Les boissons sucrées, quel impact sur notre coeur ?
On a cru longtemps que les graisses contenues dans notre alimentation étaient les principales responsables des maladies cardiovasculaires. Aujourd’hui, de nombreuses études ont remis en cause cette croyance. Si on n’enlève pas qu’un excès d’acides gras saturés soient néfastes à notre santé, notre consommation de sucre est toute aussi préoccupante.
A lire aussi :
Sucre : 8 signes qui prouvent que vous en mangez tropC’est ainsi qu’une nouvelle étude parue en mars 2019 dans la revue Circulation de l’American Heart Association, a voulu montrer que consommer des boissons sucrées ou édulcorées de façon quotidienne pouvaient entraîner un risque de développer des maladies cardiovasculaires de façon prématurée. Pour arriver à cette conclusion, des chercheurs de l'Harvard T.H Chan School of Public Health ont étudié 37 716 hommes et 80 647 femmes entre 1980 et 2014.
Mais si « l’excès de boissons sucrées est délétère et peut mener aux maladies cardiovasculaires, cela n'est toutefois pas si simple », explique Béatrice de Reynal. « En effet, cette étude reprend des données épidémiologiques anciennes, entre 1980 et 2014, dont l’objet n’était pas, au départ, de travailler sur ce lien sucres-maladies cardiovasculaires. Il est important de la prendre avec du recul, car il aurait fallu analyser l’ensemble des apports quotidiens en différents sucres (sirop de glucose-fructose, fruits, miel…), en alcool, en café, en thé, en additifs, en conservateurs, en colorants, par rapport à l’utilisation de bouteilles en plastique ou en verre… Cette étude réalisée aux Etats-Unis ne montre pas non plus les différences entre nos pays. Les boissons aux USA contiennent essentiellement des sirops de glucose-fructose nocifs, quand il y a du sucre dans celles vendues en France. »
AVC : haro sur les boissons sucrées
Une étude américaine de la Boston University School of Medicine, parue en avril 2017 et réalisée sur plus de 4000 personnes, a cherché un lien entre la consommation quotidienne de sodas et le risque de développer un AVC ou la maladie d'Alzheimer. Pour les chercheurs, le risque serait trois fois plus élevé que pour les personnes qui n'en consomment pas.
« Les chercheurs ont conclu qu’en écartant toute autre pathologie, le risque accru de démence et d’AVC pourrait venir d’une consommation de boissons sucrées. Cela n’a cependant pas été démontré, seulement avancé », précise Béatrice de Reynal.
Que faire ? Limitez votre consommation de boissons sucrées, et préférez des « pur jus de fruits » pasteurisés ou stérilisés dans le commerce qui sont réglementés et conservent 70 à 80 % de leur vitamine C, ou des jus de fruits frais pressés vous-même ou trouvés dans les rayons frais. « Un verre par jour suffit à couvrir 80 % de vos besoins quotidiens. Le reste sera trouvé dans l’alimentation. »
Pression artérielle : fuyez les boissons sucrées et énergisantes
Monster®, RedBull®, Burn®, Dark Dog®... Ces boissons seraient mauvaises pour la tension artérielle. En effet, un rapport de l’agence française sanitaire de 2013 soupçonne que la consommation régulière de boissons énergisantes peut entraîner une activité cardiaque électrique anormale et une pression artérielle élevée, un des principaux facteurs de risque dans la survenue d’un AVC.
En cause : la caféine, mais pas seulement, puisque la plupart de ces boissons contiennent également de la taurine, du guarana, du ginseng et beaucoup de sucre, dont les effets cumulés, ont la capacité de modifier les propriétés électrophysiologiques du corps. Aujourd’hui, « la France n’a pas pu démontrer la dangerosité qu’elle soupçonnait du Red Bull®, et n’a donc pas pu empêcher sa libre circulation sur le territoire », déplore Béatrice de Reynal.
Que faire ? Limitez si possible leur consommation. L’association d’alcool et de boissons riches en caféine, en taurines et autres composants est aussi à éviter.
Infarctus : le sucre en cause
« L’excès de boissons sucrées ou alcoolisées est délétère et mène aux maladies du surpoids et de l’obésité, à savoir le syndrome métabolique, et les risques cardio-vasculaire comme l’infarctus et l’AVC », explique Béatrice de Reynal. « Il ne faut pas non plus oublier que ceux qui abusent de ces boissons ont probablement une alimentation faite d’excès, qui alourdissent les problèmes de santé. »
Que faire ? « Il faut toujours considérer les boissons autres que l’eau comme des boissons facultatives que l’on doit consommer de façon exceptionnelle, comme on prendrait un apéritif une fois par semaine. Cela ne devrait pas être des boissons quotidiennes, voire multiquotidiennes. Ne comparons pas non plus les Américains et Anglais avec les Français. Les Anglosaxons ne boivent jamais d’eau, mais du café et des softs. En France, les enfants ont de l’eau à table. Une habitude à conserver impérativement. »
Remerciements à Béatrice de Reynal, docteur en nutrition et directrice de l’agence NutriMarketing, auteure de l'ouvrage "Ouvrez l’oeil avant d’ouvrir la bouche" aux éditions Robert Laffont, et rédactrice en chef de la lettre électronique Consultation Nutrition (abonnement sur demande).
Long-Term Consumption of SugarSweetened and Artificially Sweetened Beverages and Risk of Mortality in US Adults, Circulation, 9 avril 2019
Daily Consumption of Sodas, Fruit Juices and Artificially Sweetened Sodas Affect Brain, BU School of Medicine, 20 avril 2017