Allaitement : comment arrêter les montées de lait ?

L'allaitement maternel est aujourd'hui recommandé par les médecins et professionnels de la petite enfance. Le lait de la mère apporte toute l’énergie et les nutriments dont le nourrisson a besoin pendant les 6 premiers mois de vie. Il contient également des anticorps qui protègent l'enfant de certaines maladies infantiles courantes.

Quand a lieu la première montée de lait ?

Durant la grossesse, les seins se préparent à produire du lait pour nourrir le bébé. Lors de l'accouchement, l’expulsion du placenta permet la mise en place de la lactation avec, quelques jours plus tard, un phénomène bien connu des mamans : la montée de lait. Ce terme désigne le moment où le colostrum (premier lait produit par la maman juste après l'accouchement) se transforme en lait de transition puis, en lait mature.

En général, la montée de lait a lieu entre le deuxième et le troisième jour après l'accouchement d'un enfant. En cas de césarienne, de diabète, d’obésité, de naissance prématurée ou de manque de stimulation, elle peut être retardée et se produire entre le quatrième ou cinquième jour après la naissance du bébé. Lorsque l'on ne peut pas ou que l'on ne souhaite pas allaiter son enfant, l'alternative est le lait artificiel premier âge. Il est adapté, sur le plan nutritionnel, aux besoins du nourrisson. Dans ce cas, plusieurs méthodes et astuces permettent d'éviter la mise en place du processus de lactation.

Arrêt des montées de lait : ne stimulez pas vos seins

Pendant longtemps, pour éviter la montée de lait, les maternités proposaien un traitement médicamenteux aux mères ne désirant pas allaiter, Or, en raison des risques de neurologiques et cardiaques avec complications graves, la prescription de médicaments bloquant la lactation est uniquement réservée à certaines pathologies bien précises. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) rappelle que "l’utilisation d’un médicament inhibant la lactation doit être réservée aux situations où l’inhibition de la lactation est souhaitée pour raison médicale".

"Après l'accouchement, deux hormones jouent un rôle fondamental : la prolactine et l’ocytocine. Elles permettent de déclencher la production et l'éjection du lait afin de nourrir le bébé. Pour que l'allaitement s'effectue de façon adaptée, il faut une production de lait suffisante (avec une glande mammaire fonctionnelle). Mais aussi, une méthode d'aspiration optimale : la succion (tétée du bébé) ou l'extraction (effectuée par un tire-lait manuel ou électrique). À l'inverse, pour ne pas allaiter, il faut éviter de solliciter le sein", souligne Marie Tessier, infirmière puéricultrice et consultante en lactation et experte chez May, application qui accompagne les jeunes et futurs parents de la grossesse à l'entrée à l'école de l'enfant.

Pour limiter la montée de lait, il faut donc éviter de mettre l'enfant au sein et ne pas utiliser de tire-lait, même si le sein est engorgé. "On préférera l’assouplir et le soulager en effectuant des massages et une extraction manuelle. En évitant la stimulation, on diminue la libération de la prolactine : le processus de lactation se met donc moins facilement en route", ajoute Marie Tessier.

L'argile, l'acupuncture ou la phytothérapie...

En cas de douleurs mammaires, notamment lorsque les seins sont engorgés, il est possible de les soulager en appliquant du froid (avec des gants, des sachets de petits pois congelés, des poches de gel…) "Le froid exerce un effet vasoconstricteur : il permet de rétrécir les vaisseaux sanguins des seins, de soulager l’inflammation due à l’engorgement", affirme la consultante en lactation.

Il est également possible d'alterner le chaud et le froid. "Sous la douche par exemple, le fait de se masser les seins sous un jet d'eau chaude permet de les décongestionner et de favoriser la sortie de lait restant dans les glandes mammaires sans trop les stimuler', note Marie Tessier. Le massage se pratique en effectuant de petits cercles concentriques autour du sein, puis en drainant vers le mamelon. 'Il faut éviter de porter des vêtements trop serrés et des soutiens-gorge à armature car cela risque de bloquer les canaux qui transportent le lait et de favoriser l'engorgement pathologique des seins", précise Marie Tessier.

Ne pas bander la poitrine pour les stopper

Pendant longtemps, les sage-femmes conseillaient de bander fortement la poitrine pendant quelques jours pour empêcher la montée de lait. Cette méthode controversée n'est plus recommandée. "Ces stratégies longtemps utilisées pour réduire l'engorgement ne sont plus recommandées en raison d'une efficacité très discutable et de l'inconfort subi par la mère" explique la Leche League sur son site. De son côté l'ANSM confirme que "l’inconfort engendré peut être plus important que celui lié à la montée laiteuse".

Enfin, l’acupuncture, l’homéopathie, l’application d’argile ou la phytothérapie (application de feuille de choux sur les seins) peuvent aussi soulager les mères. "Mais ce qui reste essentiel, c’est l’accompagnement personnalisé, l’écoute et le soutien de professionnels formés auprès de ces mamans, le temps que le cap difficile de la montée de lait soit révolu", conclut Marie Tessier.