Se faire prescrire une activité physique par son médecin pour améliorer sa capacité respiratoire, lorsque l’on est atteint de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), c’est possible. Il paraît même que ce serait très efficace, indique la Haute Autorité de Santé (HAS) dans un guide. "L’idée est de valoriser les activités exercées par le passé pour les renforcer, puis de faire découvrir des moyens supplémentaires de se mouvoir", précise l’association Santé Respiratoire France dans un communiqué.
La BPCO est une affection pulmonaire progressive qui se présente sous plusieurs formes et dans laquelle des changements structurels obstruent le passage de l'air, rendant la respiration plus difficile. Cette maladie, qui évolue souvent de manière insidieuse, est causée par plusieurs facteurs de risque tels que l’exposition prolongée à la fumée de tabac, à des polluants chimiques et à la pollution atmosphérique qui irritent les poumons.
"Grâce à l'exercice, les gens peuvent faire plus avec moins d'essoufflement"
En 2010, environ 3,5 millions de Français de plus de 40 ans étaient atteints de cette pathologie, selon la HAS. L'angoisse de manquer d'air conduit beaucoup d'entre eux à éviter toute activité physique. Mais l'inactivité peut entraîner un cercle vicieux qui aggrave l'essoufflement et l'état général.
Les effets positifs de l’activité physique et de la réduction de la sédentarité sont bien démontrés dans les pathologies respiratoires chroniques. Elle améliore la dyspnée, la tolérance à l’effort, le contrôle de la maladie et la qualité de vie. Elle permet de faire sortir le patient de la spirale négative du déconditionnement et du repli social. "Grâce à l'exercice, les gens peuvent faire plus avec moins d'essoufflement", a expliqué au média américain Time le Dr Carolyn Rochester, professeur de médecine et directrice du programme de lutte contre la BPCO de l'université de Yale.
Adapter votre programme d'exercices à votre corps
Avant toute chose, il est important de débuter une activité après avoir reçu l’accord d’un médecin lors d’une consultation de suivi. Il est prouvé qu'un programme spécifique d'exercices, appelé réadaptation respiratoire, aide les personnes atteintes de BPCO. "Elle est indiquée pour les patients atteints de la forme la plus sévère, appelés GOLD III et IV, et pour les GOLD II avec des comorbidités. Elle réduit les risques d’hospitalisation, améliore l’endurance et la qualité de vie", précise la HAS dans un communiqué.
Les meilleurs exercices physiques
Mais qui dit exercice physique ne veut pas forcément dire sport. Les activités quotidiennes, telles que prendre un bain, s'habiller, marcher jusqu'à la boîte aux lettres, faire les courses et jouer avec les petits-enfants, facilitent la respiration, améliorent la condition physique et renforcent les muscles dans tout le corps, en particulier les jambes et les bras. Le choix du niveau d'activité physique prescrite va dépendre de la sévérité de la BPCO (GOLD), des comorbidités qui sont fréquentes, du niveau de risque cardiovasculaire et des contre-indications.
Dans son guide, la HAS donne cinq recommandations :
- Pratiquer une activité physique adaptée 3 à 5 fois par semaine avec une durée de 30 à 45 minutes. Cette activité physique peut également être effectuée en plusieurs fois par périodes de 10 minutes en fonction du degré de gravité de la maladie. L’intensité de l’exercice physique est fixée au niveau du seuil de dyspnée du patient. Enfin, sa pratique peut être réalisée par différents moyens : en autonomie, en association, ou avec l’aide d’un kinésithérapeute.
- Inclure cette activité physique dans la vie quotidienne : vélo, montée des escaliers, promenades, jardinage, bricolage, courses, ménage…
- Continuer l’éducation thérapeutique et l’accompagnement assurés par les professionnels de santé pour maintenir les changements comportementaux : sevrage tabagique, détection des signes avant-coureurs d’une exacerbation…
- Poursuivre la kinésithérapie respiratoire et l’associer à des accompagnements psycho-sociaux et diététiques.
- Les patients atteints de BPCO doivent veiller à ne pas faire d'exercice à l'extérieur lorsque des alertes sur la qualité de l'air ont été émises, en raison de leur sensibilité pulmonaire.
Un score pour évaluer sa capacité d'essoufflement
En France, il existe trois scores pour évaluer sa capacité à pratiquer une activité physique : l’échelle de dyspnée de Borg (0-10), l’échelle de perception de l’effort de Borg (6-20) et le score mMRC (échelle de dyspnée du Medical Research Council).
"Pour certains patients, atteindre une forte intensité ou durée d’exercice n’est pas réalisable. Il est alors possible de le fractionner en plusieurs parties, entrecoupées de périodes de repos. Une intensité d’exercice comprise entre 4 et 6 sur l’échelle de dyspnée (Borg 0-10) ou entre 11 et 13 sur l’échelle de perception de l’effort (Borg 6-20) est recommandée. Dans la pratique, une intensité plus faible de 3 à 4 (échelle de dyspnée de Borg 0-10) est souvent mieux tolérée et permet une meilleure adhésion au programme d’activité physique par les patients les plus sévères", indique la HAS.
L'objectif ultime des patients atteints de BPCO est de cultiver une habitude d'exercice tout au long de leur vie pour leur permettre de vivre pleinement. "En pratiquant de l'exercice, j'ai réussi à avoir la vie que j'avais avant mon diagnostic", confie au média américain, M. DiLorenzo, atteint de BPCO. Quant à Mme Dorney-Koppel, elle fait de l'exercice régulièrement depuis 23 ans. "J'ai pu voyager pour faire des présentations dans le cadre de mon travail", raconte-t-elle. "C'est un triomphe, j'ai survécu."
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