Chez les personnes sujettes à la chérophobie, partager une expérience agréable et joyeuse donne des suées froides. Ces "allergiques au bonheur" balayent d’un revers de main toute promesse de lendemain qui chante. Il leur paraît inconcevable de flirter avec toute émotion ou situation positive. Cette incompatibilité auto-proclamée au bonheur s’explique par la peur de l’effet boomerang : l’angoisse concomitante de souffrir.
Ces schémas de pensées limitantes s’avèrent bloquants au quotidien : par souci de conserver cette étanchéité à tout état heureux, ces personnes peuvent mettre leur vie entre parenthèses.
Si ce trouble anxieux peut être alimenté par différentes sources, comme l’expliquait notre expert Sébastien Garnero dans un précédent article, force est de constater que certaines personnalités tendent à être plus vulnérables que d’autres.
Peur d’être heureux : les profils les plus exposés
D'après le Dr Sébastien Garnero, psychologue clinicien, Docteur en psychologie et hypnothérapeute, quatre profils psychologiques se détachent généralement dans la chérophobie. L’expert les décode pour Medisite :
-Les personnalités évitantes
"Ces personnes ont une tendance à éviter les situations sociales et les expériences nouvelles par peur du rejet ou de l’échec, décrypte le Dr Sébastien Garnero. Pour ces personnes, les expériences trop positives peuvent être perçues comme un risque de vulnérabilité émotionnelle face à l’inconnu".
-Les personnalités anxieuses (ou souffrant d’anxiété généralisée)
Selon notre spécialiste, "ces personnes tendent à développer des anticipations anxieuses permanentes, toujours orientées vers le futur et donc dans l’incapacité de percevoir ou de vivre sereinement le présent et donc aussi le bonheur. Dans tous les cas, demeure la crainte que quelque que chose de négatif ou de malheureux puisse survenir, dans la mesure où l’état serein et heureux ne peut être durable".
-Les personnalités à tendance dépressive
L’éclairage du Dr Garnero : "Ces personnalités ne peuvent pas envisager ni se projeter dans un avenir meilleur. La chérophobie est d’ailleurs souvent corrélée avec les problématiques dépressives ou des troubles de l’humeur sous-jacents (fluctuations de l’humeur)".
-Les personnalités perfectionnistes ou contrôlantes
"Ce type de personnalité est assez fréquent. Elles ont des impératifs de vie extrêmement rigides et des exigences très élevées envers eux-mêmes et les autres, analyse le psychologue. Elles ne sont jamais satisfaites d’elles-mêmes, ce qui ne leur semble pas coller avec leur quête de perfection idéale inatteignable. Cette perception biaisée leur fuir ou craindre un bonheur forcément imparfait".
Chérophobie : quels sont les signes qui peuvent la révéler ?
La chérophobie peut se manifester à travers différents signes et symptômes cliniques. D’après Sébastien Garnero, six indices peuvent alerter chez un proche ou chez soi. Découvrez-les en images.
La tendance à l’anxiété, un signe de chérophobie
Parmi les signes possibles, on peut repérer une tendance à l’anxiété ou à l’appréhension forte et récurrente devant des idées ou situations propices à un futur bonheur ou à des expériences positives.
Une anticipation anxieuse, un signe de chérophobie
Cette anxiété anticipatoire est liée à la peur de ressentir un état heureux et d’en souffrir par la suite.
L'évitement, un signe de chérophobie
La peur d’être heureux pousse à fuir toute expérience ou situation positive qui pourrait susciter un état heureux.
L’auto-sabotage, un signe de chérophobie
Par ce processus, la personne entrave toute opportunité de vivre des expériences positives de réussite ou de joie. Ces formes d’auto-sabotage peuvent masquer "un certain masochisme psychique plus ou moins inconscient", pointe le Dr Garnero.
Une tendance à l’isolement, un signe de chérophobie
La peur phobique d’être heureux amène le plus souvent à s’isoler à se mettre en retrait de la vie sociale.
Une spirale de pensées négatives
La chérophobie peut aussi se manifester par une dimension anxio-dépressive, "associée à des pensées négatives, parfois catastrophistes, ou bien apocalyptiques irrationnelles" autour du bonheur, du malheur et de la déchéance.
Merci au Dr Sébastien Garnero, Docteur en psychologie, psychologue clinicien et hypnothérapeute.
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