Responsable de nombreuses nuits blanches pour l’entourage, ce bruit incessant est un véritable problème de santé qui impacte la vie de couple. Mais ce n’est pas une fatalité. Des exercices de kinésithérapies permettent de diminuer voire disparaître cette manière de respirer. Lorsqu’un patient entre dans son cabinet, Ronan Quillerou, kinésithérapeute libérale à Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine, lui propose de réaliser de nombreux exercices de musculation de la langue. Plus que des conseils, cette pratique demande de la part du patient un entraînement régulier à la maison pour obtenir un résultat positif sur du long terme.
Avant de penser à muscler sa langue, il faut comprendre les causes de cette affection. "Dans plus de 50 % des cas, les ronflements sont liés à un excès de poids", explique Ronan Quillerou. D’autres facteurs de risques tels que la consommation d’alcool et de tabac entraînent une inflammation chronique des voies aériennes supérieures gênant le passage de l'air.
Les ronflements sont causés par une réduction du calibre des voies aériennes supérieures, notamment due au relâchement des muscles de la langue, du voile du palais et du pharynx. Le passage de l’air fait alors vibrer les tissus relâchés. La musculation permet de limiter le phénomène.
"Les patients qui souffrent de ronflement ont une langue qui perd en tonicité. S’ils sont sur le dos, elle va tomber et l’air va rencontrer des difficultés pour circuler"
Il est rare qu’un ronfleur se rende compte de sa manière de respirer. L’entourage est souvent le premier à l’informer. Comme les ronflements peuvent être liés à la prise de certains médicaments de type hypnotique ou de pathologies qui obstruent les voies aériennes, il est conseillé de consulter son médecin traitant. Lorsque ce dernier élimine les causes médicales, la rééducation de la langue devient intéressante. "Cette rééducation peut suffire à apaiser le sommeil des petits ronfleurs et de leur conjoint", indique Ronan Quillerou.
Le premier conseil du kinésithérapeute se situe dans la position pour dormir. "Les patients qui souffrent de ronflement ont une langue qui perd en tonicité. S’ils sont sur le dos, elle va tomber et l’air va rencontrer des difficultés pour circuler", précise-t-il. "Alors que s’ils se positionnent sur le ventre, le ronflement va disparaître".
Le corps doit être aligné
Son deuxième conseil porte sur la posture: un dos droit, une position tête et cou alignés pour améliorer la circulation de l’air. "Le menton ne doit pas toucher le sternum pour éviter que la trachée se coude". Comme dans les exercices de relaxation il est important d'ouvrir la cage thoracique et de respirer par le nez.
Mais alors comment muscler la langue. "Dans le cadre de la gymnastique maxillo-faciale, il faut tirer la langue, faire des cercles avec pour tonifier le muscle", souligne Ronan Quillerou.
Et de nombreux exercices existent : répéter la même syllabe plusieurs minutes d'affilée, sortir la langue et essayer de faire un tuyau avec, la sortir et la rentrer de manière répétitive, faire des mimiques et des grimaces à ses petits-enfants, faire des onomatopées, manger une pomme plutôt que de prendre des compotes, boire avec une paille... "La langue c'est un ensemble, les exercices doivent être fatigants".
Un entraînement régulier
Ces exercices n’ont rien de magiques. Quelques séances avec un kinésithérapeute ne suffisent pas à éradiquer les ronflements. Comme pour le brossage des dents, une routine doit alors s’installer. "Le résultat dépendra de l’intensité et de la volonté du patient à faire les exercices. S’il a une base sportive, ce sera plus facile", explique Ronan Quillerou.
Le professionnel de santé rappelle également l’importance de l’hygiène de vie. "On rentre vite dans une spirale de sédentarité, les gens qui ont pris du poids rapidement ont des problèmes de compression de la cage thoracique, le diaphragme se bloque et il faut de l’apnée du sommeil".
Et cette routine fonctionne. En s’entraînant chaque jour avec des exercices similaires pendant trois mois, les participants d’une étude sud-américaine, menée en 2015 et parue dans la revue Chest, ont réussi à réduire de 36 % la fréquence de leurs ronflements et de 59 % leur puissance pour le plus grand bonheur du reste de la famille.
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