Les résidus de pesticides dans l’alimentation constituent un sujet de préoccupation sanitaire qui revient régulièrement sur le devant de la scène médiatique.
La contamination des produits alimentaires issus de l’agriculture conventionnelle reste une réalité inquiétante, pointée du doigt par les associations de défense de l’environnement et des consommateurs.
En mars 2020, Générations futures, un de ces collectifs militants (agréé par le ministère de l’Ecologie), révélait que 63,1% des échantillons de produits alimentaires conventionnels, soit "près de deux tiers des fruits, légumes et céréales" étaient contaminés par des résidus de pesticides. Selon cette association de défense de l’environnement, la réalité de l’ampleur de la fréquence des résidus de pesticides dans les aliments végétaux serait clairement sous-estimée par les pouvoirs publics.
Fort de ce constat, François Veillerette, porte-parole de Générations Futures, plaidait pour la mise en œuvre d’un "plan d’urgence de réduction de l’usage des pesticides" en France comme en Europe, en parallèle de mesures de "soutien accru à l’Agriculture biologique".
Si manger des produits issus de l’agriculture biologique garantit au consommateur de limiter les risques liés à la contamination des aliments par les produits phytosanitaires, certains n’ont pas toujours les moyens financiers (encore plus en période inflationniste), ou l’envie de se convertir à une alimentation 100% bio.
Pour tous, qu’on fasse le choix du bio ou non, adopter un régime alimentaire équilibré, riche en fruits et légumes frais, locaux et de saison serait un moyen de préserver sa santé.
En Europe, près d’1 fruit sur 3 contaminé par les pesticides
Problème, certains végétaux vendus sur nos étals ne sont pas exempts de tout soupçon. 29 % des fruits produits en Europe sont contaminés, révélait encore l’ONG Pesticide Action Network Europe (PAN EU) dans une étude parue en mai 2022.
Et en France ? "Plus de la moitié des produits végétaux issus de l’agriculture conventionnelle sont contaminés par des résidus de pesticides à risque", constate amèrement l’UFC que choisir, en introduction de la publication d'un observatoire des pesticides, rendu public en mars 2022.
L’organisme de défense des consommateurs s’est intéressé à la dangerosité réelle ou supposée des aliments contaminés par les résidus de pesticides.
Pesticides : les substances "à risque" dans le viseur
Le collectif a croisé les résultats d’analyses de plus de 5 000 aliments d'origine végétale. Des analyses conduites en 2019 par les autorités françaises, avec la liste des substances considérées comme "possiblement, probablement, voire sans aucun doute dangereuses par les agences réglementaires françaises ou européennes", note l'organisme UFC Que Choisir.
Etaient considérés comme "à risque" tous "les résidus de pesticides au sujet desquels les agences réglementaires française ou européenne reconnaissent l’existence de données suggérant, soit un effet sur le système hormonal, (et qui pourraient donc être des perturbateurs endocriniens), soit un risque de "promotion de cancers", de "mutations dans l’ADN", "de troubles de la fertilité, d’anomalies du développement, ou encore plusieurs de ces actions à la fois", précise l’UFC Que Choisir dans son comparatif.
Un comparatif des fruits et légumes pour des choix plus raisonnés
De cet examen minutieux, UFC Que Choisir a dressé un tableau comparatif classant les fruits et légumes en fonction de leur exposition aux pesticides.
Avec ces informations éclairantes, cet observatoire des pesticides a vocation à aider le consommateur à faire des choix plus raisonnés. Lequel pourra voir s’il préfère, en connaissance de cause, passer au label bio ou au label "sans pesticides".
Dans son classement, l’organisme renseigne sur les principales substances retrouvées et les types de dangers associés à chacune d’entre elles, avec leur niveau de preuve. Le collectif se veut néanmoins rassurant : "dans la plupart des échantillons analysés, les quantités de résidus retrouvées respectent les limites réglementaires, censées garantir l’absence de risque", tempère-t-il.
Quels sont donc ces fruits et légumes les moins contaminés par les pesticides, selon l’UFC Que choisir ? Medisite vous en dresse la liste en images.
Les asperges, les moins contaminées en pesticides
Championnes des fruits et légumes les moins contaminés, 2,5% des asperges seraient polluées par les pesticides. La substance à risque décelée le plus souvent : l’azoxystrobin. "L'Anses notait, en 2021, l'existence de données expérimentales pouvant suggérer une action de cette substance sur le système endocrinien", relève l’UFC Que Choisir.
Les kiwis
Avec 2,8% de fréquence de contamination par les résidus de pesticides, le kiwi occupe la deuxième place du classement des fruits et légumes les moins contaminés. Certains échantillons de ce fruit, source réputée de vitamine C, renfermaient du fenhexhamid, une autre substance suspectée d’être un potentiel perturbateur endocrinien.
Le manioc
3,4% des échantillons analysés de manioc présentaient une contamination à une substance à risque. Le coupable ? L’imazalil, un possible perturbateur endocrinien, également suspecté de carcinogénicité (favorisant le risque de cancer) par les agences réglementaires européennes
Les noix
4,4% des 45 produits analysés de noix, ce fruit à coque, riche en Omega-3 et Omega-6, présentait une contamination aux pesticides, principalement au 2,4-D (2,2 %), et au Spirotetramat : 2,2 %, deux agents suspectés d’être des perturbateurs endocriniens.
Le brocoli
8,7% des brocolis analysés (sur un total de 23 produits) étaient contaminés par des résidus de 4 substances à risque, dont certaines suspectées d’avoir une action sur le système endocrinien.
Le topinambour
9,1% des topinambours analysés contenaient des traces de pesticides (six substances à risque), selon l’UFC Que Choisir.
L’igname
10,7% des échantillons analysés de ce légume présentaient une contamination à des pesticides. Parmi les substances problématiques repérées, le chlordecone, possible perturbateur endocrinien, suspecté de carcinogénicité par les agences réglementaires européennes. Cette substance ferait l’objet également d’une "présomption forte" de lien avec le cancer de la prostate, selon l’Inserm.
La patate douce
14,8% des échantillons analysés de patate douce posaient problème. Une exposition aux résidus de pesticide qui cachait sept substances à risque pour la santé humaine, dont le fameux chlordecone... De quoi réfléchir à deux fois avant de mettre la patate douce au menu.
L’oignon
16,1% des échantillons analysés d’oignon renfermaient des résidus de pesticide, incluant 5 substances potentiellement préoccupantes dont le chlordecone ou le chlorpropham, autre substance suspectée de carcinogénicité.
Le chou blanc
Même score que l’oignon, le chou blanc s’illustre néanmoins par moins de substances à risque en son sein : 4 types différents de résidus de pesticides ont été retrouvés.
A noter que la liste des fruits et légumes présente ici est loin d’être exhaustive, rapportée à l’analyse minutieuse réalisée par l’UF Que Choisir, à retrouver de façon complète sur leur site.
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