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Qu’est-ce que l’estime de soi ?

C’est le rapport qu’on entretient avec soi-même sous trois aspects :

Comment on se voit : est-ce qu’on se focalise sur ce qui va bien, sur nos points forts et nos qualités, ou plutôt sur nos manques, nos défauts et nos limites ?

Comment on se juge : est-ce qu’on a tendance à être trop sévère ou trop complaisant avec soi ? Il s’agit toujours d’une question de juste équilibre.

Comment on se traite : comment réagit-on à l’échec ? Est-ce qu’on se punit et on se dévalorise, ou est-ce qu’on se console et on se remonte le moral ?

Avoir une estime de soi trop haute n’est pas bonne non plus ?

Il faut déjà se demander ce qu’est une "bonne" estime de soi. Il s’agit en grande partie d’un juste milieu : ni trop, ni trop peu. Avoir une bonne estime de soi ce n’est pas seulement avoir une haute estime de soi-même et se reconnaître des qualités, c’est aussi respecter les autres. On sait qu’il existe un profil narcissique chez certaines personnes, lesquelles s’estiment brillantes, compétentes, intelligentes, séduisantes, etc. mais qui ont tendance en même temps, pour se rassurer, à dévaloriser les autres. Elles veulent se sentir supérieures aux autres, ce qui ne correspond pas à la définition d’une bonne estime de soi. On a besoin des autres et ils font partie de notre écosystème. C’est donc normal de les estimer aussi.

À quel point avons-nous besoin des autres ?

Il y a un certain nombre d’études sur le sujet. Par exemple, si vous demandez à des volontaires d’évaluer la hauteur d’une montagne, selon qu’ils soient seuls ou accompagnés de leur meilleur ami, ils vont l’évaluer plus ou moins haute. Etre accompagné d’un ami permet de la trouver moins haute et moins raide : se sentir soutenu rend les obstacles moins impressionnants.

D’autres études montrent que les personnes qui ont des liens sociaux de bonne qualité ont une meilleure estime d’elles-mêmes que les narcissiques. En fait, quand elles sont confrontées à des difficultés elles savent qu’elles peuvent compter sur les autres, là où les narcissiques ne comptent que sur eux. C’est une nouvelle vision de l’estime de soi, qui n’est pas seulement de se valoriser mais aussi de comprendre qu’on s’intègre dans un tissu relationnel, qui est une forme de ressource. Les solutions ne sont pas seulement à l’intérieur de nous, mais aussi à l’extérieur.

Il s’agit de s’estimer et de s’oublier ?

En effet, le but de l’estime de soi n’est pas de se regarder dans la glace et d’être sans arrêt en train de penser à soi. On s’estime, puis quand on a fait ce travail, on passe à ce qu’il y a autour de nous. En réalité, il y a eu dans les recherches trois étapes importantes. Des années 1960 aux années 1990, on parlait du "renforcement de soi" : être conscient de ses qualités, de ce pour quoi on nous apprécie, s’affirmer, apprendre à donner son avis…

Des années 1990 aux années 2010, on complétait le travail précédent avec "l’acceptation de soi". L’idée est que même si on travaille sur soi, on va s’apercevoir qu’on a des imperfections. Ce n’est pas se résoudre à être médiocre, c’est se dire que tout n’est pas parfait quoi que je fasse. Donc je ne renonce pas à mes idéaux mais je ne me persécute pas si je ne les ai pas atteints.

Enfin, depuis une quinzaine d’années on s’est aperçus qu’une bonne direction à privilégier est celle de l’oubli de soi. Ce n’est pas non plus réprimer ce que nous sommes et nos besoins, mais plutôt s’alléger de soi. Cesser de se focaliser sur soi et regarder autour est un bon moyen de renforcer l’estime de soi. L’immersion dans la nature fait également partie de ce décentrage qui nous fait du bien.

L’estime de soi est-elle relativement stable tout au long de notre vie ? Si non, quelles sont les périodes de vie où elle est la plus haute/la plus basse ?

La période la plus fragile de l’estime de soi est celle de l’adolescence, les ados n’ayant pas le gouvernail intérieur pour les aider à avoir foi en leurs capacités. Ça remonte à l’âge adulte, puis quand on s’approche de l’âge de la retraite on se trouve de nouveau dans une situation où l’estime de soi peut vaciller.

Pourquoi ce changement ?

Parce que notre corps est moins rassurant et notre apparence est moins séduisante. Avec le départ à la retraite on a une fonction sociale moins utile et on peut se sentir moins reconnu. Il y a des gens qui prennent mal ce virage et se sentent dévalorisés.

D’autres au contraire remplacent leur travail par des activités sociales ou associatives et progressent encore en stabilité émotionnelle. C’est important d’adopter des stratégies d’ouverture aux autres et sur le monde, même si c’est un peu à contre-courant de notre époque qui est beaucoup dans la promotion de soi…

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