La maladie de Parkinson est un véritable défi pour les scientifiques, voici ce qu'il faut savoir sur la rechercheIstock
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Près de 200 000 personnes, en France, sont atteintes de la maladie de Parkinson. Deuxième maladie neurodégénérative la plus fréquente, après la maladie d’Alzheimer, la maladie de Parkinson se caractérise par une dégénérescence progressive du cerveau conduisant à des troubles moteurs, de la santé mentale et du sommeil. Rare avant 50 ans, cette maladie constitue une cause majeure de handicap chez le sujet âgé. Le diagnostic est en effet réalisé tardivement, lorsque les symptômes moteurs apparaissent, autour de 58-70 ans.

Maladie de Parkinson : que se passe-t-il au niveau du cerveau ?

Dans le cas de la maladie de Parkinson, les neurones producteurs de la dopamine (neurotransmetteur) sont atteints et meurent dans des zones profondes du cerveau : la substance noire. Cela provoque une neurodégénérescence. Cette mortalité des neurones diminue la quantité de dopamine produite et cause les symptômes de la maladie. Il s’agit d’une maladie chronique, qui évolue sur plusieurs années.

Maladie de Parkinson : des causes inconnues

On ne connaît pas la cause de la maladie de Parkinson, comme le souligne l’experte Françoise Lazarini. Selon cette dernière, il s’agit « probablement d'une maladie multifactorielle favorisée par l’âge, l’environnement et le terrain génétique. » Il est intéressant de noter que la prévalence de la maladie diffère selon les régions : « Elle est plus élevée dans les Bouches-du-Rhône et peu importante en Bretagne. » La symptomatologie est aussi différente, plusieurs types de maladie de Parkinson existent. En outre, il semble y avoir un lien selon l’activité que l’on exerce. « Une forte manipulation de pesticides serait liée à la survenue de la maladie de Parkinson. Avoir travaillé avec de la peinture également constituerait un facteur de risque », explique la chercheuse.

La maladie de Parkinson affecte le cerveau bien avant que des signes apparents ne soient constatés chez les patients

Les personnes qui sont atteintes de la maladie de Parkinson ne vont consulter que lorsqu’elles rencontrent des problèmes de coordination, pour se déplacer, une faiblesse musculaire, des tremblements, des rigiditésLe diagnostic est posé tardivement, après plusieurs consultations. Pourtant, comme nous l’explique la neurobiologiste, la maladie affecte le cerveau bien avant que des signes apparents ne soient constatés chez les patients. « En recherche, lorsque l’on interroge des patients atteints, on se rend compte qu’ils avaient des problèmes de santé des années avant l’apparition des troubles moteurs. Ce sont souvent des difficultés au niveau du transit intestinal, des problèmes de sommeil, d’odorat. » La spécialiste ajoute que la maladie de Parkinson survient plus précocement que la maladie d’Alzheimer.

Un traitement uniquement symptomatique

Au moment du diagnostic de la maladie, un traitement à base de levodopa, le précurseur de la dopamine, est proposé aux patients. « Cela améliore les signes cliniques, et le patient se sent immédiatement mieux. Il ne ressent plus ou presque plus son handicap », explique Françoise Lazarini. Mais comme le souligne cette dernière, ici, on ne traite que les symptômes. La maladie poursuit son évolution, le patient continue de perdre des neurones. « D’autres population neuronale sont atteintes, celles-ci ne sont pas prises en charge par le traitement. Avec le temps, le traitement est de moins en moins efficace. C’est là la limite du traitement. »

« On a des pistes afin de pouvoir effectuer un diagnostic précoce de la maladie. C’est au niveau du traitement que l’on est bloqué »

Si la maladie de Parkinson était diagnostiquée plus tôt, il serait plus évident de pouvoir proposer un traitement permettant de stopper l’évolution de la maladie. Mais le problème aujourd’hui est qu’aucun traitement curatif n’a montré de résultats prometteurs. « On a des pistes afin de pouvoir effectuer un diagnostic précoce de la maladie. Ceci, notamment au niveau du ciblage de la protéine Alpha-synucléine qui s’accumule dans le cerveau, provoquant la dégénérescence neuronale et donc la maladie de Parkinson. Celle-ci peut être détectée au moyen d’une prise de sang », explique la chercheuse. « C’est au niveau du traitement que l’on est bloqué. Aucun ne pouvant cibler cette protéine n’a montré de résultats prometteurs pour l’instant. On s’interroge donc sur le rôle de cette protéine dans la survenue de la maladie. »

L’objectif de la recherche est donc multiple : améliorer les gammes de médicaments basées sur la dopamine, en savoir davantage sur les causes de la maladie, et développer des traitements curatifs. « Par exemple, pour le traitement, des interventions plus invasives ont été mises à l’essai. Il s’agit de la pose d’électrodes au niveau du cerveau afin de le stimuler, via de petites impulsions électriques, et d’augmenter la production de dopamine. Mais cela étant plus invasif, on le propose aux personnes jeunes uniquement », détaille Françoise Lazarini.

Maladie de Parkinson : sur quoi porte la recherche de Françoise Lazarini à l’Institut Pasteur ?

Des registres internationaux de recherche sont mis à jour afin que chaque équipe de recherche puisse précisément indiquer ce sur quoi elle travaille. A l’Institut Pasteur, Françoise Lazarini pilote une recherche sur le lien entre le microbiote nasal et la maladie de Parkinson. « Nous étudions la composition du microbiote nasal (ensemble de micro-organismes présents sur la
muqueuse profonde du nez) des patients atteints de la maladie et de leur conjoint. Ceci, dans deux environnements complètement différents : la Guadeloupe, avec un climat tropical, et Paris. Etant donné que les personnes atteintes de la maladie de Parkinson sont confrontées à des pertes d’odorat bien avant les problèmes moteurs, nous cherchons s’il y a un lien entre le microbiote nasal et la maladie
», détaille la chercheuse.

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