Solitude : les deux périodes de la vie où l'on en souffre le plusIstock

Se sentir seul affecte à la fois la psyché et la santé physique. En France, une personne sur cinq affirme se sentir régulièrement seule, révélait une étude de la Fondation de France parue en janvier 2024.

Le sentiment de solitude, défini par l’Organisation mondiale de la Santé, par "la douleur sociale liée au fait de ne pas se sentir en lien avec autrui" fait souffrir.

Les ravages de la solitude, et son corollaire l’isolement, sont préjudiciables pour la santé à des niveaux comparables à d'autres fléaux sanitaires que sont le tabac ou l’excès d’alcool. Selon l’OMS, "le manque de liens sociaux entraîne un risque de décès précoce équivalent, voire supérieur, à d’autres facteurs de risque mieux connus, tels que le tabagisme, l’abus d’alcool, l’inactivité physique, l’obésité et la pollution de l’air".

Alors que cette fragilité relationnelle est souvent associée au grand âge, une nouvelle étude montre une réalité plus nuancée. Selon des scientifiques américains de l’Université de Nothwestern (Etats-Unis), le sentiment de solitude suit une courbe en sorte de U qui connaît deux pics majeurs au cours de l’existence.

En se basant sur neuf études longitudinales réalisées à travers le monde (au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suède, aux Pays-Bas, en Australie, en Israël et dans d'autres pays), les chercheurs ont identifié que le sentiment de solitude est plus élevé chez les jeunes et les adultes plus âgés, et plus faible au milieu de l'âge adulte.

"Ce qui est frappant, c'est la constance de l'augmentation de la solitude à l'âge adulte", a déclaré Eileen Graham, professeur agrégé de sciences sociales médicales à la Northwestern University Feinberg School of Medicine, et auteur de la recherche.

L'étude, publiée le 30 avril dans la revue Psychological Science, met également en exergue plusieurs facteurs de risque de solitude accrue tout au long de la vie. Parmi les critères de vulnérabilité, les chercheurs pointent du doigt le fait d’être une femme, ou encore d’avoir un niveau de revenu plus faible, ou d’être divorcé.

"L'étude a révélé que les personnes souffrant d'une plus grande solitude persistante étaient, de manière disproportionnée, des femmes, plus isolées, moins éduquées, avec un revenu plus faible, plus de limitations fonctionnelles, divorcées ou veuves, fumeuses ou en moins bonne santé cognitive, physique ou mentale", précise le communiqué de l’étude.

Être marié, un rempart contre la solitude ?

"À mesure que les gens vieillissent et se développent à l'âge adulte et au milieu de la vie, ils commencent à s'enraciner et à s'établir, consolidant leurs groupes d'amis adultes, leurs réseaux sociaux et leurs partenaires de vie", analyse Tomiko Yoneda, professeur adjoint de psychologie à l'Université de Californie à Davis.

Et d'ajouter : "Nous avons la preuve que les personnes mariées ont tendance à se sentir moins seules, donc pour les adultes plus âgés qui ne sont pas mariés, trouver des points de contact sociaux significatifs contribuera probablement à atténuer le risque de solitude persistante".

Doit-on conclure qu’être marié ou en couple fait barrage à la solitude ? Les chercheurs se gardent de tout raccourci, rappelant la complexité de la relation entre les liens sociaux et la solitude. "On peut avoir beaucoup d'interactions sociales et se sentir seul ou, au contraire, être relativement isolé et ne pas se sentir seul", nuance Eileen Graham.

Sources

https://www.fondationdefrance.org/fr/les-solitudes-en-france/etude-solitudes-2024

https://www.who.int/fr/news/item/15-11-2023-who-launches-commission-to-foster-social-connection

https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/09567976241242037

https://news.northwestern.edu/stories/2024/04/loneliness-grows-as-we-age/

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