Migraine : pré-éclampsie, hypertension… Un risque pour la grossesse ?

Attention si vous souffrez de migraines avant ou pendant votre grossesse. Les femmes qui en sont victimes peuvent avoir un risque plus élevé de complications durant leur grossesse. C’est ce qu’estime une équipe de gynécologues et neurologues du Brigham and Women's Hospital (BWH). Elle a présenté une étude lors du 74e Congrès annuel de l’American Academy of Neurology (AAN). Selon les chercheurs, les femmes qui souffrent de migraines ont notamment 40% de risques supplémentairesde souffrir depré-éclampsie.

Pré-éclampsie : 40% de risques supplémentaires

Pour parvenir à ces résultats, ils ont analysé les données de santé de plus de 19 000 femmes, et plus de 30 000 grossesses pendant 20 ans. Les scientifiques ont examiné les complications de la grossesse comme l’accouchement prématuré, le diabète gestationnel, l’hypertension artérielle gestationnelle, la pré-éclampsie et lefaible poids à la naissance. Résultat, “environ 20% des femmes en âge de procréer souffrent de migraine, mais l’impact de celle-ci sur les résultats de la grossesse n’a pas été compris”, a déclaré l’auteure de l’étude, Alexandra Purdue-Smithe, du Brigham and Women’s Hospital de Boston aux États-Unis. “Notre vaste étude prospective a trouvé des liens entre la migraine et les complications de la grossesse. Ces résultats vont aider à informer les médecins, et les femmes qui en souffrent, des risques potentiels dont ils devraient être conscients pendant la grossesse”, assure le chercheur.

Pour les femmes souffrant de migraines, la pré-éclampsiesemble êtrele plus gros risque de complication durant la grossesse. Pour rappel, il s’agit d’une maladie de la grossesse caractérisée par une élévation de la pression artérielle et par la présence de protéines dans les urines. Elle peut se manifester pendant la grossesse, ou peu de temps après. En France, la pré-éclampsie touche environ 5% des grossesses. Cela correspond à 1 cas pour 20, soit 40 000 femmes chaque année. Néanmoins, grâce à leurs données, les chercheurs ont découvert que d’autres dangers peuvent résulter de ces migraines.

Hypertension artérielle : un risque accru par les migraines

Ils ont en effet estimé que les femmes qui les subissent avaient 17% de risques supplémentaires d’accouchement prématuré et 28% d’hypertension artérielle, c’est-à-dire une pression anormalement élevée du sang dans les vaisseaux sanguins. Concernant l’hypertension artérielle, il existe trois causes pouvant favoriser son développement chez les femmes enceintes :

• soit elle était déjà connu avant la grossesse et se poursuit ;
• soit la grossesse déclenche une maladie hypertensive. Dans ce cas, l’hypertension artérielle peut rester après l'accouchement ;
• soit il s’agit d’un épiphénomène. C’est-à-dire que la pression artérielle augmente pendant la grossesse, puis se normalise après l’accouchement.

Dans tous les cas, il est impératif pour les femmes enceintes d’être suivies pour ce problème, car l’hypertension artérielle présente des risques pour la maman et le bébé.

Diabète gestationnel : pas de lien avec la migraine

Autre point clé de l’étude, la migraine n’aurait pas d’incidence sur le diabète gestationnel ou le faible poids du bébé à la naissance. D’autre part, tous ces risques liés aux maux de tête restent relativement faibles selon les chercheurs. Mais “(...) les femmes ayant des antécédents de migraine doivent être conscientes et consulter leur médecin sur les risques potentiels de grossesse”, a déclaré, Alexandra Purdue-Smithe, l'auteure de l’étude. “Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer exactement pourquoi la migraine peut être associée à des risques plus élevés de complications. En attendant, les femmes souffrant de migraine peuvent bénéficier d’une surveillance plus étroite pendant la grossesse afin que des complications telles que la pré-éclampsie puissent être identifiées et prises en charge dès que possible”, concluent les auteurs de l’étude.