Alors que les articles et les livres sur la ménopause se comptent par centaines, que les films sur des héroïnes quinquagénaires accablées par les bouffées de chaleur font rire les foules et que les traitements hormonaux de substitution font régulièrement l’actualité, l’andropause reste un surgement largement tabou.
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Comme l’explique l’Association française d’urologie, l’andropause est un “syndrome biochimique associé à l’âge, caractérisé par une diminution des androgènes dans le sérum avec ou sans diminution de la sensibilité aux androgènes, responsable d’une altération de la qualité de vie et d’un impact sur la fonction de plusieurs organes”. Ce phénomène entraîne “une dysfonction érectile organique, une baisse de la libido, des bouffées de chaleur, des pertes de la mémoire, des troubles de l’attention et de la dépression”.
C’est bien la seule définition précise qu’on puisse trouver de l’andropause sur Internet, hors magazines dits “féminins”. Ce non-dit sociétal autour de l’andropause a attiré l’attention de la journaliste et autrice Anne-Cécile Michelet, qui a voulu remédier à un manque de connaissance global en enquêtant sur le sujet. Elle a ainsi publié Tout ce que vous devez savoir sur l'andropause (mais que vous n’osez pas demander) aux éditions Leduc en mars 2023.
“Ce sujet est entré dans ma vie privée via mon compagnon. Je voulais savoir de quoi il parlait, ne serait-ce que pour notre vie intime. Je voulais l'aider, alors j’ai essayé de me renseigner sur l’andropause et j'ai découvert que cela touchait tous les hommes, avec plus ou moins de symptômes. Mais sur Google, il n’y avait presque pas d’informations sur le sujet, et les rares choses que je trouvais renvoyaient à des articles sur la ménopause. Souvent, en fin d’article, le mot andropause était cité, mais seulement pour dire que cela ne concernait presque personne.”
“Je pense qu'il y a une honte de l’andropause chez les hommes”
Seulement, Anne-Cécile Michelet le constate autour d’elle : les hommes d’une cinquantaine d’années - et leur compagne lorsqu’ils sont en couple hétéro - développent fréquemment une angoisse liée aux signes de l’andropause, sans savoir comment y remédier. Alors elle décide de pallier elle-même ce manque d’informations via son enquête.
Pourquoi un tel tabou sur l’andropause et une telle ignorance de ses manifestations, même par les premiers concernés ? “Je pense qu'il y a une honte chez les hommes”, estime Anne-Cécile Michelet. Elle développe : “Quand on parle d’andropause, on parle d'érection, de l’injonction à être fort, à être dur. Ça peut être très angoissant. Alors si on n’évoque pas l’andropause, c’est comme si elle n’existait pas.” L’autrice constate par ailleurs que les hommes en parlent peu entre eux, et encore moins à des professionnels de santé mentale. “Je ne compte plus les hommes qui m'ont assuré que ça ne les concernait pas. Alors que je savais, par leur campagne, qu’ils étaient en pleine andropause !”
“Les hommes s'imaginent que les difficultés érectiles sont un motif de rupture”
Écrire ce livre a permis à Anne-Cécile Michelet de confirmer son intuition : les hommes sont peu nombreux à maîtriser le sujet. “Certains sont complètement à côté de la plaque. De la même manière, ils se trompent sur les attentes des femmes. Ils se focalisent sur l’érection : ils s'imaginent que les difficultés érectiles sont un motif de rupture ou de désamour. Et puis, la peur de l’andropause ne s'arrête pas à la porte de la chambre à coucher : vis-à-vis des autres hommes, il y a une crainte d’être moins viril.”
La journaliste émet une hypothèse : l’agressivité de certains hommes pourrait être favorisée par cette période d’andropause. “Quand on perd sa puissance éjaculatoire et sa puissance érectile, j'imagine qu’on se sent complètement dépossédé”, argumente-t-elle. Elle constate néanmoins que ces complexes concernent beaucoup moins les jeunes générations. “Les hommes jeunes en savent davantage que leurs aînés sur l’andropause. Et ils posent plein de questions”, assure l’autrice.
Andropause : “Les hommes ne savent pas très bien ce qui leur arrive”
Après la publication de Tout ce que vous devez savoir sur l'andropause (mais que vous n’osez pas demander), plusieurs hommes, inquiets ou curieux, l’ont sollicitée. “Ils sont un peu angoissés, ils ne savent pas très bien ce qui leur arrive. Le fait que j'aie écrit un livre me met dans une position neutre, c'est comme si je n'étais plus sexuée. Ils me posent pas mal de questions sur l'érection, d'ailleurs.”
D’après Anne-Cécile Michelet, beaucoup de chemin reste toutefois à faire en matière de sensibilisation aux symptômes de l’andropause, notamment à cause du silence des médias. “Je le vois bien avec la promotion de mon livre : les femmes journalistes sont intéressées par le sujet, mais elles en traitent rarement, peut-être à cause des hommes qui décident au-dessus.”
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