Sur le plan médical, le cancer regroupe de nombreuses maladies très différentes les unes des autres. Celles-ci sont cataloguées selon l’origine des cellules cancéreuses (cancer de la peau, du sein, des poumons, de la prostate, etc.). Une cellule cancéreuse désigne une cellule qui devient indisciplinée à cause d’une agression et liée à une modification de la structure d’un gène. C’est ce qu’on appelle une “mutation”. Cette altération de la cellule est la base de tous les cancers. La cellule continue de se multiplier là où elle devrait mourir et se renouveler rapidement. Cette prolifération aboutit à la formation d’une tumeur (maligne) qui, en se développant, parvient à détruire les cellules normales avoisinantes.
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Selon la Ligue contre le cancer, le cancer est donc “une maladie caractérisée par la prolifération incontrôlée de cellules, liée à un échappement aux mécanismes de régulation qui assure le développement harmonieux de notre organisme”.En 2018, Santé publique France estime “à 382 000 le nombre de nouveaux cas de cancer (54% chez l’homme, 46% chez la femme) et à 157 400 le nombre de décès par cancer (57% chez l’homme, 43% chez la femme)”.
Mais existe-t-il des modes pour les cancers ? Selon l’oncologue Jean Ménard : “On ne peut pas parler de mode, mais on peut analyser l’incidence des cancers, leur prévalence et leur répartition. On constate au niveau épidémiologique une modification de la répartition des cancers en général et cela trouve probablement son origine dans 2 faits. Premièrement, les habitudes de vie et l’hygiène en découlant ont donné naissance à de nombreux cancers, pour certains beaucoup plus précoces (exemple de l’augmentation des cancers digestifs chez les moins de 50 ans).
Deuxièmement, le dépistage s’est développé, rendant probablement de manière artificielle le nombre de cancers dépistés plus important (beaucoup de cancers du sein dont certains seraient passés inaperçus). Quoi qu’il en soit, le vieillissement de la population rend de facto le nombre de cancers plus important année après année. À noter, point positif, certaines incidences devraient diminuer dans le temps, notamment grâce à la vaccination (diminution dans le futur des carcinomes ORL ou gynécologiques liés au papillomavirus).”
Cancers digestifs : les cancers les plus fréquents en 2030
Selon l’oncologue, on peut prédire quels seront les cancers les plus fréquents en 2030. Il explique ainsi : “Ces dernières années, on a remarqué une augmentation importante des cas de cancers digestifs : colorectaux ou des voies biliaires.” En cause selon le spécialiste, les habitudes de vie, même si elles n’expliquent pas le problème à elles seules. L’augmentation de la sédentarité ainsi que la forte consommation d’aliments transformés et sucrés artificiellement sont également responsables de cette nouvelle vague de cancers.
Malgré cette augmentation, “les cancers les plus fréquents resteront probablement le cancer de la prostate chez l’homme et le cancer du sein chez la femme”, complète Jean Ménard. De mauvaises habitudes de vie, comme le tabac, sont peu à peu délaissées par les Français. En cause, les campagnes de prévention de santé publique qui ont réussi à transmettre le message de l’impact négatif que peuvent avoir le tabac ou l’alcool, tous deux responsables d’une importante vague de cancer de 1950 à 2000. Reste à faire de même avec nos nouvelles mauvaises habitudes.
Cancer : prévenir pour mieux guérir
Connaître à l'avance quels seront les cancers de demain pourrait aider les médecins à les soigner. Difficile tout de même pour eux d’anticiper les vagues de “nouveaux cancers”. Les praticiens peuvent cependant s’appuyer sur quelques outils. L’oncologue Jean Ménard les liste: “On peut s’appuyer sur 3 points différents : le dépistage, la recherche scientifique et le développement des campagnes de prévention. Le dépistage, si tant est qu’il existe un test suffisamment sensible et spécifique, pour une pathologie potentiellement grave, permettrait un traitement adapté et disponible susceptible de guérir le patient. La recherche scientifique dans ce cancer, même si l’assurance de trouver et de développer des médicaments efficaces n’existe pas à 100%. Au demeurant, il pourrait être discuté d’investir plus dans tel ou tel domaine de l’oncologie. Enfin, le développement des campagnes de prévention des facteurs de risque.”
Il existe un avantage à connaître quel sera le prochain cancer très fréquent : on le comprend mieux, ce qui permet de l’analyser, de le décrypter et de l’étudier. “Par exemple pour le cancer du sein, des cartographies génomiques ont été faites pour connaître l’impact d’une mutation génomique sur la réponse à une chimiothérapie et son intérêt. Le lien entre cancer ORL et papillomavirus n’avait pas encore été mis en lumière il y a 30 ans.”
Enfin, “si un cancer est fréquent, la recherche sera alors facilitée. Effectivement les protocoles d’étude de nouveaux médicaments requièrent un nombre de patients prédéfini pour tester l’efficacité de ce médicament. Plus la maladie est fréquente, plus l’inclusion de patients dans ces essais thérapeutiques sera aisée, ce qui donnera de meilleures chances de trouver un médicament efficace”, conclut le docteur Jean Ménard.
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