Ces deux schémas mentaux qui vous empêchent de maigrirIstock
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Quand on pense à la perte de poids, nous viennent en tête les notions de rééquilibrage alimentaire, sport, boissons allégées… Mais au-delà du travail sur son assiette ou sur la vigueur de ses biceps, Nicolas Da Silva, diététicien nutritionniste et auteur de “Manger : la faim des injonctions” (éd. First), invite avant tout à travailler sur soi. Plus précisément, sur ses pensées limitantes et ses schémas. “C’est l'un des grands problèmes des approches « traditionnelles » de l’alimentation : elles ne s’intéressent qu’à la nutrition. Alors oui, c’est intéressant la nutrition, c’est même indispensable ! Mais, si on ne se concentre que sur les calories ou les nutriments, on risque de foncer dans le mur.”, souligne-t-il dans son livre. A cet égard, l’expert met l’emphase sur deux schémas mentaux qui entravent une appréhension saine de la nourriture et, par conséquent, une perte de poids viable. On dit souvent que l’estomac est un deuxième cerveau, en voici la preuve.

Le perfectionnisme rigide, un schéma mental qui entrave la perte de poids

Lorsque vous faites un régime, vous avez tendance à tout suivre à la lettre, à une feuille de salade près… Jusqu’à craquer complètement et gober toute une tablette de chocolat en une minute chrono. Vous vous imposez sûrement du perfectionnisme rigide, un des schémas mentaux qu’épingle Nicolas Da Silva. Cette appellation désigne un mode de pensée imposant des standards excessivement élevés, souvent impossibles à atteindre. Il ne s'agit plus simplement de vouloir bien faire, mais de se forcer à tout contrôler pour éviter quelconque échec. Dès lors, une pression constante plane sur vous, comme une épée de Damoclès, où toute “erreur”, même minime (comme manger un aliment "interdit"), est perçue comme un échec majeur. Cela peut mener à une relation dysfonctionnelle avec la nourriture, où vous ignorez vos besoins internes et suivez des règles strictes sans jamais vous permettre de flexibilité.

Un schéma mental contre-productif pour mincir

En plus d’être anxiogène, ce schéma mental peut aussi être source d’isolement social : en cherchant à suivre des règles alimentaires strictes, on peut vouloir éviter des situations sociales où il n’y a pas un contrôle total sur ce qu’on mange, comme lors de repas entre amis ou de sorties au restaurant. En bref, cette rigidité entraîne un cercle vicieux de culpabilité et d’angoisse, aussi malsain que contre-productif, puisque souvent, en résulte des périodes de “craquage” où on surconsomme la nourriture, pour compenser. “Le corps et l’esprit, fatigués d’être bridés nous font compenser la tension provoquée par cette bride, ce qui fait éclater les règles rigides imposées. S’ensuivent une immense culpabilité, le sentiment d’avoir échoué, et la mise en place d’un nouveau cycle de restriction, renforçant encore le comportement perfectionniste”, constate amèrement Nicolas Da Silva.

Accepter l'imperfection pour mieux vivre son alimentation

Heureusement, il existe des pistes pour sortir de cette spirale”, ajoute l’expert. Pour ce dernier, la première étape consiste à déconstruire l’idée que tout doit être parfait pour être valable. Accepter l’erreur, qui n’en est, en vérité, pas vraiment une. “Par exemple, au lieu de se contenter de sa pensée lorsque l’on se dit « je suis nul si je ne mange pas parfaitement », on pourrait se dire : « je fais de mon mieux, et c’est suffisant ». Ce changement, bien qu’il semble simple sur le papier, demande un vrai travail sur soi, car il s’agit de renoncer à une illusion de contrôle qui a pu être construite depuis des années”, estime le diététicien.

La flexibilité cognitive basse, un schéma qui empêche de s’adapter

Autre schéma mental qui entrave votre rapport à l’alimentation : la flexibilité cognitive basse. Cette dernière est intimement liée à notre premier point. Elle se traduit par une difficulté à s’adapter face à des imprévus ou des changements, et l’incapacité de faire face à des situations qui ne correspondent pas aux plans établis. Dans le contexte alimentaire, cette rigidité empêche les individus de s'ajuster à des réalités changeantes. Votre régime impose de ne pas manger de glucides après 18 heures, certes. Mais quand vous êtes invité chez des amis, il serait dommage de refuser une part de tarte, et risquer de vous frustrer !

Une conséquence des régimes restrictifs

Cette absence de flexibilité est particulièrement criante lorsque l’on suit des régimes restrictifs, que le diététicien dénonce. “ Le problème, c’est que plus les règles sont strictes, plus toute volonté de flexibilité cognitive est mise à mal. Et plus on rigidifie sa pensée, plus il est difficile de sortir de cette logique rigide sans éprouver un fort sentiment d’échec ou de peur.” Dans son livre, le diététicien prend l’exemple de Claire, une femme qui vient le voir en consultation et dont l’idée de ne pas savoir ce qu’elle va manger dans une situation sociale crée une anxiété qui la pousse à tout vouloir contrôler à l’avance. Mais comme dans la vie, tout ne peut pas être contrôlé, cette tentative d’éviter l’incertitude ne fait que renforcer son stress et ses comportements alimentaires dysfonctionnels. “Il n’est pas rare d’observer chez ces patients un réel épuisement mental lié à la nécessité constante de maintenir un contrôle strict sur leur environnement et leur comportement, y compris alimentaire.”

Prendre soin de son alimentation en développant sa flexibilité

Pour lutter contre cette rigidité mentale, le diététicien nutritionniste invite à trouver votre propre flexibilité, celle qui vous correspond vraiment. “En acceptant l’incertitude inhérente à la vie et comprenant que manger est une adaptation intuitive aux besoins du moment, on fait un pas énorme vers une alimentation qui prend soin de nous sur les différents aspects de notre vie.”

Consulter un psychologue pour perdre du poids

Nous l’avons vu, la nourriture est aussi une affaire de psyché. Elle peut même être à l’origine de pathologies psychologiques, comme les troubles du comportement alimentaire. C’est pourquoi, selon Nicolas Da Silva, une approche pluridisciplinaire pour travailler sa relation à la nourriture est indispensable. Si vous sentez que vous perdez pied face à votre alimentation, que vous peinez à être indulgent avec vous-même et que vous vous sentez coincé dans un cercle vicieux, n’hésitez pas à prendre un pas de recul, vous autorisez l’indulgence, et consultez des professionnels pouvant vous guider au mieux. L’objectif : être sain de corps, certes, mais aussi d’esprit !

Sources

" Manger : la faim des injonctions - Pourquoi et comment l'alimentation ne devrait pas être un problème", par Nicolas Da Silva, aux éditions First.