Charcuterie, viande crue, poissons crus, fromage au lait cru, coquillage et crustacés crus... Durant la grossesse, de nombreux aliments sont interdits ou fortement déconseillés. En cause, les risques d'une contamination à la toxoplasmose et la listériose notamment, des maladies potentiellement délétères pour le fœtus. On sait un peu moins quels sont les aliments à éviter durant l'allaitement.
Allaitement : rester vigilant sur certains aliments
"Dans l'absolu, une mère qui allaite peut manger de tout", réagit d'emblée Véronique Darmangeat, consultante en lactation, contactée par Medisite. S'il faut rester vigilant sur certains aliments, il n'y a pas d'interdit. Selon elle, il convient de tordre le cou à certaines idées reçues encore véhiculées sur ce que la mère peut ou non manger durant l'allaitement. Ainsi, il est parfois déconseillé aux mamans de manger des aliments qui modifient le goût du lait, de peur que bébé refuse le sein de sa mère. "C'est faux. Le goût ne pose aucun problème. Les enfants sont déjà habitués à l'alimentation de la mère durant la grossesse car les goûts passent dans le liquide amniotique. Surtout, plusieurs études montrent qu'au moment de la diversification , les bébés acceptent beaucoup plus de goûts différents quand ils y ont été habitués grâce au lait", explique Véronique Darmangeat.
Autre idée reçue, il ne faudrait pas manger d'aliments pouvant être responsables d'allergies. S'il est vrai qu e les bébés peuvent développer une allergie à certaines protéines contenues dans le lait maternel, l'éviction préventive d'un aliment n'est absolument pas recommandée. "Un enfant qui n'a jamais été en contact avec un aliment allergène aura plus de risques de développer une allergie au moment de la diversification. Donc, on ne procède à l'éviction d'un aliment que si l'enfant réagit à cet aliment. Aujourd'hui, les aliments les plus allergènes chez les jeunes enfants sont le lait de vache le plus souvent, mais aussi les œufs, le blé, les noix, les arachides. On recommandera à la mère de retirer l'aliment incriminé de son alimentation uniquement si le bébé montre des signes d'allergies", note la consultante en lactation.
Allaitement : des aliments donnent-ils des coliques au bébé ?
Enfin, il ne faudrait pas manger d'aliments qui pourrait donner des coliques au bébé comme le chou, les oignons ou les poireaux. "Ce qui donne des gaz avec le chou, ce sont les fibres qui irritent les intestins de la mère et fermentent. Mais le lait ne se fabrique pas à partir de ce qui se trouve dans les intestins donc les choux ne donnent pas de gaz aux bébés", explique Véronique Darmangeat.
Si la consultante rappelle qu'il n'y a pas d'interdit alimentaire lorsqu'on donne le sein à son enfant, la mère allaitante ayant beaucoup moins d'aliments prohibés que durant la grossesse, il n'en demeure pas moins qu'elle doit toutefois limiter la consommation de certains aliments. Medisite vous détaille les 8 aliments dont il ne faut pas abuser et vous explique pourquoi ils peuvent être un danger pour votre bébé. "Le lait est à composition constante quoique mange la mère. L'alimentation de la mère ne change pas le taux d'acidité du lait, ni le taux de protéines, de lipides, de glucides. Toutefois, la qualité des acides gras qu'on trouve dans le lait est celle des acides gras que consomment la mère", souligne par exemple la spécialiste.
Les boissons alcoolisées
L'alcool bu par la mère augmente dans le lait en même temps que dans le sang : le taux d'alcoolémie dans le lait monte en même temps que le taux d'alcoolémie dans le sang et redescend en même temps. Quand il n'y a plus d'alcool dans le sang, il n'y en a plus dans le lait. Consommé par un bébé, l'alcool peut nuire à son développement et affecter son sommeil. "Si une mère boit un verre d'alcool, elle doit attendre que l'alcool ait totalement disparu de son lait avant de remettre le bébé au sein. Le temps est variable en fonction du poids de la mère. Pour une mère qui pèse 60 kilos, elle doit attendre 2h22 pour qu'il n'y ait plus d'alcool. Si elle fait 80 kilos, elle doit attendre 2h02", détaille Véronique Darmangeat. Mais avec un bébé de quelques semaines seulement, impossible de prédire à quel moment il demandera à boire. Dans ce cas, si la maman ne tire pas son lait, il lui est fortement déconseillé de boire de l'alcool.
