude "Bien manger pour mieux conduire", Attitude Prévention, 11 juillet 2019.