Espacer les injections des vaccins, l'Académie nationale de médecine y voit plus de risques que d'avantages en terme d'immunité pérenne de la population. "Dans le contexte actuel de recrudescence épidémique, c’est la persistance d’un taux d’immunité faible, voire insuffisant, pendant les semaines supplémentaires précédant la seconde injection qui doit être prise en considération", explique l'Académie dans un communiqué daté du 11 janvier 2021. L'Académie dit en effet craindre que "l’obtention d’une couverture vaccinale élargie, mais fragilisée par un faible niveau d’immunité" ne constitue un terrain favorable pour "l’émergence d’un ou de plusieurs variants échappant à l’immunité induite par la vaccination".
Elle recommande de se conformer au schéma vaccinal
Compte tenu des avantages et des risques potentiels liés à la pratique consistant à différer la deuxième injection des vaccins contre la Covid-19, l’Académie nationale de médecine recommande en effet de se conformer autant que possible au schéma vaccinal prescrit par le fabricant : 21 jours pour Pfizer/BioNTech et 28 jours pour Moderna. Elle souhaite en que l’injection de la seconde dose ne soit différée "que si les circonstances l’exigent (manque de doses disponibles) et sans excéder un dépassement de 3 semaines".
Pour rappel, pour pallier les stocks de vaccins limités, le Danemark a annoncé ce lundi 4 janvier que le pays allait espacer les deux doses de vaccin jusqu'à six semaines, contre les 21 jours recommandés. Le Royaume-Uni va même jusqu'à laisser passer jusqu'à 12 semaines entre les deux injections. "De cette manière, nous pourrons vacciner plus de monde dès maintenant", a assuré le chef de l'Agence nationale danoise de la Santé, Søren Brostrøm, interrogé par la télévision publique TV2.
Mise en garde de BioNTech sur l'efficacité
Une pratique au sujet de laquelle BioNTech avait déjà émis une réelle mise en garde en termes de conséquences sur l'efficacité du vaccin le 5 janvier dernier. "L'efficacité et la sécurité du vaccin n'ont pas été évaluées pour d'autres calendriers de dosage" que les deux injections espacées de 21 jours appliquées lors de l'essai clinique, expliquait l'entreprise allemande. "Même si des données démontrent qu'il existe une protection partielle dès 12 jours après la première dose, il n'y a pas de données qui démontrent que la protection reste en place au-delà de 21 jours", alertait une porte-parole de BioNTech. "Nous estimons qu'une deuxième injection est nécessaire pour procurer la protection maximale contre la maladie", réaffirmait l'entreprise.
Communiqué de l’Académie : Élargir le délai entre les deux injections de vaccin contre la Covid-19 : quels risques pour quels avantages ?, Académie nationale de médecine, 11 janvier 2021.
COVID-19 : l'Académie de médecine ne souhaite pas l'espacement des doses de vaccin, Santé Magazine, 13 janvier 2021.
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