Les poissons pollués aux contaminants chimiques
Les bienfaits du poisson pour la santé ne sont plus à démontrer et il est important d'en consommer. Toutefois, certains poissons contiennent des polluants - le plus souvent du mercure - réputés pour être des perturbateurs endocriniens. Dans un avis daté de 2019, l'Anses donne les recommandations suivantes concernant les poissons : la consommation des poissons d’eau douce fortement bio-accumulateurs comme l'anguille, la carpe et la silure notamment doit être limitée à une fois tous les deux mois. La consommation de poissons prédateurs sauvages comme la lotte, la baudroie, le bar, le thon, la daurade doit être limitée et celle d’espadon, marlin, siki, requin et lamproie évitée pour les femmes allaitantes. L'Anses conseille toutefois de consommer deux fois du poisson dans la semaine dont au moins une fois un poisson gras. Pour éviter les risques, l'agence "recommande de varier les espèces de poisson, les origines et les modes d’approvisionnement (sauvage, élevage, lieux de pêche, etc.)". Parmi les poissons qui contiennent le moins de mercure, on retrouve la sole, la sardine, le maquereau, le hareng ou encore le merlu.
Le café et le thé
La caféine et la théine contenues dans le café et le thé sont des excitants qui passent dans le lait maternel. En trop grande quantité, ils peuvent rendre le bébé nerveux et nuire à son sommeil. "La consommation de théine ou de caféine ne pose pas de problème pour le développement du bébé tant qu'on ne dépasse pas deux tasses de café ou de thé par jour. Au-delà, certains nourrissons le supportent mal et sont très nerveux", note la spécialiste.
Les boissons énergisantes
En plus d'autres substances, ces boissons contiennent de la caféine en quantité très concentrée, bien au-delà de ce qui est préconisé pour les mères allaitantes. Pour ces boissons, le principe de précaution est le plus adapté : elles sont à éviter.
Le chocolat
Le chocolat contient de la théobromine et de la caféine. Deux excitants qu’il convient de consommer avec modération lorsqu'on allaite. "Pour les mamans accro au chocolat noir qui en mange par tablette entière, il est possible que le bébé le supporte mal, mais il ne faut pas s'inquiéter pour quelques carrés par jour", rassure Véronique Darmangeat.
Le soja
Le soja et les aliments à base de soja contiennent des phyto-oestrogènes, des perturbateurs endocriniens qui passent dans le lait maternel. En 2005, l'Anses a déconseillé les produits à base de soja aux enfants de moins de trois ans et à la femme enceinte. "On sait que les phyto-oestrogènes passent dans le lait mais en très petite quantité. Une femme qui allaite peut manger des produits à base de soja, mais en quantité raisonnable", explique la consultante en lactation. Pendant l’allaitement, l'Anses recommande de limiter les aliments à base de soja à un par jour maximum.
La sauge et le persil
À très haute dose, la sauge et le persil nuiraient à la lactation de la maman. "C'est vrai mais il faut en prendre énormément. Quand on veut faire baisser la lactation, on peut proposer aux mères de boire trois grandes tasses de sauge très infusée par jour. Une mère peut consommer de la sauge en quantité raisonnable sans que cela nuise à la lactation. C'est la même chose pour le persil. Pour que le persil influence la quantité de lait, il faut en consommer deux bouquets par jour".
La junk-food
Là encore, on peut en consommer mais pas en abuser. "Le lait est à composition constante quoique mange la mère. L'alimentation de la mère ne change pas le taux d'acidité du lait, ni le taux de protéines, de lipides, de glucides. Toutefois, la qualité des acides gras qu'on trouve dans le lait est celle des acides gras que consomment la mère", souligne la spécialiste. Or les acides gras de mauvaise qualité, contenus dans la junk food en trop grande quantité, sont néfastes pour le bébé, comme pour la maman.
Merci à Véronique Darmangeat, consultante en lactation IBCLC à Paris.
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