Les Français sont de gros consommateurs de somnifères, et en particulier les plus de 65 ans. En 2015, 64,6 millions de boîtes de benzodiazépines et 46,1 millions de boîtes d’hypnotiques étaient vendues dans l’hexagone, selon le dernier état des lieux de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Problème : si ces médicaments peuvent être d’une aide précieuse pour trouver le sommeil, ils ne sont pas sans risque pour votre santé.

Hypnotiques et benzodiazépines : deux grandes familles de somnifères

Pour rappel, les benzodiazépines sont des anxiolytiques, également efficaces contre les troubles du sommeil (Valium®, Xanax®, Prosom®…). Les hypnotiques, quant à eux, sont des substances capables d’induire et/ou de maintenir le sommeil.

Parmi eux, on recense les hypnotiques antihistaminiques (souvent vendus sans ordonnance), et les hypnotiques dit “apparentés aux benzodiazépine”, proches des benzodiazépines, mais dont l’effet est moins généralisé dans le cerveau. Ces derniers agissent directement sur les récepteurs qui contrôlent le sommeil. Des molécules comme le Zolpidem (Stilnox®), la Zopiclone (Imovane®) et l’Eszopiclone (Lunesta®) en font partie.

Des hypnotiques auraient causé la mort de 20 personnes

Ce mardi 7 mai, la Food and Drug Administration américaine (FDA) a apposé une nouvelle étiquette sur des boîtes d’hypnotiques apparentés aux benzodiazépine, pour mettre en garde contre le risque de somnolence au lendemain de son utilisation. En effet, l’agence a recensé 66 cas de patients confrontés à ce problème après avoir pris ces médicaments. Pour 20 d’entre eux, cela a été fatal

Si ces 20 décès sont indirectement liées à la prise de somnifères, les causes directes varient : intoxication au monoxyde de carbone, noyade, chute, hypothermie, accident de voiture, suicide… Selon la FDA, 46 autres personnes auraient subies de graves blessures après la prise de somnifères, qui leur aurait provoqué des crises de somnambulisme. Parmi ces blessures, on peut noter une overdose accidentelle, une quasi-noyade ou encore l’exposition à des températures extrêmement froides entraînant la perte d’un membre.

En 2017, l’ANSM alertait, quant à elle, sur les risques d’effets indésirables liés aux somnifères. “23% des effets indésirables graves déclarés avec les benzodiazépines sont des affections du système nerveux” (somnolence, comas, convulsion, amnésies). En outre, les anxiolytiques comme les hypnotiques pourraient tous deux causer des affections psychiatriques.

L’Agence de santé américaine alerte sur les dangers des somnifères

La FDA a donc ajouté une étiquette d’avertissement sur les boîtes d’eszopiclone, de zalepon et de zolpidem - cette dernière molécule étant la plus vendue en France. “Ce type de médicaments est bien connu pour déclencher des événements dangereux”, souligne le Dr. Thomas Kilkenny, directeur du département de médecine du sommeil au Staten Island University Hospital (New-York).

En plus de cet avertissement, la FDA exige l’ajout d’une contre-indication, recommandant de ne pas utiliser ces médicaments si l’on a déjà eu des comportements inhabituels pendant le sommeil après les avoir pris. “Même si ces incidents sont rares, ils sont graves, et il est important que les patients comme les professionnels de santé soient conscients des risques”, explique le Dr. Ned Sharpless, Commissaire suppléant de la FDA, dans un communiqué.

Si vous constatez des crises de somnambulisme, ou que vous ne vous rappelez pas complètement des activités réalisées après usage de somnifères, cessez tout de suite de l’utiliser et contactez votre médecin. La FDA recommande également de ne pas associer ces médicaments à d’autres traitements, ni à la consommation d’alcool, et de garder en tête que les somnifères peuvent altérer la vigilance et rendre la conduite dangereuse.

Sources

Ambien, Lunesta, Other Sleep Aids Get New Warning, WebMD, 30 avril 2019

Etat des lieux de la consommation des benzodiazépines, ANSM, 5 avril 2017

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