C’est un cas rare d’intoxication au plomb consécutif à un traitement ayurvédique qui nous est rapporté dans le Journal de l’Association médicale canadienne (JAMC).
Ce cas était suffisamment exceptionnel pour compliquer la pose du diagnostic, mettant en péril la santé de la patiente concernée. Il aura fallu plusieurs semaines et plusieurs passages aux urgences pour comprendre de quoi souffrait précisément cette femme de 39 ans.
Son histoire nous est relatée dans l’article du JAMC. Au départ, cette Canadienne se plaint de violentes douleurs abdominales, de constipation, de nausées et de vomissements. Des symptômes intenses qui la poussent à se rendre trois fois aux urgences.
Lors de son troisième passage, son état s’aggrave. La patiente souffre alors d’une anémie et d’une possible hémorragie gastro-intestinale. Hospitalisée, la patiente subit une batterie d’examens invasifs qui échouent à déterminer l’origine de ses symptômes.
Ce n’est que quelques semaines plus tard, au terme d’une énième consultation médicale, que la patiente apporte une information qui va mettre la puce à l’oreille du corps médical : celle-ci déclare prendre des médicaments ayurvédiques quotidiennement depuis plus d'un an pour traiter sa stérilité.
Un taux de plomb très élevé
Le diagnostic est posé : la patiente souffre d’une intoxication au plomb liée à son traitement ayurvédique. Elle présente en effet un taux de plomb dans le sang très important (55 µg/dl), alors que le taux normal est inférieur à 2 µg/dl,
La patiente cesse immédiatement son traitement ayurvédique pour démarrer une thérapie par chélation, qui vise à désintoxiquer son organisme en le débarrassant de ce métal lourd. Sa plombémie a diminué et ses symptômes ont disparu.
L’intoxication au plomb affecte gravement l’organisme. Elle peut entraîner des lésions irréversibles sur le cerveau, les nerfs, les reins, le foie, le sang, le tube digestif et les organes sexuels. Chez l’enfant, elle peut causer de graves dommages au système nerveux en développement.
Médicaments ayurvédiques : la mise en garde des autorités canadiennes
Une fois le diagnostic de toxicité au plomb posé, l'équipe médicale contacte Santé publique Ontario, l’agence de santé publique de cette province canadienne. Celle-ci analyse 17 échantillons de pilules fournis par la patiente. Les tests révèlent bel et bien des niveaux élevés de plomb dans la plupart des échantillons.
Par la suite, les autorités sanitaires canadiennes diligentent une enquête qui conduit à la saisie de centaines de pilules, jugées non conformes à la règlementation en vigueur sur les produits de santé naturels . Les autorités sanitaires ont ensuite émis des avis publics, à valeur de mise en garde de la population vis-à-vis de ces produits de médecine ayurvédique.
Les auteurs de l’étude, publiée le 8 août dernier, rappellent les dangers que peuvent faire courir les médicaments traditionnels à base de plante, vendus librement sur Internet, en dehors de tout cadre règlementaire.
"Un échantillon aléatoire de pilules ayurvédiques achetées sur Internet auprès de fabricants basés aux États-Unis et en Inde a montré que 21% d'entre elles contenaient du plomb, du mercure ou de l'arsenic", citent en exemple les auteurs.
Des métaux lourds parfois ajoutés sans scrupule et délibérément par les fabricants "en raison de leurs propriétés curatives supposées", rapportent encore les chercheurs qui précisent : "Un examen systématique récent des rapports de cas d'intoxication par le plomb a révélé que les médicaments traditionnels ou à base de plantes étaient une cause fréquente" d’intoxication.
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