
- 1 - C’est quoi le scandale mondial des respirateurs Philips ?
- 2 - Dreamstation Philips : 217 patients portent plainte en France, Philips sort le carnet de chèque aux Etats-Unis !
- 3 - Un risque de cancer pour les utilisateurs des appareils Philips ?
- 4 - L’ANSM estime que les respirateurs Philips Respironics peuvent à nouveau être commercialisés
- 5 - Une étude en cours pour évaluer les risques de cancer
1.8 millions de personnes sont traitées avec un appareil de ventilation (ou PPC pour Pression Positive Continue, plus rarement CPAP pour l’anglais Continuous Positive Airway Pressure) en France. Ces appareils envoient de l’air en continue dans les voies aériennes supérieures et préviennent ainsi l’arrêt respiratoire. L’apnée du sommeil ayant un impact durable et délétère sur la santé, ce type d'appareillage est une solution efficace. Sauf quand l’appareil est pire que le mal ! Ce qui semble être le cas avec les machines DreamStation commercialisées par la société néerlandaise Philips Respironics puis interdites après un scandale qui a éclaté en 2021.
C’est quoi le scandale mondial des respirateurs Philips ?
Philips, dont le gros du chiffre d’affaires est aujourd’hui détenu par sa branche santé, rappelle en masse ses respirateurs à partir de juin 2021 : ils contiennent un composé dans la mousse insonorisante qui pose problème.
En 2022, l’Agence française de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) expliquait que “les potentiels risques identifiés par Philips en juin 2021, liés à l’exposition à 2 composés organiques volatiles (COV) ainsi qu’aux particules issues de la dégradation de la mousse, comprennent notamment : irritation (peau, yeux et voies respiratoires), réaction inflammatoire, maux de tête, asthme et risques cancérigènes.” Cela concerne plus de 5 millions de respirateurs dans le monde, en France 370 000 appareils sont rappelés et retirés du marché.
En coulisses, de nombreux patients à travers le monde, touchés par des effets secondaires indésirables, s’organisent contre la société Philips, accusée d’avoir traîné les pieds avant de retirer massivement ses appareils.
Dreamstation Philips : 217 patients portent plainte en France, Philips sort le carnet de chèque aux Etats-Unis !
Dans un communiqué publié fin avril 2024, Philips annonce verser 1.1 milliard de dollars (un peu plus d’un milliard d’euros à ce jour) aux américains pour régler les litiges “Dreamstation” en cours, versements qui vont s’étaler sur 2025 et qui devraient permettre à la société néerlandaise d’être à nouveau présente aux Etats-Unis, le pays ayant décidé d’interdire purement et simplement Philips Respironics depuis le scandale.
"J'ai appris par hasard qu'il y avait une campagne de rappel de mon appareil d'apnée du sommeil. Je souhaiterais savoir pourquoi je n'ai pas été contacté Philips (...) et si la machine est responsable de mon cancer."
Et en France ? L’ANSM émet une décision de police sanitaire en février 2022 demandant expressément le retrait des appareils défectueux (REMstar Pro, Auto, Expert (DreamStation, PR1/SystemOne, Q-series), BiPAP Auto, DreamStation G) puis saisit la justice en 2023 au motif que “la société Philips n’a pas respecté ses engagements et les obligations fixées par notre décision de police sanitaire du 9 février 2022”. Dans le collimateur de l’agence du médicament, des ventilateurs présentant le même défaut que les respirateurs, dont le remplacement s’est fait attendre. En attendant, du côté des patients, les langues se délient, et les médias récoltent de nombreux témoignages de patients inquiets.
Un risque de cancer pour les utilisateurs des appareils Philips ?
“Mon mari a voulu se soigner et il a été empoisonné. J’ai besoin de savoir de quoi il est mort, explique ainsi Françoise en juin 2023 aux journalistes de France Info. Son mari est décédé d’un cancer après avoir utilisé le respirateur Philips. "On lui a diagnostiqué un syndrome d’apnée du sommeil, raconte-t-elle. Il a commencé à utiliser un respirateur de la marque Philips. Sa santé a commencé à se dégrader. Il avait tout le temps les yeux secs, la gorge aussi, des croûtes dans le nez, des sinusites très importantes. Il s’est mis à avoir des vertiges et à voir des points noirs devant les yeux. Il répétait sans cesse que la machine allait le tuer."
En 2022, c’est Mathieu, 44 ans, diagnostiqué d’un lymphome qui s’était confié à notre confrère RMC : "J'ai appris par hasard qu'il y avait une campagne de rappel de mon appareil d'apnée du sommeil. Je souhaiterais savoir pourquoi je n'ai pas été contacté depuis le mois de mai par Philips. Je n'ai reçu aucune lettre. Ils étaient au courant. Pourquoi on ne m'a pas prévenu ? Et bien évidemment, la question la plus importante, c'est savoir si la machine est responsable de mon cancer. J'ai l'impression d'être dans un film de science-fiction." En France, au total, 217 patients ont porté plainte jusqu’à présent. Une action en justice est actuellement en cours.
L’ANSM estime que les respirateurs Philips Respironics peuvent à nouveau être commercialisés
Dans une note publiée avant-hier, le 18 février 2025, L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé annonce abroger sa décision de police sanitaire datant de 2022 : les respirateurs Philips Respironics prescrits pour les personnes présentant une apnée du sommeil peuvent à nouveau être commercialisés en France au motif que “100 % des appareils d’assistance respiratoire défectueux, avec ou sans support de vie, et 99.9 % des appareils de pression positive continue défectueux (PPC) ont été remplacés. Les informations sur les 0,1 % d’appareils de PPC restants n’ont pas pu être récupérées par la société Philips.” Les patients français peuvent ainsi à nouveau être équipés.
Une étude en cours pour évaluer les risques de cancer
Tout risque est-il pour autant écarté ? Pour les nouveaux équipements, c’est ce que semblent acter nos institutions. Pour les appareils défectueux présents (pour certains) jusqu’en 2022, l’histoire est loin d’être terminée. Car une question subsiste : ces appareils défectueux sont-ils oui ou non en lien avec l’apparition de certains cancers chez les utilisateurs ? Dans sa note, l’ANSM rappelle d’ailleurs que sa décision “ i mpose à la société Philips de mener une étude épidémiologique indépendante pour évaluer le risque potentiel de cancer lié à l’exposition des ventilateurs et des PPC défectueux est maintenu”.
Les résultats de cette étude, actuellement menée par l’Université américaine de l’Utah, sont attendus d’après la société Philips, courant 2025.