Environ 250 000 personnes meurent chaque année aux États-Unis dans une salle d’urgence à cause d’un mauvais diagnostic, selon une étude du Département de la Santé et des Services sociaux. Les médecins urgentistes auraient particulièrement de mal à identifier les symptômes des infarctus du myocarde, de la septicémie et de la pneumonie. Cette vaste enquête a été conduite par des chercheurs de l’Université Johns-Hopkins et a été publiée le 15 décembre 2022.
Les femmes et les personnes racisées auraient 20 à 30% de risques en plus d’être mal diagnostiquées
Les scientifiques ont analysé près de 1500 études sur plus de 20 ans provenant de plusieurs zones du monde, comme l’Europe et le Canada. Ils le précisent néanmoins : les erreurs des urgentistes sont rares, mais leurs impacts sont énormes. Les chercheurs estiment qu’environ 7,4 millions d’Américains sont mal diagnostiqués tous les ans. Parmi eux, 370 000 souffriraient de graves complications dues à ces diagnostics erronés.
Ils se sont par ailleurs aperçu que les femmes et les personnes racisées avaient approximativement 20 à 30 % de risques en plus d’être mal diagnostiquées. Par exemple, les femmes victimes d’un infarctus du myocarde ne présentent pas les mêmes symptômes que les hommes et sont davantage susceptibles d’avoir le souffle court, ce qui n’est pas toujours perçu par l'urgentiste comme un signe de crise cardiaque.
Ces données sur les inégalités sociales dans le recours aux soins ne sont pas inédites : elles ont régulièrement été abordées dans plusieurs études en sciences humaines. Toutefois, elles ont le mérite d’être claires : en fonction de qui on est et de ce qu’on représente dans l’imaginaire des soignants, on ne sera pas pris en charge de la même manière aux urgences.
Plus de budget pour l’hôpital !
Leurs résultats soulignent en outre l’importance de s'appesantir les erreurs commises par les médecins pour mieux les comprendre. D’après les auteurs de l’étude, qui précisent qu’ils ne veulent en aucun cas jeter l’opprobre sur les praticiens concernés, une technologie adéquate à leur disposition pourrait leur être d’une grande aide.
Mais pour cela, encore faudrait-il allouer suffisamment de ressources aux médecins urgentistes. “Beaucoup d'argent alloué à la recherche est utilisé pour avancer sur les traitements, c’est un peu plus sexy que les diagnostics”, analyse ironiquement la docteure Susan Marie Peterson, qui a participé à la réalisation de l’enquête.
Selon elle, il faut accorder plus d’importance aux erreurs de diagnostic, d’autant plus quand il s’agit d’une situation grave. Elle souligne cependant qu’au cours de ces dernières années, les médecins sont devenus bien meilleurs dans la détection des infarctus, notamment grâce à des efforts en termes de santé publique : des campagnes de sensibilisation, mais aussi une meilleure collaboration entre les cardiologues et les médecins urgentistes.
Certains médecins ont cependant critiqué l’étude du Département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis. En effet, ses résultats sont basés sur des données médicales issues de plusieurs pays dits “développés”. Les chercheurs ont analysé ces chiffres pour ensuite estimer des taux d’erreurs diagnostiques dans le système de santé américain, d’où la méfiance de plusieurs de leurs confrères. Il n’empêche : aux États-Unis, ces erreurs se chiffrent en millions.
“Diagnostic Errors in the Emergency Department: A Systematic Review”, une étude du Département de la Santé et des Services sociaux
https://effectivehealthcare.ahrq.gov/products/diagnostic-errors-emergency/research
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