Elle raconte avoir toujours voulu se battre pour la cause des femmes. Et pour cause, un bon nombre des textes de Brigitte Fontaine sont des appels à la révolte. "J’ai décidé de me venger, moi et mon sexe. J’ai compris que mon arme serait l’écriture", clame-t-elle face à nos confrères de Télérama.
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Avortement : les étapes d'une IVG médicamenteuseÀ 80 ans, cette icône du rock et de la poésie française se consacre tout autant aux causes féminines. Aujourd’hui, Brigitte Fontaine est l’héroïne de Haut les filles, de François Armanet, documentaire dédié au quotidien des artistes féminines dans l’univers du rock.
Ce n’est pas un hasard si l’octogénaire voue un tel engagement dans l’égalité des sexes. Brigitte Fontaine s’exprime sur "les horreurs" qu’elle a vécues dans les années 50. La jeune femme qu’elle était a subi un viol après avoir avorté clandestinement.
"Le médecin m’a violé après l’avortement"
Arrivée dans la capitale dans les années 1950, Brigitte Fontaine était loin de se douter de ce que l’avenir lui réservait. "A Paris, où je suis venue après le bac pour faire du théâtre, je suis tombée enceinte plusieurs fois. J’ai subi des avortements dans conditions si lamentables que j’ai failli mourir de septicémie". En effet, à l’époque des faits, l’avortement était encore illégal en France. Il faudra attendre la loi de Simone Veil votée en 1975 pour que les femmes puissent être libres et bénéficier de cette pratique médicale en toute transparence.
"Pour le dernier, le travail était impeccable… mais le médecin m’a violé, témoigne encore l’artiste. Atroce. Pendant au moins deux mois, j’en ai perdu le sommeil. Dès que je m’endormais, une décharge électrique me traversait le corps et me réveillait. L’avortement avait été illégal, je ne pouvais pas porter plainte".
Grâce à l’écriture, Brigitte Fontaine parvient à se libérer ce traumatisme. Par ses chansons, elle se rebelle et tente de bousculer l’oppression des femmes.
Les violences obstétriques n’ont pas disparu…
En France, l’avortement est un droit fondamental pour les femmes aujourd’hui. Elles ont donc totale liberté de disposer de leur corps. Un numéro (0800 08 11 11), qui accompagne le site www.ivg.gouv.fr, est mis place pour améliorer l’accès à l’IVG : remboursement à 100 %, revalorisation du forfait IVG dans les établissements de santé, suppression de la condition de détresse pour avorter, extension du délit d’entrave à l’information sur l’IVG, etc. Les femmes y trouveront toutes les informations nécessaires.
Si aujourd’hui l’avortement est légal en France, son accès et les délais de mise en œuvre restent parfois problématiques et les violences obstétriques n’ont pas disparues pour autant. Examens brutaux, paroles déplacées, violences, humiliations... pour certaines femmes, les consultations médicales ont tourné au cauchemar. Ce phénomène a d’ailleurs fait l’objet d’un livre, Le livre noir de la gynécologie de Mélanie Déchalotte (éd. First). Ce dernier, paru en 2017, recense divers témoignages de femmes qui ont subi des violences durant leurs consultations gynécologiques. Les victimes sont plus nombreuses qu’on l’imagine.
Télérama, version papier paru le 9 juillet, 2019
Aide avortement : j’appelle le N° vert 0800 08 11 11, Ivg.gouv