Les liaisons dangereuses, Les diaboliques, Gone Girl avec Ben Affleck, Mon roi avec Vincent Cassel ou encore plus récemment Nightmare Alley avec Bradley Cooper… les manipulateurs et manipulatrices ont souvent été en tête d'affiche au cinéma. Il faut dire que leurs stratagèmes sont si insidieux que leurs victimes réalisent souvent trop tard qu’elles sont tombées dans leurs filets. Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne, décrypte avec Medisite les différentes phases de la manipulation.
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Il est difficile d’identifier un manipulateur dès la première rencontre. En société, ce dernier dissimule sa personnalité sous des traits des plus charmants. Mais attention, il sait aussi détruire les individus qu’il rencontre par quelques mots bien choisis. Les mécanismes utilisés pour prendre le contrôle sont bien connus. En effet, pour pouvoir contrôler quelqu'un, il y a deux étapes incontournables.
En premier lieu, il y a la période de séduction. "La personne manipulatrice entame ce que l'on appelle une "lune de miel". L'objectif est de s'installer dans la posture du sachant, du protecteur, du guide. Le manipulateur se montre sous son meilleur jour, celui qui satisfait nos désirs, comprend nos attentes, nos besoins", explique notre experte Johanna Rozenblum.
Une fois sa cible sous le charme, une bascule se fait insidieusement vers l'étape de mise sous emprise.
"Pendant cette seconde phase, le manipulateur - grâce à un discours bien rodé et fort de sa posture - va commencer à critiquer, humilier, dénigrer. L'objectif est la perte de confiance totale pour la victime et l’amener à croire qu’il est la seule personne qui sache réellement ce qui est bon pour nous", poursuit la psychologue.
À partir de là, tous les mécanismes de la manipulation sont possibles, la "proie" ne parvient plus à réfléchir par elle-même. Le manipulateur obtient alors ce qu’il désire vraiment : dépendance affective, promotion, argent…
Cette “prise de contrôle” peut se faire très rapidement. "En quelques mois une personne peut se faire manipuler. Cependant, il existe des facteurs de vulnérabilité qui rendent la mise sous emprise possible", confirme Johanna Rozenblum.
Manipulation mentale : les éléments qui pourraient vous rendre vulnérable
Outre avoir la capacité de se montrer sous leur meilleur jour quand elles sont entourées, les personnalités manipulatrices savent aussi identifier les individus les plus fragiles face à leurs discours et leurs manœuvres psychologiques.
"Les personnes dépendantes affectives, ayant une faible estime de soi ou traversant une période difficile qui les rend vulnérables (deuil, difficultés professionnelles, problèmes familiaux...) ont plus de risque de devenir des proies pour les manipulateurs", alerte la psychologue Johanna Rozenblum.
"Il n'est pas rare de retrouver des victimes de manipulateurs parler d’un besoin de reconnaissances, d'affection, de statut dans le sens d'exister pour quelqu'un. Au début de la rencontre, elles parlent souvent de cette place qu'elles ont pu trouver et qui leur faisait (du moins dans les premiers temps) retrouver une forme de confiance en soi, de valeur. C'est là, où est toute la perversion, faire croire que l'autre a de l'importance pour mieux le démolir", conclut-elle.
Manipulateur : comment le reconnaître ?
Le manipulateur sait parfaitement manier les mots. C’est par leur biais qu’il séduit sa victime, mais également qu’il détruit sa volonté et son estime de soi. Plusieurs phrases types permettent de détecter leur dessein, surtout si elles sont prononcées quotidiennement. En voici quelques exemples :
- "Tu aurais pu faire un petit effort, non ?"
- "Je pensais que tu pouvais gérer ça, mais apparemment non !"
- "À cause de toi je n'arrive pas à atteindre mes objectifs !"
- "Tu ne comprends rien", "tu es trop sensible."
- "Tu ne fais pas assez attention à toi"...
"Tout ce qui blesse ou initie le doute et qui a vocation à faire perdre tout libre-arbitre et confiance en soi", résume la psychologue Johanna Rozenblum.
Par ailleurs, les manipulateurs souffrent d'un défaut d'empathie majeur. “Ils ne sont pas atteints par la peine qu'il génère chez l'autre, ce qui les rend particulièrement imperméables à la remise en question”.
"Ce ne sont pas des personnalités que l'on retrouve en consultation, car l'élaboration, le travail de conscientisation des mécanismes psychiques ou encore l'autocritique n'est pas accessible à la pensée. Dans ce contexte, il y a peu de chance de voir changer radicalement une personne manipulatrice, d'autant plus si les mécanismes sont en place depuis le plus jeune âge et l'héritage d'une éducation dysfonctionnelle, voire toxique", prévient la psychologue.
Pour sortir de ses griffes, la mise à distance reste ainsi la meilleure des solutions. "Si c'est impossible de s’éloigner par exemple avec un collègue ou un patron, il faudra idéalement se protéger en donnant un minimum d'informations personnelles, empêchant ainsi de fournir des éléments qui pourraient être utilisés contre nous (difficultés familiales, émotivité, doute concernant nos facultés au travail...)", met en garde l’experte.
Merci à la psychologue Johanna Rozenblum.
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