On entend souvent le terme de « passif-agressif » mais que signifie-t-il quand il est associé aux comportements, à la personnalité d’un individu ? Initialement, ce terme a été inventé par un psychiatre américain durant la Seconde Guerre mondiale. Et cela suite à l’observation de soldats qui refusaient passivement d’obéir aux ordres. Ils ne manifestaient ni colère ni mots durs, mais procrastinaient, étaient démotivés ou inefficaces… C’était leur façon d’exprimer leur mécontentement vis-à-vis des ordres reçus. Il s’agissait là d’une insoumission masquée. Ces actes ont d’abord été répertoriés comme un trouble de la personnalité dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM). Mais il a été retiré en 1994 par manque de précision.
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Vous avez peut-être croisé ce genre de comportements en famille, au travail, en amour ou en amitié… Ceux-ci étant de véritables freins aux liens sociaux qui peuvent être établis. En action, le passif-agressif dit « oui » mais pense « non ». Difficile alors de savoir comment agir en ces circonstances. Chez les interlocuteurs en résultent de la colère et de l’incompréhension : "pourquoi m’a-t-il dit qu’il m’aiderait s’il ne le souhaitait pas ?".
À ce comportement agressif s’ajoute généralement le déni. Les personnes concernées ne se rendent pas toujours comptent de ce qu’on leur reproche. S’ensuivent logiquement les mensonges et la victimisation. Certaines personnes atteintes de ce trouble se sentent persécutées et critiquent beaucoup leur entourage. Enfin, ces individus ont généralement une tendance naturelle à résister aux changements.
Ce comportement viendrait de blessures subies pendant l’enfance. Un parent tyrannique, un deuil, de trop grosses responsabilités… autant de causes apparemment responsables de ce genre de personnalité une fois arrivé à l’âge adulte. Il s’agit en quelque sorte d’un mécanisme de défense envers ceux que le sujet considère comme agressif ou comme une figure d’autorité.
La psychologue Delphine Wellers précise cependant : "dans ma pratique, je considère l’existence de l’inconscient et sa dimension majoritairement insaisissable. Le terme passif-agressif s’inscrit plutôt dans un comportement, en réaction au lien à l’autre et l’historique conflictuel souvent inconscient autour des non-dits plutôt qu’à une catégorie nosographique (ndlr : classification analytique des différentes maladies en fonction de leur genre, espèce ou encore de leurs caractéristiques) quelconque. C’est pour cela que je pense qu’il est très difficile de saisir la dimension inconsciente de ce conflit, violent pour le conscient. Ce genre de situation nous met très vite face aux limites de notre compréhension de la situation, réinterprétée en quelque chose de plus tolérable pour chaque personne."
Les individus dotés de cette personnalité ne sont pas pour autant des murs fermés à toute communication, il est possible de ne pas envenimer certaines situations, même si le comportement du passif-agressif est inconscient.
Comment réagir pour ne pas envenimer la situation ?
Le maître mot pour ne pas envenimer un dialogue avec une personne passive agressive est l’assertivité. À mi-chemin entre l’agressivité et la passivité, l’assertif va exprimer ses pensées et ses sentiments de manière honnête et directe tout en restant correct. Ce mode d’action demande bien sûr de respecter les pensées et croyances de l’autre tout en réussissant à exprimer les siennes, sacré exercice !
Si vous sentez poindre une once d’un comportement passif-agressif, demandez à votre interlocuteur ce qui lui arrive, pourquoi il réagit de cette manière. Vous garderez ainsi votre calme tout en pouvant discuter avec la personne en face de vous. En sachant très précisément ce qui se trame dans la tête de l’autre, il est plus simple de résoudre un conflit qui peut au contraire rester non-dit et sous-jacent à une relation qu’elle soit amoureuse, professionnelle ou amicale. En règle générale, réussir à faire parler les individus vous donne des clés pour résoudre des conflits avant même qu’ils n’éclatent. Peut-être aussi que, grâce à vous, une personne avec ce genre de comportement peut découvrir d’autres manières de gérer sa colère ou sa tristesse.
Évitez également d’accumuler les rancœurs. Ne faites pas une liste de toutes les remarques qui vous ont blessé pour les ressortir un beau jour quand le vase est plein. Il est alors important de se concentrer sur le moment présent et sur la remarque qui vous a fait du mal à l’instant T. En effet une liste de reproches peut avoir pour effet de bloquer totalement la communication et braquer la personne à qui vous vous adressez. Expliquez ce que vous ressentez, pourquoi vous vous sentez blessé.
En ce sens, si réagir "correctement" ne fonctionne pas ou ne fonctionne plus, il vous reste à vous protéger pour que ce genre de comportement n’affecte pas votre humeur ou votre santé mentale.
Se protéger face à ce genre de personnalité ?
Parfois, il s’avère que la communication est rompue. Aucun dialogue possible, vous subissez de plein fouet les pics et autres agressivités de ces personnes. Vous connaissez certainement des adeptes du "Je trouve ton maquillage hyper provoquant et pas adapté" suivi d’un "non je rigole" ? Il est alors important de vous protéger tout en restant ferme. Bien sûr ce genre de remarques désobligeantes vous blessent, il est préférable de ne pas réagir de manière impulsive. N’hésitez pas à faire remarquer à votre interlocuteur qu’il a dépassé les limites, sans pour autant réagir avec émotion. L’objectif ici est de montrer à l’autre que ce genre de remarques ne vous atteint pas, que son emprise n’a pas d’impact sur vous. La personne en face va sûrement s’excuser et passer à autre chose sans en tenir compte.
Pour garder son calme face à un passif / agressif, rien de mieux que de couper court à la situation. Parfois, si ces remarques ou comportements désobligeants sont trop fréquents, il n’existe pas d’autres alternatives que de couper les ponts avec les personnes de ce type. En effet, la personne concernée doit prendre conscience de ses agissements, même s’ils sont généralement faits de manière inconsciente. Il faut réussir à lui faire comprendre que le tort vient de lui pour ne pas toujours penser que c’est l’autre, le fautif. Et pour cela, vous ne pouvez rien, il faut que la démarche vienne d’elle. Si elle se rend compte du "problème" l’aide d’un spécialiste n’est pas de trop pour se défaire de ces schémas destructeurs.
Remerciement à la psychologue Delphine Wellers
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