Généralités
Les régions d’altitude ont un aspect très différent selon leur latitude : à 4000 mètres dans les Alpes nous sommes dans la neige et les glaciers ; à la même altitude dans l’Himalaya, ce sont des forêts des villages et des sentiers ; dans les Andes c’est l’altitude des grandes villes (La Paz) et des aéroports.
Les problèmes d’adaptation cardio-vasculaire posés seront donc très différents d’une situation à l’autre, les principales précautions étant imposées par les changements d’environnement :
- Manque d’oxygène dans l’air ambiant (hypoxie).
- Changement de climat et de nourriture (froid, pluie, rayonnements solaires, ...).
- Isolement relatif éventuel et proximité des structures de soins.
- Activité physique éventuellement inhabituelle (ski, alpinisme, randonnée).
Mécanismes d’adaptations
L’exposition aiguë à l’hypoxie s’accompagne d’une augmentation initiale du débit cardiaque par accélération de la fréquence cardiaque, et d’une augmentation du débit ventilatoire (accélération de la fréquence respiratoire). Ces réactions entraînent une surcharge de travail pour l’appareil ventilatoire et pour le coeur.
Si l’exposition à l’hypoxie se prolonge, d’autres mécanismes d’adaptation vont être mis en route, prenant progressivement le relais des précédents : apparition d’une polyglobulie (augmentation du pourcentage de globules rouges dans le sang) afin d’accroître la capacité de transport de l’oxygène dans le sang.
Cependant, lorsque l’organisme augmente sa dépense énergétique (marche, sport), le manque d’oxygène devient un élément limitant de la performance : au sommet du Mont-Blanc, un sujet sain n’a plus que 70% de ses capacités d’effort du niveau de la mer ; au sommet de l’Everest, il n’en dispose que de 20% c’est-à-dire tout juste assez pour marcher à un rythme très lent.
Conséquences sur la fonction cardiorespiratoire
Les patients présentant une affection cardiaque constituent un groupe particulièrement sensible aux effets de l’altitude ; on observe ainsi :
- une baisse de l’apport en oxygène vers les différents tissus de l’organisme,
- un rétrécissement des petites artères pulmonaires (vasoconstriction), responsable d’une augmentation de pression dans les artères pulmonaires,
- une augmentation du travail cardiaque par élévation de la fréquence cardiaque, entraînant une augmentation des besoins du coeur en oxygène : c’est cette dernière modification qui justifie les précautions à prendre avant de laisser partir un cardiaque séjourner en altitude, ou prendre l’avion.
Précautions indispensables
Vol en avion de ligne
La pression atmosphérique à laquelle sont exposés les occupants des avions commerciaux est en général située entre 1500 et 2000 mètres d’altitude. A cette altitude, seules les insuffisances cardiaques et respiratoires sévères, ainsi que l’insuffisance coronaire non stabilisée sont des contre-indications absolues au voyage aérien. Le risque de phlébite ou d’embolie pulmonaire est par ailleurs augmenté chez les sujets présentant une insuffisance veineuse (varices), ou ayant déjà fait ce type de maladie, en raison de l’immobilisation prolongée et de la déshydratation.
Le cardiaque doit donc :
- Éviter les voyages trop prolongés, et surtout les escales fréquentes,
- Marcher régulièrement pendant le vol dans l’avion, et boire fréquemment de l’eau,
- Prévenir l’hôtesse qu’il aura éventuellement besoin d’utiliser le masque à oxygène,
- Prendre de la trinitrine avant le décollage et avant l’atterrissage,
- S’imposer plusieurs heures de repos dès son arrivée,
- Et toujours consulter son cardiologue avant le départ !
Séjours à la montagne
Prévention de la maladie coronaire
- Le sujet ne ressent aucun symptôme avant le départ, et n’a pas de facteurs de risque cardio-vasculaire : aucun examen n’est indispensable, seul un entraînement régulier avant le voyage est nécessaire
- Le sujet est asymptomatique, mais est porteur de facteurs de risque (hypercholestérolémie, tabagisme, hypertension artérielle, obésité, antécédents familiaux cardiaques) : un électrocardiogramme, et une épreuve d’effort seront envisagés si l’altitude dépasse 3500m.
- Le sujet est coronarien connu, traité et stabilisé : une épreuve d’effort sera systématiquement réalisée.
- S’il est symptomatique : Il devra limiter son effort, après une période d’adaptation et limiter l’altitude à 2500m.
- S’il est asymptomatique : pas d’altitude plafond, mais conseils de prudence avec entraînement préparatoire et surveillance de la fréquence cardiaque par cardiofréquence-mètre.
Hypertension artérielle
Chez l’hypertendu exposé à l’altitude il peut exister une légère élévation de la tension artérielle systolique tant au repos qu’à l’effort. Lorsque la tension artérielle est habituellement bien équilibrée cela n’a que peu de conséquences pratiques : une surveillance attentive des chiffres tensionnels est cependant conseillée, surtout au cours des premiers jours.
L’hypertension artérielle sévère non stabilisée représente par contre une contre-indication majeure à l’altitude.
Artériopathie des membres inférieurs
L’hypoxie liée à l’altitude peut aggraver la symptomatologie de l’artérite : dans tous les cas, le patient porteur d’une artérite ne doit dépasser l’altitude de 2000 mètres, voir 1200 m si l’artérite est évoluée.
Le bilan à pratiquer
1) Conseils élémentaires
- Continuer de prendre ses médicaments habituels.
- Ne reprendre que progressivement les activités physiques habituelles, et ne pas s’imposer des exercices inhabituels.
- Observer un régime alimentaire contrôlé, et boire beaucoup d’eau.
- Consulter rapidement un médecin en cas d’apparition de symptômes inhabituels.
- La haute montagne (>3000 m) doit être réservée aux sujets en bonne santé et ayant un bon entraînement physique.
2) Examens nécessaires ;
- Consultation médicale systématique avec examen clinique.
- Bilan cardiologique chez les patients à risque ou dans certaines situations particulières : électrocardiogramme, éventuellement épreuve d’effort et échocardiographie.
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