Laxatifs : leur utilisation fréquente augmenterait le risque de démence

34% des Françaises seraient concernées par la constipation chronique, selon une étude IPSOS réalisée pour la marque d’eau Hépar en 2019, soit une augmentation de 50% par rapport à 2015. Dans la majorité des cas de constipation, l’alimentation est l’un des premiers leviers sur lequel il est possible d’agir. D’abord, parce que de nombreux aliments contiennent de l’eau. Ensuite, parce qu’ils sont une source potentielle de fibres alimentaires. À l’inverse, l’insuffisance d’aliments riches en fibres est un facteur de risque important de constipation. Il en va de même pour le manque d’activité physique régulière.

Laxatifs : possibles inflammation, altération neuronale et dépôt de plaques amyloïdes

Quand cela ne suffit pas, certains médicaments laxatifs peuvent être prescrits sur plusieurs semaines pour les patients atteints de constipation chronique. Ces traitements permettent de rétablir un transit intestinal correct. On distingue principalement, en fonction de leur moyen d'action :

• les laxatifs osmotiques qui ramollissent les selles en attirant de l'eau dans l'intestin ;
• les laxatifs de lest qui augmentent de volume en présence d'eau et modifient la consistance des selles
• les laxatifs lubrifiants qui facilitent l'émission des selles en favorisant le glissement

Plusieurs études ont montré que l’utilisation de laxatifs pouvait influencer la composition du microbiote intestinal et provoquer des changements de la réponse immunitaire sur le long terme. Elle peut également augmenter la production de toxines liées à l’inflammation, l'altération neuronale et le dépôt de plaques amyloïdes, qui est un des biomarqueurs de la démence. Il se pourrait également, d’après une étude publiée le 22 février 2023 dans Neurology, qu'une consommation fréquente de laxatifs puisse augmenter les risques de démence.

Démence : les laxatifs osmotiques et stimulants en cause

Les auteurs de cette étude ont en effet analysé les données de santé de plus de 500 000 participants, qui avaient 56,5 ans en moyenne. 3,6% des volontaires affirmaient avoir consommé de façon régulière des laxatifs pendant les 4 semaines précédant le début de l’étude. Les scientifiques ont continué à observer les participants pendant 9,8 années en moyenne. Résultats : 1,3% des consommateurs de laxatifs avaient développé une démence, contre 0,4% de ceux qui n’en avaient pas consommé. De plus, ce risque de démence était supérieur de 28% chez les personnes n’utilisant qu’un seul type de laxatif et de 90% chez celles qui en utilisaient plusieurs.

“Les résultats de notre étude suggèrent que l’utilisation régulière de laxatifs, même sans complications graves sur le court terme, peut, potentiellement, induire des risques de démence sur le long terme, surtout chez les personnes utilisant des laxatifs osmotiques et chez celles qui combinent au moins deux types de laxatifs”, a réagi dans les colonnes du site spécialisé Medical News Today l’un des auteurs de l’étude, le professeur de technologie avancée Feng Sha. Qui conclut : “En fait, bien que les laxatifs osmotiques et stimulants ne soient pas recommandés pour une utilisation régulière, nous avons réalisé que de nombreux volontaires en consommaient fréquemment.”