Le mois de janvier touche à sa fin, laissant apparaître très prochainement les vacances d’hiver. Cette période de l’année rime souvent avec ski, montagne et soleil. Avec la neige et en altitude, l’exposition aux UV se fait plus présente. Un risque qui augmente les cancers de la peau. L’usage de la crème solaire apparaît donc comme nécessaire. Mais l’est-elle vraiment par temps gris, en ville et en basse altitude ? Sur les réseaux, de nombreux influenceurs recommandent un indice de protection UV toute l’année. Or, certaines de ces crèmes comportent parfois des perturbateurs endocriniens, nocifs sur le long terme. De quoi se poser la question du bénéfice-risque de la porter 365 jours par an.
Chaque année en France, on dénombre environ 100 000 nouveaux cas de cancer de la peau. C’est le cancer qui connaît la plus forte augmentation ces dernières décennies. Selon Santé publique France, depuis 1990, le nombre annuel de mélanomes diagnostiqués a été multiplié par 2,5 chez les femmes et par 4,5 chez les hommes. Et l’exposition aux rayons UV est le facteur majeur d’apparition de ces cancers.
Les rayons UVA, UVB, UVC
Toutes les peaux ne sont pas égales face au risque des rayons ultraviolets. "Il existe différents phototypes. Vous avez des patients avec une peau claire qui auront besoin de se protéger beaucoup plus qu’une personne avec une peau mate", explique au Parisien Séverine Lafaye, dermatologue à Paris. La couleur de la peau résulte de la production naturelle de mélanine. Le bronzage est l’activation de ce pigment par les UV. La latitude joue aussi un rôle important. "Une personne qui se protège peu mais qui vit à Lille aura un vieillissement cutané différent de celui d’une personne ayant la même protection et vivant en Corse."
Pour comprendre sa dangerosité, il convient de s’intéresser aux différents types d’UV. Il en existe trois : UVA, UVB et UVC. Les rayons UVA ont les longueurs d’onde les plus longues et sont capables de pénétrer plus profondément dans le derme, voire même de traverser les vitres. "Ces rayons sont généralement connus pour provoquer le photovieillissement de la peau et ont également été associés au cancer. Les UVA constituent 90 % du rayonnement UV à la surface de la Terre. Les couches externes de la peau reçoivent 18 fois plus d’énergie des UVA que des UVB", explique dans un article de The Conversation Régis Barille, professeur en physique à l'université d'Angers.
Les UVB atteignent l’épiderme et provoquent, à court terme, des coups de soleil et le bronzage. Cependant, leur accumulation contribue au vieillissement prématuré de la peau et à l’apparition de cancers à plus long terme. Quant aux UVC, bien que leur rayonnement soit important, ils ne comportent pas de dangers pour la peau car ils sont actuellement absorbés par la couche d’ozone.
Réduction du vieillissement et du risque de cancer de la peau
Les crèmes solaires actuellement sur le marché disposent de la mention SPF : Solar Protecting Factor, c'est-à-dire un indice qui protège la peau des UV. "Les chiffres SPF tels que 15, 30 et 60 indiquent 15, 30 ou 60 fois plus d’énergie solaire (en minutes) nécessaire pour produire un érythème sur la peau protégée (par un écran solaire) par rapport à la peau non protégée", précise le scientifique. À savoir, le SPF ne bloque que les rayons UVB. Pour bloquer les UVA, un écran solaire à large spectre est nécessaire avec un indice UVA de quatre ou cinq étoiles.
"Chez l’humain, cela peut perturber les activités œstrogènes, de l’utérus et introduire une toxicité potentielle pour le développement et la reproduction avec des perturbateurs endocriniens"
Pour une protection efficace contre les UVB et les UVA, les fabricants utilisent des filtres organiques. Ces filtres contiennent différents composés chimiques : salicylates, dérivés du camphre, cinnamates, dérivés du PABA (p-aminobenzoic acid) pour les UVB, et des anthranilates, benzophénones, dibenzoylméthanes pour les UVA.
Les effets bénéfiques de ces crèmes contre le vieillissement de la peau et dans la réduction du risque de cancer de la peau ne sont plus à démontrer. Cependant, des études scientifiques alertent sur les dangers potentiels de certains composés. "Chez l’humain, cela peut perturber les activités œstrogènes, de l’utérus et introduire une toxicité potentielle pour le développement et la reproduction avec des perturbateurs endocriniens", rapporte le professeur dans l'article de The Conversation. C’est le cas notamment du benzophénone.
Le benzophénone, un composé chimique probablement nocif
Une étude publiée en 2021 dans la revue spécialisée de la Société américaine de chimie, Chemical Research in Toxicology, constate que l'octocrylène, un des ingrédients présents dans de nombreuses crèmes solaires, se dégrade avec le temps au sein même des flacons en benzophénone.
Pour parvenir à ce constat, les chercheurs ont analysé neuf produits de protection solaire vendus dans l'Union européenne. Les produits ont été soumis à un protocole de vieillissement accéléré pendant six semaines, équivalent à un an passé à température ambiante. Les résultats ont montré que les produits contenant de l'octocrylène présentaient une concentration importante en benzophénone. Seul le produit ne contenant pas cette substance au départ n'a pas développé de concentration en benzophénone.
La présence de nanoparticules telles que le dioxyde de titane ou l'oxyde de zinc suscite également des interrogations sur la santé. "Le problème de ces particules est qu’elles ont la capacité de traverser les membranes biologiques. Aujourd’hui, la science n’a pas énormément de recul sur leurs effets sur notre santé. Néanmoins, différentes études s’accordent à dire que l’utilisation de crèmes solaires contenant du dioxyde de titane est sans danger sur peau saine, mais pas sur peau lésée ou chez des personnes souffrant d’une maladie cutanée", précise Coralie Thieulin, enseignante-chercheuse en physique à l'ECE et docteure en biophysique, ECE Paris.
La crème solaire reste une protection indispensable contre le cancer de la peau
Alors, quelle est la solution ? Selon UFC-Que Choisir, les crèmes disponibles sur le marché présentent la plupart du temps une composition sûre et la grande majorité bloque efficacement les rayons solaires. Elles demeurent un élément majeur de la protection contre les effets nocifs des UV même en hiver. "Il est vrai que certains filtres solaires sont soupçonnés d’effets néfastes sur la santé. Mais vous pouvez aisément les éviter en vous fiant aux résultats des tests de crèmes solaires", souligne UFC-Que Choisir sur son site.
En attendant des composés plus naturels pour la santé et l'environnement, il est préférable de respecter la date de péremption des flacons de crème solaire et d’éviter celles à base d’oxyde de zinc et de dioxyde de titane.
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