Vous surfez sur vos écrans jusqu’à pas d’heure, jusqu’à empiéter sur votre sommeil? Votre consommation de sucre atteint des sommets, et vous ne parvenez pas à la réduire? Vous avez besoin de votre verre de vin (ou plus) tous les soirs pour vous détendre ? Vous jouez de l’argent, au-delà de vos moyens ? Vous êtes addict.
Derrière toutes ces situations et ces addictions au demeurant fort différentes se cachent en réalité des fonctionnements comparables qui ont un dénominateur commun : le plaisir. “Lorsqu’une personne pratique une activité qu’elle aime, cela déclenche du plaisir au niveau cérébral, ce qui la pousse à répéter l’activité qui, avec le temps, devient une habitude, explique le Pr Laurent Karila, psychiatre et addictologue, auteur de “Docteur : Addict ou pas ?” (éd. Harper Collins).
Faut-il se priver de tout plaisir au risque de sombrer dans l’addiction ?
La recherche du plaisir est une histoire sans fin, n’est-ce pas? Le hic ? Notre cerveau est pleinement impliqué dans cette quête du plaisir - des neurones aux hormones -, c’est ce que l’on appelle le circuit de la récompense.
En principe, ce système complexe est en bon équilibre, mais chez certaines personnes ou dans certaines conditions, il dysfonctionne. La dépendance prend le pas sur le plaisir: éteindre l’écran, arrêter de jouer de l'argent, diminuer le sucre ou remplacer le verre de vin par un verre de jus devient impossible. Pire, on reproduit le schéma addictif de plus en plus souvent.
Une question de volonté ? Jamais
Contrairement à ce que l’on pense souvent à tort, il n’est nullement question ici de volonté. Tout comme vous n’arrivez pas à décrocher de la cigarette alors que vous savez pertinemment que vous mettez votre santé en danger et que vous augmentez vos risques de souffrir d’un cancer, il n'est jamais facile de se débarrasser d’une addiction. Quelle qu’elle soit. Car les addictologues et autres experts de la question sont unanimes et formels : l’addiction, quand elle est installée, est une maladie.
Pour mieux vous aider à vous situer par rapport à votre consommation et à décrocher si besoin, le Pr Karila a identifié 10 points clés essentiels de l’addiction.
Quand on est accro on se prive de la liberté de dire “non”
1/10
L’addiction décide pour nous: c’est toujours oui.
Quand est est addict, on ne prend plus de décision
2/10
De la même façon, la décision n’est pas prise par nous, mais par la maladie.
On s'éloigne de ce que l’on sait être bon pour nous
3/10
Alors que l’on sait pertinemment que cette addiction n’est pas bonne pour nous.
Personne n’est à l’abri
4/10
L’addiction peut toucher n’importe qui, de n’importe quel milieu social et de n’importe quel âge.
L’addiction est une maladie complexe
5/10
“ Elle résulte des interactions entre notre développement personnel, notre cerveau, notre génétique, notre psychologie et ses troubles et l’environnement, précise le Pr Karila dans son livre.
On ne ressent plus aucune motivation
6/10
On se sent dépassé par l’addiction que l’on ne parvient pas à contrôler.
La notion de plaisir est compliquée
7/10
Notre échelle du plaisir est en déséquilibre en permanence.
Quand on est addict, on peut répondre aux 5 C
8/10
Ce moyen mnémotechnique a été élaboré par le Dr Karila. En cas d’addiction, on retrouve : perte de Contrôle, usage Compulsif, Craving, usage continu ou Chronique, Conséquences sur la vie.
La rechute fait partie de la maladie
9/10
Elle ne doit pas inquiéter, comme dans l’arrêt du tabac.
On ne guérit pas de l’addiction
10/10
Quand on a eu des comportements addictifs, il faut toujours rester vigilant.
Sources
“Docteur : Addict ou pas ?” du Pr Laurent Karila (éd. Harper Collins). https://www.harpercollins.fr/products/docteur-addict-ou-pas
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