Hyperphagie : 4 conseils pour combattre ce trouble alimentaireAdobe Stock
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L'hyperphagie fait partie des troubles du comportement alimentaire (TCA). “Elle se manifeste sous forme de crises répétées d'orgies alimentaires, sur un laps de temps limité”, définit Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne. “L’absorption de nourriture est très rapide et bien supérieure aux besoins physiologiques de la personne”. D’après le Manuel Merck, cette frénésie alimentaire s’accompagne d’un sentiment de perte de contrôle.

Mais, contrairement à la boulimie, elle n’est pas toujours suivie de comportements compensatoires, comme les vomissements, la prise de laxatifs ou le sport à outrance, par exemple. La prévalence de l’hyperphagie est de 3,5 % chez la femme et de 2 % chez l’homme.

Identifiez les symptômes de l’hyperphagie

Outre la frénésie alimentaire en elle-même, l’hyperphagie boulimique s’accompagne d’un certain nombre de symptômes. Le sentiment de perte de contrôle, évoqué plus haut. Mais aussi la honte, voire le dégoût de soi-même. “Les personnes qui en souffrent culpabilisent et ressentent des symptômes dépressifs”, décrypte la thérapeute. A terme, il y a bien évidemment un risque d’embonpoint, voire d’obésité.

Le diagnostic du trouble hyperphagique repose sur un examen clinique. Plus précisément, le praticien va s’appuyer sur les critères du DSM-5, à savoir :

  • des épisodes récurrents d'orgie alimentaire avec perte de contrôle ;
  • les crises de boulimie sont associées à trois des caractéristiques suivantes (ou plus) :
    • Manger beaucoup plus rapidement que la normale.
    • Manger jusqu’à éprouver une sensation pénible de distension abdominale.
    • Manger de grandes quantités de nourritures en l’absence d’une sensation physique de faim.
    • Manger seul parce que l’on est gêné de la quantité de nourriture que l’on absorbe.
    • Se sentir dégouté de soi-même, déprimé ou très coupable après avoir mangé.
  • Le comportement boulimique entraîne une souffrance psychologique notable.
  • Les crises surviennent au moins une fois par semaine depuis au moins trois mois.
  • Elles ne sont pas associées au recours régulier à des comportements compensatoires inappropriés et ne surviennent pas au cours d’une anorexie mentale ou d’une boulimie.

Hyperphagie : optez pour une prise en charge pluridisciplinaire

“Chez les jeunes de 15 à 24 ans, les troubles du comportement alimentaire représentent la deuxième cause de mortalité prématurée, après les accidents de la route”, rappelle Johanna Rozenblum. “Ce n’est donc pas un sujet à prendre à la légère. Derrière un TCA, il y a beaucoup de souffrance morale et de risque de passage à l’acte suicidaire”. D’où l’importance d’une prise en charge rapide et adaptée.

“Cette prise en charge de l’hyperphagie mérite d’être pluridisciplinaire”, souligne la psychologue clinicienne. “L'objectif est d'aider le patient à surmonter ses compulsions, retrouver confiance en lui et comprendre l'origine du TCA”. Son traitement repose donc sur :

  • une psychothérapie individuelle ou en thérapie de groupe avec un praticien spécialisé ;
  • un suivi avec un psychiatre qui évaluera la souffrance psychique et pourra mettre en place un traitement médicamenteux adapté (antidépresseurs, médicaments stimulants) ;
  • une consultation régulière avec un nutritionniste, qui pourra faire de la pédagogie pour réapprendre les bonnes habitudes alimentaires ;
  • la pratique d’un sport, après avoir fait un bilan avec son médecin traitant.

Au besoin, des médicaments visant à faire perdre du poids ou des suppresseurs d’appétit peuvent être prescrits par le médecin traitant ou le médecin nutritionniste, afin d’aider la personne à maigrir. Ils sont indiqués en cas de surpoids important avec une comorbidité (hypertension, diabète de type 2 ou la dyslipidémie) ou d’obésité.

Hyperphagie : “ne restez pas seul avec ce malaise”

Le conseil principal de Johanna Rozenblum envers les patients qui souffrent d’hyperphagie est de “ne pas rester seul avec ce malaise”. Elle rappelle que les TCA touchent plus de 900.000 jeunes en France, dont seuls 50 % bénéficient d'une prise en charge adaptée. Or, “plus le diagnostic est posé tôt, plus les soins apportent des résultats”. Il est donc important d’en parler, à son entourage si l’on en ressent le besoin, mais aussi (et surtout) à un professionnel de santé, qui pourra mettre en place un traitement.

Misez sur la thérapie cognitivo-comportementale

Parmi les suivis psychologiques possibles, la thérapie cognitive et comportementale peut aider à contrôler la frénésie alimentaire sur le long terme ; il peut donc être intéressant de se tourner vers cette méthode. Celle-ci fournit plusieurs outils pratiques, comme par exemple la restructuration cognitive, qui consiste à “identifier les pensées négatives et fausses et à les remplacer par des pensées alternatives plus réalistes et utiles”, selon l’Institut Pi|Psy.

Apprenez à écouter votre corps

Notez toutefois que les thérapies n’ont que peu d’effets sur le poids corporel, et doivent donc être accompagnées par des mesures diététiques, si l’hyperphagie a entraîné un excès de poids. Mais attention à ne pas tomber dans le piège des restrictions alimentaires et dans une relation nocive avec la balance. Exit la pesée quotidienne : mieux vaut se détacher de cet outil de mesure et viser un poids de forme, dans lequel on se sent bien, avec l’aide d’un professionnel de santé (nutritionniste ou diététicien).

Reconnectez avec la sensation de faim et la satiété

Il est également important de se reconnecter avec les sensations de faim et de satiété, mises à mal par les crises de boulimie. Avant chaque repas, évaluez votre niveau de faim sur une échelle de 0 à 10. Prenez le temps de bien mâcher, en reposant vos couverts entre chaque bouchée, et ne vous forcez pas à finir votre assiette si vous n’avez plus faim. A la fin du repas, évaluez cette fois-ci votre niveau de satiété. Au fil du temps, vous apprendrez à reconnaître plus facilement les signaux envoyés par votre estomac.

Sources

Merci à Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne. 

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16815322/ 

https://www.merckmanuals.com/fr-ca/accueil/troubles-mentaux/troubles-des-conduites-alimentaires/trouble-hyperphagie-boulimique 

https://cliniquebaca.com/troubles-alimentaires/hyperphagie/ 

https://www.cliniquepta.com/lhyperphagie-comprendre-sen-sortir-2/ 

https://pi-psy.org/encyclopedie/restructuration-cognitives/ 

https://www.journaldemontreal.com/2021/03/28/7-astuces-pour-combattre-lhyperphagie-boulimique 

https://www.ifemdr.fr/les-troubles-des-conduites-alimentaires-dans-le-dsm-v/ 

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mots-clés : boulimie, dépression
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