Les fluctuations de la tension artérielle, un signe prédictif de démence Istock
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En France, près de 12 millions de personnes sont traitées pour de l’hypertension artérielle, selon l’Assurance maladie. Cette maladie chronique, caractérisée par une élévation anormale de la pression sanguine sur la paroi des artères, constitue un facteur de risque connu de maladies cardiovasculaires. Mais l’hypertension artérielle, non prise en charge, nuit également au cerveau en créant un terrain favorable à certaines maladies neurodégénératives. Plusieurs études ont associé une pression excessive dans les artères au risque de démence, comme la maladie d’Alzheimer.

L’hypertension à 50 ans accroît le risque de démence plus tard

Des travaux parus en 2018 dans la revue European Heart Journal ont révélé que les personnes qui souffraient d’une hypertension artérielle développée à 50 ans étaient plus à risque de souffrir d’une démence plus tard dans la vie. A l’origine de ce phénomène : des petits accidents vasculaires cérébraux (AVC), causés par cette pression artérielle élevée, qui endommageraient le cerveau et entraîneraient à terme un déclin dans le fonctionnement cérébral, selon les chercheurs de l’Inserm, qui avaient co-participé à l’étude.

La variabilité de la pression artérielle, un signe trop négligé

Une nouvelle étude australienne éclaire d’un nouveau jour cette relation entre la pression artérielle et le cerveau. Des chercheurs de l'Université d'Australie-Méridionale (UniSA) ont découvert que les fluctuations de la pression artérielle pourraient prédire le risque de démence et de problèmes vasculaires chez les personnes âgées.
Les auteurs de l’étude, parue le 1 er septembre 2023, dans la revue Cerebral Circulation – Cognition and Behaviour, incitent à accorder plus d’importance aux variations de la tension artérielle, comme marqueur précoce de déclin cognitif. "Les traitements cliniques se concentrent sur l'hypertension, tout en ignorant la variabilité de la pression artérielle", remarque dans un communiqué Daria Gutteridge, doctorante au Laboratoire de neurosciences du vieillissement cognitif et des déficiences de l'Université d'Australie-Méridionale.

Une variation de la pression artérielle dans les 24 heures altère la cognition

Les scientifiques australiens ont découvert que de courtes fluctuations de la pression artérielle, dans les 24 heures, sur plusieurs jours et plusieurs semaines, sont associées à une altération des performances cognitives.
Les oscillations importantes de la pression artérielle systolique (le chiffre le plus élevé qui mesure la pression dans les artères, au moment de la contraction du cœur, la systole, et de l’éjection du sang dans les artères) auraient également un impact sur la rigidification des artères (athérosclérose), facteur de vieillissement artériel, associé aux maladies cardiaques.

Pour constater l’influence des fluctuations de la pression artérielle sur la démence, les chercheurs ont recruté un panel de 70 personnes âgées de 60 à 80 ans, en bonne santé, ne présentant aucun signe de démence ou de déficience cognitive.

Une plus grande rigidité des vaisseaux sanguins

Les volontaires ont passé une série d’examens : mesure de la tension artérielle, test cognitif. La rigidité artérielle du cerveau et celle de leurs artères ont été évaluées à l'aide d'une échographie Doppler transcrânienne et analyse de l'onde de pouls.

Les résultats sont éloquents : "Nous avons constaté qu'une plus grande variabilité de la pression artérielle au cours d'une journée, ainsi que d'une journée à l'autre, était liée à une réduction des performances cognitives, expliquent les auteurs de l’étude. Nous avons également constaté que des variations plus importantes de la pression artérielle systolique étaient liées à une plus grande rigidité des vaisseaux sanguins dans les artères".

Selon les chercheurs, ces conclusions tendent à montrer que les variations de la pression artérielle sont des paramètres importants qui interviennent dans la cognition des personnes âgées.

Un marqueur clinique précoce de démence

"Ces résultats indiquent que les différents types de variabilité de la pression artérielle reflètent probablement différents mécanismes biologiques sous-jacents et que les variations de la pression artérielle systolique et diastolique sont toutes deux importantes pour le fonctionnement cognitif des personnes âgées ».

Autrement dit, chez les personnes âgées ne présentant pas de déficience cognitive cliniquement pertinente, les fluctuations de la pression artérielle pourraient servir de symptôme avant-coureur de trouble cognitif potentiel. Cette variation de la pression artérielle pourrait également offrir une "cible de traitement" du déclin cognitif, avancent les chercheurs.

Plus de 55 millions de personnes sont atteintes de démence dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la Santé. On compte 10 millions de nouveaux cas par an.

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