Comment réussir à accepter l'incertitude ?Adobe Stock
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Face à une actualité qui apporte chaque jour son lot de mauvaises nouvelles (conflit au Proche-Orient, Guerre en Ukraine, inflation et difficultés économiques…), et face aux aléas du quotidien, le constat nous éclabousse à la figure : nous n’avons aucune prise sur les événements et sur notre vie en général. Cette vérité éclatante a ceci d’effrayant qu’elle se heurte de plein fouet aux velléités de nombre d’entre nous de tout organiser, de planifier notre emploi du temps et d’agencer notre vie dans les prochains mois ou prochaines années.

Vouloir tout contrôler, une fausse croyance dangereuse

Mais malgré toutes les bonnes qualités organisationnelles, l’énergie et les ressources déployées pour baliser le terrain, il reste toujours des grains de sable qui viennent gripper ce manège bien huilé. Des facteurs impondérables qui nous rappellent cette incapacité intrinsèque à tout contrôler. "Il y a un leurre de départ, c’est de penser qu’on est dans la capacité de tout contrôler, de tout prévoir", observe Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne à Paris et auteure de "Déconditionnez-vous" (éditions Courrier du Livre).

Cette "fausse croyance" se base sur un postulat de départ lui-même biaisé, celui selon lequel "si on maîtrise un maximum de choses, on sera moins exposé à une déception, à l’échec et à la déconvenue", continue Johanna Rozenblum.

Une peur de l’avenir et un besoin de protection

Problème, chez ces "allergiques" au hasard et ces inconditionnels du contrôle, cette conception peut refléter une "profonde anxiété, une peur par anticipation, une angoisse de l’avenir".

De surcroît, ce besoin de tout contrôler peut aussi cacher une volonté de "se protéger face aux événements imprévus de la vie qui pourraient nous endommager", précise la thérapeute.

Quand ces fausses croyances sont ancrées et alimentées à l’excès, le sursaut se révèle bien souvent brutal. Cette résistance à l’imprévisible et ce besoin de tout maîtriser génèrent des ondes de choc qui peuvent fragiliser la psyché.

Les risques de l’intolérance au hasard

"Cela peut entraîner un trouble an xieux qui se généralise, éventuellement une phobie sociale. Plus on rigidifie sa pensée en croyant à une vérité qui nous rassure, plus on risque d’être déçu et de mal vivre l’échec, explique la psychologue. Or, quand les personnes qui croient maîtriser les situations se heurtent à un mur, elles se brisent littéralement. Cela se transforme en déconvenue énorme, une déception profonde, à l’inverse des personnes qui ont cette conscience de l’immuabilité des choses et du hasard, qui sont prêtes à accepter la déception et un trajet alternatif".

Adopter la souplesse du roseau

Apprendre à s’assouplir, à faire preuve de plus de flexibilité tel un roseau, face à ce qui nous arrive, peut nous aider à sortir de l’ornière. Sachant qu’il est impossible de tout prévoir, autant surfer sur cette impuissance pour la transformer en élan positif. "Apprendre à vivre un échec, un imprévu n’est pas forcément une mise à mal, relativise la psychologue. C’est parfois un enseignement, une possibilité de s’adapter davantage et de mettre en place des stratégies d’adaptation, d’évoluer et d’apprendre de ses échecs ou des épreuves à traverser".

Peur de l’incertitude : comprendre les causes profondes

Mais avant d’emprunter ces itinéraires alternatifs, il convient de comprendre au préalable les racines enfouies sous cette anxiété et cette peur face à l’incertitude. "Il est très important de comprendre d’où vient cette anxiété ou cette peur de l’avenir qu’on ne maîtrise pas, de s’interroger sur son histoire. Cela peut être un héritage de l’enfance ou être lié à un environnement social, une éducation ou des expériences potentiellement traumatiques que l’on a vécu et qui nous empêchent de vivre l’imprévu".

Ce travail d’analyse aide à mieux prendre conscience de ses schémas de pensée "ultra-rigide". Une fois cette introspection réalisée, il est plus facile d’insuffler de la flexibilité intellectuelle de façon à mettre ensuite en place des changements progressifs dans son quotidien.

Porter un nouveau regard sur les choses de la vie

"Il est possible de se faire accompagner par un psychothérapeute spécialisé en thérapies cognitivo-comportementales. Cela peut aider à mettre en pratique cette nouvelle philosophie, ce nouveau regard qu’on porte sur les choses, en se confrontant à des petites épreuves et des imprévus", conseille Johanna Rozenblum. Et l’experte de citer un exemple : "Face à un imprévu professionnel comme "on n’a pas validé sa période d’essai pour un travail donné". On peut voir cela comme un échec ou comme l’opportunité de se questionner sur le métier qu’on a envie de faire, le milieu dans lequel on a envie de travailler, l’importance qu’on souhaite donner à la sphère professionnelle par rapport à la sphère privée".

Cet entraînement intellectuel régulier nous place face au dilemme de "voir le verre à moitié vide ou à moitié plein".

En s’habituant à imaginer différents scénarios face à une réalité donnée, on devient progressivement moins perméable aux aléas de la vie.

Sources

Merci à Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne à Paris et auteure de "Déconditionnez-vous" (éditions Courrier du Livre)

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